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Obraniak, le tube de l’été
Ludovic Obraniak, 27 ans, est la révélation des huit derniers mois bordelais. Transfuge hivernal inattendu, le Franco-Polonais est en passe de devenir le tube de l’été en Gironde, et pourquoi pas en Ligue 1, cette saison. Un choix gagnant pour les Girondins, un choix évident pour lui, un choix prometteur pour la qualité de notre championnat. Obraniak, c’est classe.
Ludovic Obraniak, c’est le genre de type qu’on remarque peu, au départ. Certes, un nom qui ne laisse pas insensible, mais une sonorité loin de rappeler spontanément celle des glorieux aînés venus d’Europe centrale (Kopazewski, Cisowski, Wisnieski, etc.) pour porter le maillot frappé du coq. Bon, ceci étant dit, il aurait quand même pu y parvenir, quand on voit ce qu’il est capable de faire aujourd’hui et, surtout, quand on voit ce que certains tricolores sont eux aussi capables de faire actuellement… Mais, pour Obraniak, ça n’a pas toujours été simple. La preuve, il a choisi de représenter la sélection polonaise, par pure fibre familiale. Ou presque (parce qu’il y a quand même un enjeu sportif dans cette décision). Mais d’abord, il y a eu le F.C. Metz (2002-2007) ; pas facile comme démarrage, en dépit d’un savoir-faire avéré de la part des Grenats. Puis, Lille (2007-2012) où, là, ça ne s’est pas toujours passé comme il l’aurait souhaité.
Ce qui semble donc être le choix évident, hormis ce début de carrière – pour lui qui est né en Moselle – c’est sa signature aux Girondins de Bordeaux, après un passage à Lille, finalement mitigé. Et là, au Haillan, le bougre, c’est qu’il y est bien ! Une arrivée effectuée lors du dernier mercato d’hiver, avec l’étiquette de superstar salvatrice. « Par rapport à ma situation à Lille (ou il n’était que remplaçant, ndlr), c’est un choix qui m’a paru assez rapidement clair, donc je suis très heureux de retrouver un nouveau projet, de nouvelles sensations et de nouveaux coéquipiers » , déclarait le milieu de terrain lors de sa présentation officielle. Lui qui parlait aussi de « beau tournant » offert dans sa progression, avant d’atteindre des objectifs collectifs, comme des plus personnels, avec en ligne de mire l’Euro 2012, dans l’un de ses deux pays de cœur… Bref, avant de rebondir, il fallait réaliser une bonne intégration. C’est chose faite, et ce, d’emblée. Tu m’étonnes ! Francis Gillot, son coach, indiquait d’ailleurs en janvier dernier que sa recrue était un « joueur capable de marquer et de faire marquer » , soit un gars habilité à « donner du peps à l’équipe » . Bon, verdict : 17 matches et 4 buts en deuxième moitié de championnat et 2 buts en autant de rencontres depuis début août ! What else ?
« Je prends du plaisir ici »
Mais « Obra » – qui est donc à égalité avec « Ibra » au classement des buteurs avant le déplacement au Parc des Princes – quel est ton secret ? « Je me suis épanoui rapidement dans cette équipe, on me fait confiance, on me donne des responsabilités et on me laisse assez libre au niveau du jeu, répond le métronome girondin.C’est aussi le plaisir de jouer, tout simplement. Voilà, je prends du plaisir en étant ici, je me sens très bien dans cette équipe, ajoute-t-il, tel un cri du cœur. Autant j’avais de très bons collègues à Lille, autant ici j’ai retrouvé une atmosphère vraiment familiale dans laquelle je me sens parfaitement bien. Et c’est grâce à la confiance de mes coéquipiers que je peux réaliser ce genre de performance. » Humilité, charme, calme, analyse pertinente, « Ludo » est un garçon modèle, un bon élève qui, malgré une préparation athlétique tronquée (Euro + vacances), donne satisfaction au professeur Gillot. « Il n’est peut-être pas encore capable de tenir quatre-vingt-dix-minutes, on a aménagé les entraînements pour lui, précise le censeur, toujours aux petits soins. Il s’adapte à tous les postes, tant au milieu que derrière l’attaquant, et comme il sent les coups, qu’il voit clair et qu’il est décisif, ben, il se régale à ce poste-là ! Et c’est bien pour nous de savoir que dans l’axe il peut être opérationnel… » Doté d’une précision chirurgicale teintée d’un froid réalisme devant le but, Obraniak le « maniac-polak » n’a pas fini de faire parler de lui. Et c’est la défense parisienne qui pourrait bien le vérifier dès ce soir…
Par Laurent Brun, à Bordeaux