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Oh quelle année, cette année-là
Vingt ans d’une douce carrière dans l’Hexagone avec une saison volcanique en plein milieu. Passé par Lorient, Rennes, Nantes ou encore Bastia, le tranquille Jocelyn Gourvennec a connu en 1998-1999 une saison complètement folle avec l’OM. Un exercice riche en émotions lors duquel il aurait pu briller un peu plus. Parole de Rolland Courbis.
Jocelyn Gourvennec, c’est la D1 des nineties. Celle du Jour de foot de Thierry Gilardi puis Philippe Bruet. Celle qui rend nostalgique. Jocelyn Gourvennec, c’est une coupe de cheveux, une gueule, une allure, mais surtout une carrière. Celle, bien menée, qui impose le respect. Formé à Lorient, passé par Rennes, Nantes, Montpellier ou encore Bastia, le Breton a le CV qui parle pour lui. Et si, par amour du calme, sa vie de joueur a pu manquer de goût, l’Olympique de Marseille lui a passé le sel. C’est l’été 1998, la France vient d’en passer trois au Brésil, et, du côté de la cité phocéenne, Rolland Courbis est l’heureux entraîneur de trois champions du monde : Laurent Blanc, Robert Pirès et Christophe Dugarry. Pas assez pour le rassasier. « On sort d’une saison correcte où on est quatrièmes de D1 et Jocelyn sort d’une belle saison à Nantes, se rappelle l’ancien coach de l’OM. Cet été-là, c’est assez simple : je le veux parce qu’il est super bon. » Meilleur buteur du FCNA avec treize buts toutes compétitions confondues en 1997-1998, Gourvennec vient effectivement d’enquiller trois saisons de qualité chez les Canaris avec des buts, du jeu et une demi-finale de Ligue des champions face à la Juventus en 1996. Suffisant pour faire le grand saut qui, à défaut d’être une réussite sportive complète, laissera au natif de Brest des souvenirs pour une vie.
Un condensé d’OM
Des souvenirs, donc des regrets. Même chez Rolland Courbis : « Son année marseillaise ? Elle a été moyenne et croyez-moi, ce que je dis n’a strictement rien à voir avec ses qualités de joueur. Simplement, déjà que c’est compliqué d’arriver dans un nouveau club, arriver à l’Olympique de Marseille rend la chose encore plus difficile. C’est passionnant, mais dur. » Encore plus quand un homme discret arrive dans un effectif de qualité : « La principale difficulté pour Jocelyn, c’est d’arriver en tant que meneur de jeu dans un effectif où, sur le plan offensif, il y a Christophe Dugarry, Fabrizio Ravanelli ou Robert Pirès, que je voulais faire jouer meneur de jeu… Moi, Jocelyn, je le prends parce que j’ai besoin de six joueurs de haut niveau sur ces postes-là sachant que l’on joue la gagne sur quatre tableaux différents cette année-là. » Et quelle année ! Celle du centenaire du club, déjà, du mythique maillot doré frappé du Ericsson en faux velours. Celle qui prend une tournure dingue dès le 22 août, lors de la troisième journée de D1, avec le 5-4 face à Montpellier. Un match qui résume assez bien le passage de l’entraîneur de Bordeaux à l’OM : utile malgré lui. Oui, Jocelyn est l’homme qui, mené 4-0 à la pause, a cédé sa place à Titi Camara pour la remontada. 1998-1999, c’est aussi la qualifibaston à Bologne, la soirée du 4 mai au Parc des Princes quand Courbis sort Duga et où l’OM prend 2-1 au buzzer, la double défaite contre Lens en Coupe de France et en Coupe de la Ligue, soir où Bruno Derrien a décidé de refuser un tir au but d’Éric Roy. Cet exercice, c’est enfin le titre qui passe sous le nez de Jocelyn au profit de son club actuel : Bordeaux. Ça doit être ça, la fastlife.
Les regrets de Courbis
Ce cours accéléré de l’histoire de l’Olympique de Marseille, Jocelyn Gourvennec a quand même pu en profiter. Au total, il participe à vingt-neuf des quarante-huit matchs de la saison et trouve le moyen de caler cinq buts en quinze titularisations, soit un de plus que Christophe Dugarry. Pas assez pour Rolland Courbis, qui sait que la donne aurait pu être différente : « Ça a été moyen dans l’intégration, car j’avais dans la tête l’idée que quatre joueurs étaient un peu plus importants : Duga, Flo Maurice, Ravanelli et Pirès. » Sans compter les minutes de Titi Camara et celles, moins remarquées, d’Arthur Moses. Des circonstances atténuantes, donc, pour l’ancien coach de Jocelyn Gourvennec : « Finalement, cette saison de Jocelyn, elle est moyenne, car elle n’a rien à voir avec ses qualités de joueur. Jocelyn a fait une saison correcte. En revanche, ce que j’aurais aimé, c’est le voir la saison d’après. Il aurait été mieux intégré et aurait pu exploser dans un rôle de 10 en cas de départ, avec Pirès côté gauche, comme à Metz. Cette saison-là ne change pas le niveau qu’il avait en tant que joueur. » En revanche, elle a probablement changé sa vie.
Par Swann Borsellino