- Ligue 1
- J7
- Marseille-Toulouse (2-0)
Ocampos et la hargne utile
L'OM a été très convaincant face à Toulouse, notamment grâce à son énigme argentine : le guerrier Ocampos.
On joue la 61e minute. Lucas Ocampos s’arrête enfin de courir pour la deuxième fois en plus d’une heure de jeu. Juste l’espace d’un instant. Juste pour profiter un peu. La première fois qu’il avait stoppé son effort, c’était il y a trente minutes pour lever les bras au ciel, allongé sur le dos quand Florian Thauvin ouvrait le score après une passe décisive involontaire de l’Argentin. Cette fois-ci, c’est pour célébrer le but du 2-0 qu’il souffle enfin quelques secondes. Sur un corner encore une fois parfaitement tiré par Dimitri Payet, il vient de pousser le ballon au fond de filets du genou, là aussi sans vraiment le faire exprès. Pour un but contre Toulouse lors de la septième journée de Ligue 1, il a quasiment les larmes aux yeux. Un signe pour ceux qui en doutaient encore que, même maladroit, son cœur et son esprit sont totalement dévoués à l’OM. Et un mec qui a autant la dalle est parfois aussi fascinant qu’un talent brut.
Le pari de Garcia
Cet été, à son retour sur la Canebière après un an passé en prêt au Genoa et à l’AC Milan, presque tout le monde avait oublié qu’il appartenait encore à l’Olympique de Marseille. Ce qu’il a accompli à Marseille : un presque but face à l’OL qui a forcé ses coéquipiers à « avaler le venin » . Et c’est à peu près tout. Alors on pense logiquement qu’il va gentiment quitter le projet marseillais dans lequel il ne s’inscrit pas. Mais Lucas Ocampos a autre chose en tête. « Mon état d’esprit, c’est de rester à Marseille et de faire une bonne saison » , déclare-t-il après le premier match de préparation de l’OM. Personne ou presque n’y croit, sauf Rudi Garcia et lui. Contre toute attente et contre l’avis d’une majorité des supporters marseillais, le coach de l’OM lui accorde petit à petit sa confiance.
Il devient d’abord numéro un dans la hiérarchie des remplaçants – devant un Rémy Cabella forcé à partir à Saint-Étienne –, avant de devenir récemment un titulaire à part entière dans le nouveau 4-2-3-1 de Rudi Garcia. Quels que soient les doutes autour de l’Argentin, l’ancien coach de la Roma n’en démord pas : Ocampos a sa place. « Lucas a juste besoin de devenir plus efficace sur les stats, les buts et les passes décisives. Une fois que ce sera fait, il passera un cap, assurait Rudi Garcia il y a quelques jours. C’est certainement celui qui a le plus gros volume de jeu de tout le groupe. Il fait beaucoup d’efforts, il se bat beaucoup, parfois au détriment d’une certaine lucidité. Il est jeune, c’est un coéquipier modèle. »
Entre coup de collier et coup de chance
Si les limites techniques et tactiques de l’ancien Monégasque sont indéniables, difficile de donner tort à Rudi Garcia sur les points qu’il soulève. Lucas Ocampos ne lâche rien et redonne un peu de sens à cette grinta que les Sud-Américains sont supposés apporter à un collectif. Même si tout ce qu’il fait n’est pas très beau, même s’il tente des retournés acrobatiques irréalisables à tous les matchs, son état d’esprit irréprochable finit par payer. Face à Nantes, il avait donné les trois points à l’OM dans les derniers instants avec un but à l’arrache. Ce dimanche soir contre Toulouse, c’est de la même manière qu’il a permis aux siens de l’emporter. Comme un chien de la casse. Après tout, Marseille a toujours eu besoin de combattants dans son onze de départ. Et doit juste réapprendre à aimer ces joueurs-là.
Par Kevin Charnay