- Euro 2012
- Groupe A
- Pologne/Russie
Obraniak, le forcené
Cantonné au banc lillois l'hiver dernier, Ludovic Obraniak a bien failli rater le train de l'Euro 2012. Ce pur gaucher s'était pourtant borné à se faire accepter par la Pologne, le pays de son grand-père. Ludo a donc pris les devants et a choisi de quitter les Dogues pour partir à Bordeaux en janvier. Six mois plus tard, il arpente les terrains du championnat d'Europe avec classe et talent.
« Je suis polonais et fier de l’être. » Ludovic Obraniak est ce qu’on appelle un obstiné, un tenace, un acharné. Un mec capable de passer plus d’une année dans la paperasse pour pouvoir jouer avec la Pologne, pays de son grand-père dont il ne parlait pas la langue il y a encore trois ans. Ce pur gaucher connaît sa première sélection avec les Blanc et Rouge le 12 août 2009. Certains locaux affichent alors leur mécontentement, critiquant l’arrivée d’un francuzi parachuté dans l’équipe. Lui met tout le monde d’accord. Mené 2-0 contre la Grèce, Obraniak entre en seconde période, plante un doublé et permet aux Polonais d’arracher le nul. Terminé, bonsoir. « Pour les joueurs, le staff et les supporters, j’ai gagné tout de suite en crédibilité ! » , se rappelle-t-il. Tout sauf un hasard pour Jean-Pierre Goujard, son formateur dans les écoles de jeunes à Metz. « Quand Ludovic veut quelque chose, il fait tout pour l’obtenir. C’est sa marque de fabrique. Il a du caractère, il essaie d’arriver à ses fins par tous les moyens possibles. Il a toujours été comme ça, même enfant. »
Pas d’Euro si pas de temps de jeu
Bien installé au sein de la sélection polonaise, Obraniak connaît un peu plus de difficultés avec Lille. L’éclosion d’Hazard, l’arrivée de Cole, le lent avènement de Payet le poussent encore plus sur un banc de touche qu’il connaît par cœur. Le sélectionneur Franciszek Smuda prévient le joueur : « Pas d’Euro si pas de temps de jeu » . Le Mosellan décide de partir pour retrouver la condition et prouver à tout un pays qu’il mérite de participer à l’Euro. « Ludo est très famille, ajoute Jean-Pierre Goujard, qui s’occupe toujours des U12 grenats.Il m’avait parlé de son rêve de championnat d’Europe. Il voulait y participer en hommage à son grand-père, pour la fierté de ses proches. Sa maman, son frère, tous les membres de son clan l’ont soutenu dans sa décision. Son choix de quitter Lille était le bon. » Le joueur boucle ses valises pour rejoindre Francis Gillot avec toujours la même pensée en tête : participer au match d’ouverture contre la Grèce, le 8 juin 2012.
Bordeaux, le bon choix
Obraniak débarque à Bordeaux en janvier, les Girondins sont alors neuvièmes, bien installés dans le ventre mou, sans ambition aucune. Six mois plus tard, les Marine et Blanc terminent à la cinquième place du championnat, synonyme de coupe d’Europe la saison prochaine. Le Polonais se gave : 19 matches joués, 4 buts marqués, 3 passes décisives offertes. Son mentor à Metz ne veut « pas juger la saison des Girondins » , mais il voit malgré tout un lien de cause à effet entre l’arrivée d’Obraniak et les bons résultats bordelais: « Il a quand même apporté pas mal de choses, c’est un meneur sur le terrain. Je pense qu’il peut influencer le comportement des autres. C’était pareil dans les jeunes catégories, il avait du caractère et savait se faire respecter. » L’ex-Nordiste vit aujourd’hui un rêve éveillé, il participe à son premier Euro et côtoie les plus grands joueurs européens. Excellent pendant les 45 premières minutes face aux Grecs, Obraniak a manqué de tonus en seconde période, comme l’ensemble de ses partenaires. Son prochain objectif ? Terminer à l’une des deux premières places de la Poule A et se qualifier pour les quarts de finale du championnat d’Europe. On fait confiance au garçon pour réussir ce pari.
Par Romain Poujaud