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Lovren, le Croate et la bannière
Revenu à Lyon dix ans après en être parti, Dejan Lovren remplit parfaitement son rôle et a contribué à solidifier une défense friable. Un pari loin d'être gagné d'avance.
De retour au Parc des Princes ce dimanche quasiment sept ans après avoir été remercié par le club de la capitale, Laurent Blanc sait que cette fois, il n’endossera pas le costume de favori porte de Saint-Cloud. Arracher le nul serait déjà une belle performance pour l’OL et le Cévenol. Depuis qu’il s’est assis sur le banc rhodanien, le technicien français peut compter le nombre de valeurs sûres de son équipe sur les doigts de sa main droite : Alexandre Lacazette, Anthony Lopes, Maxence Caqueret depuis quelques semaines, et surtout Dejan Lovren. Dix ans après avoir quitté Gerland et Tola Vologe pour Southampton, le défenseur croate a posé, cet hiver, ses valises au confluent du Rhône et de la Saône. En trois mois, l’ancien de Liverpool a réussi à solidifier une défense juvénile, jusque-là très friable, et s’avère une véritable bonne pioche pour l’OL.
De la fausse bonne idée à la stabilité
Pourtant, sur le papier, ce retour ne partait pas sous les meilleurs auspices. Déjà parce que la politique des come-back lancée l’été dernier par l’OL frôlait alors le caricatural, mais aussi à cause de son âge (33 ans) et parce qu’il a débarqué avec une polémique dans les bagages. Lors d’une soirée avec la sélection croate, pour fêter la médaille de bronze glanée à la dernière Coupe du monde, Lovren a été filmé en train d’entonner un chant considéré comme nationaliste, si ce n’est plus. Il n’avait pas encore chaussé les crampons qu’il faisait déjà parler de lui. « Son chant ? C’est un chant nationaliste de son pays. Pour le reste, je ne peux pas parler à sa place. Moi, j’ai vu la chose qu’il pouvait amener au club, c’est une bonne recrue », expliquait Laurent Blanc le 5 janvier en conférence de presse. Le lendemain, l’intéressé se défendait sur Instagram : « Je n’ai rien à voir ni avec le fascisme ni avec toute autre mouvance extrémiste. Je ne supporte aucun mouvement de ce genre. »
Semi-final ✅💪🏼 @OL pic.twitter.com/ik5wEDqJE6
— Dejan Lovren (@Dejan06Lovren) March 1, 2023
Si la tentative de défense morale de Laurent Blanc est discutable, le Président ne s’est pas trompé sur une chose : « Comme joueur, c’est une bonne recrue. Il n’y a qu’à voir sa carrière. Lovren remplissait ce qu’on recherchait. » Alors qu’il ne cesse de souligner la jeunesse de son groupe et d’exprimer son désir de recrues expérimentées, force est de constater que Blanc a vu juste, et le vécu du Croate a remis la défense lyonnaise sur de meilleurs rails. Sur les 17 premières journées de championnat, soit avant l’arrivée de Lovren, les Gones n’ont su préserver leur cage inviolée qu’à deux reprises (contre Angers et Lille). Depuis qu’il a pris place au sein de la charnière, l’OL a livré quatre clean sheets sur ses onze dernières rencontres en Ligue 1. Les Lyonnais concèdent aussi moins de buts, puisque la moyenne a chuté de 1,24 pion encaissé par match, à un but tout pile depuis sa première sortie, contre Nantes. « Quand vous avez une charnière de 19-20 ans, c’est normal de sentir que ce serait mieux d’avoir quelqu’un avec un peu plus d’expérience », confirmait l’entraîneur en février.
« Je pense que c’est une bonne pioche pour le club parce qu’il a stabilisé la défense. Il a apporté son expérience à des joueurs qui sont encore très jeunes défensivement. C’est une très bonne recrue », estime Maxime Gonalons, qui l’a connu lors de son premier passage au club. Un statut de cadre rapidement embrassé par Lovren : « Je suis là pour aider l’équipe. Je serai un leader avec Corentin Tolisso, Alexandre Lacazette et Anthony Lopes. Ils ont beaucoup d’expérience, et je ne suis pas seul ici. » D’autant plus que le Croate n’est pas du genre à s’imposer timidement dans un vestiaire, mais plutôt enclin à monter au créneau quand ça va mal, comme après la défaite à Auxerre (2-1) : « La deuxième mi-temps, c’est inacceptable. On n’a pas montré de caractère. Ça ne suffit pas… On a pensé qu’Auxerre allait nous laisser gagner, mais on est bête de penser cela. On a besoin de travailler plus, de plus parler, on n’a pas cette constance », fustigeait-il au micro de Prime Video.
Sur la pelouse, il a guidé successivement Sinaly Diomandé, puis Castello Lukeba, puis les deux en simultané. « Il me dirige beaucoup, il communique. C’est un garçon de caractère et jouer à côté de lui, c’est quelque chose de bien. J’apprends aussi beaucoup avec lui », confiait Diomandé à olympique-et-lyonnais.com après le nul face à Brest (0-0). La communication, un des points forts de Lovren, se souvient José Fonte, son partenaire en défense centrale lors de sa saison à Southampton : « Comme capitaine, j’étais très content de l’avoir à mes côtés parce qu’il aime parler et communiquer. » Le problème, c’est qu’il aime bien gagner aussi, ce qui semble un peu plus compliqué à Lyon en ce moment, alors qu’il était encore au club lors du dernier titre de l’OL, le Trophée des champions 2012, soulevé à New York. Une autre époque, assurément.
Par Léo Tourbe
Propos de MG et JF recueillis par LT.