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Ødegaard la pêche
Martin Ødegaard a été aperçu la semaine dernière au Roazhon Park, relançant ainsi tous les fantasmes de l'été dernier à propos de son arrivée à Rennes. Et cet hiver, les blocages qui ont empêché son parachutage il y a six mois se seront presque tous envolés.
Le dimanche 4 décembre, Rennes s’impose 2-0 face à Saint-Étienne. Ces trois points permettent aux Rennais de passer de la sixième à la quatrième place du classement, mais surtout, le Stade rennais accueille alors en tribunes un supporter un peu particulier. Un joueur censé être « bientôt rennais » depuis l’été dernier, dont la présence au Roazhon Park sous-entend fortement une arrivée cet hiver, et qui risque de devenir une des attractions de la Ligue 1 si le deal se fait : Martin Ødegaard.
Oui, le jeune Norvégien arrivé au Real Madrid à seize ans et un mois, après avoir été scruté et dragué par le Bayern ou Arsenal, arpente les travées du Roazhon Park avec son conseiller de père sans se cacher des photographes. Ce stade, on dit que Ødegaard aurait déjà dû l’animer depuis la rentrée, et que son prêt à Rennes cet été a capoté au dernier moment à cause de l’âge du joueur. Un point de règlement un peu obscur de la FIFA sur les joueurs de moins de dix-huit ans, et c’est tout le château de cartes qui s’était écroulé. Mais six mois plus tard, Rennes a toujours les crocs vissés sur le joueur et l’intéressé a besoin de temps de jeu de façon vitale.
Il venait d’avoir dix-huit ans
Mikaël Silvestre, chargé de mission auprès du président du Stade rennais, s’en était déjà plaint fin août sur RMC : « Martin ne va pas nous rejoindre cet été en raison de son âge. Il est toujours mineur. Le Real Madrid ne voulait pas prendre de risques, vu que le club est toujours sous la menace d’une suspension de la FIFA, qui n’a pas été réglée en appel. Il va rester au Real Madrid. » Mais début novembre, le même Mikaël Silvestre continuait de mordre le mollet du Norvégien, et n’avait pas lâché l’affaire : « Le dossier n’est pas abandonné. On verra en janvier où se situer, et où lui se situe avec le Real Madrid. » Car dans quatre jours, le 17 décembre, le petit Martin deviendra grand et soufflera ses dix-huit bougies, faisant ainsi sauter les derniers verrous qui empêchaient son prêt.
Débarqué en janvier 2015 de son club norvégien sans que l’on sache s’il était un vrai prodige ou non, Ødegaard avait vite été couvé. Carlo Ancelotti avait été le premier à prendre des pincettes, déclarant à sa signature : « Il a un grand avenir, mais c’est difficile de penser qu’il sera titulaire dès maintenant. Il est très jeune, nous devons être patients avec lui. Nous sommes tous convaincus qu’il jouera et sera un joueur important pour le Real Madrid. » Car jusqu’alors, Ødegaard avait montré qu’il savait remplir ses compilations YouTube et être une machine à records – plus jeune joueur à jouer et marquer dans le championnat norvégien, puis en équipe de Norvège, puis à jouer un match qualificatif pour l’Euro –, mais pas qu’il était prêt pour le très haut niveau.
Pas roi de Castille
Tout jeune et tout inattendu qu’il était, Ødegaard n’en arrivait pas moins à Madrid avec des prétentions. Dans son contrat, il avait obtenu de s’entraîner au moins quatre fois par semaine avec l’équipe A, même s’il jouait avec la Castilla. Mais au bout de quelques mois seulement, Zidane – alors entraîneur de ladite Castilla – en a marre de voir Ødegaard se focaliser sur les entraînements avec les stars, ne venir s’entraîner avec la réserve que les veilles de match, et en plus être moyen lorsqu’il joue avec celle-ci. Alors en avril, Zizou le punit et le scotche sur le banc. Réputé pour être un joueur altruiste mettant sa technique au service du collectif, le Norvégien se révèle être un individualiste forcené qui a laissé son efficacité et son sens du jeu derrière lui. En Liga, il ne fera qu’une apparition en mai 2015, à la fin d’un match contre Getafe, en remplaçant Ronaldo qui avait déjà mis un triplé et assuré la victoire aux Merengues.
Il ne fêtera sa deuxième apparition chez les grands qu’en novembre 2016 lors d’un match de Coupe du Roi, et reste sur un bilan famélique de cinq buts en soixante matchs avec la Castilla. Après le match, Zidane – qui l’a pourtant inscrit parmi les joueurs qualifiés pour la Ligue des champions – le jugeait toujours trop tendre et pas assez physique pour la fosse aux lions, et ne cachait même pas ses envies d’aller le voir s’endurcir ailleurs : « Maintenant, il est majeur, il joue bien, il a beaucoup évolué et peut-être que ce serait une bonne option pour lui de partir cet hiver. » Quid du joueur lui-même ? Interrogé sur le sujet par un média norvégien, il jouait toujours la carte de l’ambition : « Un départ en janvier ? Je ne veux pas spéculer. Comme je l’ai déjà dit, je veux jouer à un niveau supérieur à celui de l’équipe réserve. » Et comme personne n’a jamais prouvé que le Stade rennais était moins fort que la Castilla…
Par Alexandre Doskov