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Ochoa, M’Bolhi, Navas, Howard : avant la gloire, la lose

Par Nicolas Jucha
5 minutes
Ochoa, M’Bolhi, Navas, Howard : avant la gloire, la lose

Ochoa, M'Bolhi, Navas, Howard. Quatre gardiens qui ont crevé l'écran durant le Mondial, notamment en huitièmes de finale. Si ces héros du moment attirent la lumière ces derniers jours, ils ont chacun à leur manière connu leurs épisodes de galère et de solitude...

* Guillermo Ochoa et le barbecue maudit

Face au Brésil (0-0), Guillermo Ochoa s’est fait un nom à l’échelle mondiale en écœurant Neymar et sa bande, ce qui lui a valu d’être représenté en Christ Rédempteur ou affublé de six doigts sur Twitter à la fin du match. Au pays, celui qui a été lancé en Première Division à 17 ans par Leo Beenhakker n’a pourtant jamais été incontournable : en 2010, il vit le Mondial depuis le banc, une décision appuyée par Antonio Carbajal, plus grand gardien mexicain de l’histoire, qui lui reproche sa faiblesse sur les frappes de loin et les sorties aériennes. Aujourd’hui, sa carrière est au sommet, mais aurait pu tomber dans les abîmes en juin 2011. Alors en pleine Gold Cup avec la sélection mexicaine, Ochoa et quatre autres joueurs sont contrôlés positifs au clenbutérol, produit dont la vocation est de stimuler la fonction pulmonaire. La thèse de la défense est simple : les cinq joueurs ont consommé involontairement de la viande contaminée. Deux mois plus tard, le portier mexicain et ses quatre collègues sont blanchis, mais le mal est fait : « Les premiers résultats ont été annoncés en mai 2011, juste avant l’ouverture officielle du marché des transferts » , se souvient Ochoa, alors pressenti dans plusieurs grands clubs d’Europe dont le PSG, qui finalement se rabat sur Salvatore Sirigu. Bien qu’en fin de contrat à l’América, le gardien voit ses prétendants se sauver un à un : « On était sous la menace d’une suspension d’un à deux ans. Il a fallu deux mois pour nous disculper, le temps pour toutes les négociations et contacts de s’envoler. » Une seule équipe ne tourne pas le dos à Ochoa, l’AC Ajaccio. Trois ans plus tard, le dernier rempart mexicain est de nouveau en fin de contrat et sa cote n’a jamais été aussi élevée. Gageons qu’il se passera de viande jusqu’à la signature de son prochain contrat.

Propos de Guillermo Ochoa tiré d’un article du Guardian

* Raïs M’Bolhi, le globe-trotter

Tous les Algériens vous le diront, le meilleur gardien de la Coupe du monde s’appelle Raïs M’Bolhi. Et le meilleur gardien du monde ? Raïs M’Bolhi aussi. Sauf que l’intéressé, qui a tenu la comparaison avec Manuel Neuer et multiplié les arrêts au Brésil, évolue au CSKA Sofia depuis 2013. Reste à savoir où se situe l’anomalie dans la carrière de l’ancien international U17 français. Après des débuts au RC Paris, puis une formation de quatre ans à l’OM, le parcours de M’Bolhi ressemble plus au concept de Rendez-vous en terre inconnue qu’à une trajectoire de footballeur professionnel : Écosse (Heart of Midlothian), Grèce (Ethnikos, Panetolikos), Japon (FC Ryukyu), Russie (Krylia Sovetov) ou encore Bulgarie (Slavia et CSKA Sofia), le Raïs se paie un tour du monde et se pose rarement plus d’un an au même endroit. S’il a du mal à briller en club, M’Bolhi se transforme lorsqu’il revêt la tunique algérienne, comme lors du Mondial 2010 où il s’impose comme titulaire lors des deux derniers matchs. Pour 2014, il n’était pas écrit dans le marbre qu’il serait le dernier rempart des Fennecs : dans un entretien pour le quotidien sportif algérien Maracanã, l’ancien portier algérien Lounès Gaouaoui estimait que le poste de titulaire était en balance entre M’Bolhi et Zemamouche. L’Algérie aurait donc deux génies dans ses bois ? Pas forcément, il faudrait plutôt considérer M’Bolhi comme un talent brut pouvant facilement partir en vrille, à l’image de son expulsion en mars dernier lors d’un match de championnat bulgare durant lequel il a jeté le ballon sur le crâne de Larsen Touré. Son talent n’a jamais été un secret pourtant : en 2010, il avait été mis à l’essai par Manchester United qui avait finalement jeté son dévolu sur le Danois Anders Lindegaard…

* Tim Howard, entre Fabien Barthez et Roy Carroll

Impérial devant la Belgique, Tim Howard est d’autant plus louable qu’il réalise sa carrière avec un syndrome de la Tourette comme compagnon de route. Malade depuis ses six ans, l’actuel gardien d’Everton a fait du sport un exutoire. Accueilli avec sarcasmes par la presse britannique lorsqu’il débarque à Manchester United en 2003, l’Américain n’en met pas moins Fabien Barthez sur la touche. Mais la belle histoire à Manchester prend du plomb dans l’aile en 2004, lors d’un match retour de Ligue des champions contre le FC Porto. Alors que Man United mène 1-0 et tient sa qualification en vertu du but marqué à l’extérieur, Howard manque une prise de balle qui mène à l’égalisation de Costinha. 1-1 et qualification du FC Porto de José Mourinho, futur vainqueur de l’épreuve. La suite pour Tim Howard, c’est la concurrence de Roy Carroll puis celle, trop forte, d’Edwin van der Sar, et aucune reconnaissance de la part de Mourinho dans la conquête de sa première Ligue des champions…

* Keylor Navas, le martyr du Nou Camp

Keylor Navas sort d’une saison grandiose avec Levante, est titulaire depuis 2008 dans la sélection du Costa Rica, et compte à son palmarès sept titres majeurs dans son pays natal ainsi qu’une coupe Concacaf 2009. Pilier de l’équipe surprise du Mondial, il est aujourd’hui pisté par les plus grands d’Europe dont le Real Madrid, qui pourrait faire de lui son titulaire dans les buts. Et pourtant, la saison de Navas avait débuté sous les pires auspices avec une déroute 7-0 sur la pelouse du Nou Camp : 6 buts en une seule mi-temps dont un ballon entre les jambes de Xavi, un septième but pathétique sur une passe en retrait ratée… Le gardien du Costa Rica aurait pu être traumatisé à vie, mais sa foi l’a sauvé : avant chaque match, il prie avec ferveur et demande à Dieu de lui adjoindre deux anges afin de l’aider dans son labeur. Nul doute que depuis la déroute du Camp Nou, il en met un à chaque poteau et n’hésite pas à leur demander de sortir quelques parades salvatrices.

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Par Nicolas Jucha

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