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Obbadi, figure imposée
Recrue surprise de Nice, Mounir Obbadi vient renforcer un effectif limité. Mais l’ancien joueur de Monaco n’est absolument pas un choix de Lucien Favre. Ce qui pose question sur son réel apport futur.
« Un derby, c’est passionnant à jouer. Je sais que la ferveur sera du côté de Nice. Il y a des supporters très chauds comparé à ceux de Monaco. Ce sera une motivation supplémentaire. Je sais que le public niçois est magnifique. » En cinq courtes phrases, il a lancé le derby azuréen. Sauf qu’il y a quelques mois, personne n’aurait envisagé le voir ici. Le nom du monsieur ? Mounir Obbadi. Oui, Obbadi, l’homme qui compte deux cartons jaunes en cinq matchs de Ligue 1 et zéro minute de coupe cette saison avec Lille, le onzième du championnat, vient de signer à Nice, dauphin de Monaco, pour les cinq prochains mois. Lui, l’ancien joueur de la Principauté âgé de trente-trois ans (déjà) qui n’a pas réussi à s’imposer au Hellas Verone en 2014-2015. « Le projet est très intéressant, a-t-il déclaré lors de sa présentation. Nice me suivait depuis un moment.(…)Je suis très heureux d’être là, très fier. Le Gym est une très belle équipe. J’espère apporter mon expérience. » Pourquoi pas, après tout. Le milieu, qui souhaitait quitter le Nord après une sombre histoire de home-jacking, reste un joueur de qualité et peut tout à fait donner un coup de main à un effectif un poil limité pour jouer le titre jusqu’au bout.
Avis du coach indispensable ?
N’empêche, un doute demeure. Celui-ci prend sa source dans les paroles prononcés par Lucien Favre en conférence de presse il y a quelques jours. « Moi, je vous le dis franchement, je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu. Mais on m’a dit qu’il était bon et je fais confiance. Je n’ai jamais vu une seconde de ce joueur, je dis la vérité. Des vidéos ? Non. Mais ce n’est pas un problème. » Pas un problème, vraiment ? Pour Ludovic Batelli, entraîneur de l’équipe de France U19 et ancien coach d’Obbadi (à Troyes en 2008-2009) dont il garde d’ « excellents souvenirs » , cette façon de faire est tout simplement impossible. « Pour moi, quand un joueur arrive dans un club, il doit avant tout être le choix de l’entraîneur. Pas celui des dirigeants, pas celui du sponsor, mais celui du coach. Alors oui, je suis très surpris. » Celui qui est passé sur le banc de Valenciennes, Amiens ou Bruxelles reprend : « Pour ne parler que de moi, je n’ai jamais pris un joueur sans l’avoir observé en direct, en vidéo. Ça ne m’est jamais arrivé. Pareil en sélection, où il est hors de question de convoquer un joueur sans être aller le voir personnellement ou sans qu’une autre personne du staff n’y soit allée à ma place. »
Une offense à Favre ?
Très clairement, le Marocain a été imposé à Favre par les patrons niçois. Or, ne pas prendre le temps de demander ne serait-ce qu’un simple accord du technicien suisse paraît très étonnant, tant ce dernier fait du bon boulot avec les Aiglons. Surtout que son système de jeu particulièrement offensif nécessite des profils spéciaux. Comme celui de Batelli avec les jeunes internationaux, qui persiste et signe dans son mode de fonctionnement : « Quand on prend un joueur, il vaut mieux avoir la certitude qu’il s’inscrive dans votre projet de jeu, et dans l’esprit de groupe. Donc j’ai toujours eu des joueurs que je désirais. Je ne dis pas que ça évite toute erreur, mais pour moi, c’est inconcevable qu’un joueur débarque dans mon équipe sans mon aval. Et aujourd’hui, il y a plein de bons joueurs qu’on ne prend pas, car on considère qu’ils ne sont pas faits pour notre projet. »
Équation à deux inconnues
Du côté d’Obbadi, on ne voit pas le souci. Car lui non plus ne connaît pas vraiment son nouvel entraîneur. Ou si, mais seulement « de nom. Quand il était en Allemagne, il a fait de grandes choses. Des joueurs qui l’ont connu m’en ont dit beaucoup de bien.(…)Il fait du bon travail. » Pas de discussions, donc, sur ce que Favre peut attendre de lui, à quel poste il compte l’utiliser ou comment son temps de jeu va être géré. Pas grave pour le champion de Ligue 2 avec l’ASM en 2013. Des galères, il en a déjà connu et sait vivre avec. Blessé à de multiples reprises depuis le début de sa carrière (dont parfois gravement, comme à Troyes avec Batelli), victime collatérale du mercato russe en Principauté, en proie à des pépins extrasportifs au LOSC, Mounar a passé l’âge de s’inquiéter pour des histoires de terrain. Et tant pis s’il passe la première moitié de l’année 2017 sur le banc.
Par Florian Cadu
Propos de LB recueillis par FC, ceux de MO tirés de Nice Matin