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Nzonzi-Kjær, loin du malheur
Pour la première fois de leur carrière, Simon Kjær et Steven Nzonzi vont disputer un quart de finale de Ligue des champions, ce soir face au Bayern Munich. Ce qui n’était pas forcément gagné d’avance pour les deux joueurs du FC Séville, chacun ayant rencontré des problèmes différents.
L’un approche de la trentaine (il a fêté ses 29 bougies à la fin du mois de mars) et n’était jusque-là jamais allé plus loin que la phase de poules de Ligue des champions. Une compétition qu’il n’avait même disputée qu’une seule saison, en 2014-2015 avec Lille. L’autre porte le même âge, mais connaissait déjà les huitièmes de finale de C1, où il s’était incliné contre Leicester avec Séville l’an dernier. Sauf que cette fois, Simon Kjær et Steven Nzonzi font tous les deux partie des huit meilleures équipes d’Europe, et s’apprêtent donc à jouer le plus gros match de leur carrière contre le Bayern Munich pour leur premier quart de C1. 29 ans, c’est loin d’être trop tard. Reste, quand même, que cela montre d’une certaine façon qu’ils auraient très bien pu ne jamais avoir l’occasion de monter dans le grand huit européen.
Berizzo : « Nzonzi ne comprend pas le foot comme je le comprends moi »
Il suffit de regarder derrière chacun d’eux pour s’imaginer facilement un destin moins rose. Nzonzi, en Espagne depuis 2015 et impressionnant au milieu de terrain ces derniers mois, a ainsi failli ne connaître que la moitié de l’épopée continentale des Andalous. Incontournable dans l’entrejeu, le Français est soudainement mis de côté par Eduardo Berizzo durant l’hiver après une première mi-temps ratée contre Liverpool en LDC. L’explication officielle de l’entraîneur en conférence de presse ? « Nzonzi ne comprend pas le foot comme je le comprends moi ou comme le comprennent d’autres joueurs. C’est un joueur de l’effectif et il signera son retour dans les listes une fois qu’on jugera que ce sera nécessaire. »
Une décision débattue qui fait en tout cas très vite réfléchir le nouvel international (deux sélections en novembre), par ailleurs sollicité en Angleterre. Lequel annonce rapidement son départ dans les colonnes de France Football : « Mon avenir est clairement ailleurs qu’à Séville. La seule chose qui me déçoive, c’est la manière dont ça se termine.(…)Le coach m’a un peu pointé du doigt. Je ne lui en veux pas, je ne suis pas là pour discuter avec lui, mais ses mots m’ont affecté. Depuis, quelque chose s’est cassé en moi. »
Montella répare tout
Un comportement un poil impulsif selon Stéphane Trévisan, ancien partenaire de Berizzo à l’Olympique de Marseille devenu aujourd’hui agent de joueurs : « Je n’ai pas à disposition tous les éléments du dossier, mais je connais Eduardo Berizzo qui est un super mec, très professionnel, compétiteur et exigeant… Ce que je n’ai surtout pas compris, c’était la position aussi radicale et sévère du joueur envers son club. Je ne pense pas que la solution était de faire part de cela dans la presse. Nous, nous partons toujours du principe que le dialogue avec les clubs est la bonne solution lorsqu’une situation conflictuelle se présente avec un de nos joueurs. »
Surtout que Séville aurait eu son mot à dire si un transfert avait dû voir le jour. « Quel est l’intérêt d’un joueur, aussi performant soit-il, d’annoncer qu’il vaut mieux qu’il parte sans être sûr et certain qu’un club tiers pourra payer une indemnité de transfert, surtout sur un mercato d’hiver ?, questionne Trévizan. Prenons le cas de Philippe Coutinho : cet été, Liverpool a été ferme et le transfert à Barcelone ne s’est pas fait, alors que le joueur était OK avec le Barça… » Séville aurait-il bloqué l’ancien de Stoke si la situation avait perduré ? Pas la peine de répondre à cette interrogation, vu que le remplacement de Berizzo par Vincenzo Montella avant l’arrivée de la nouvelle année répare finalement l’affaire. Nzonzi retrouve son niveau, l’Italien lui redonne son statut d’indiscutable, et voilà tout le monde en quart de finale de Ligue des champions.
Blessure, blessure, dis quand je pourrais briller
Pas de dispute avec l’autorité, en revanche, pour Simon Kjær. Arrivé en Liga cet été pour douze millions d’euros en provenance du Fenerbahçe, le Danois suit une trajectoire sinusoïdale qui l’a vu passer par Palerme, Wolfsburg, la Roma ou encore Lille. Difficile, donc, d’avoir des certitudes avec l’arrière central, qui a tout de même montré tout le bien qu’il pouvait apporter à une défense. « Franchement, je ne le connaissais pas du tout lorsqu’il est arrivé au LOSC, mais il s’est imposé hyper rapidement derrière aux côtés de Marko Baša. Ça donnait une charnière super costaude. Surtout, au niveau de l’impact, c’était vraiment un roc, avec une qualité largement supérieure à la moyenne. Tu sentais le mec solide sur l’homme, le vrai bon stoppeur sans chichi qui relance bien, corrobore Florent Balmont, son coéquipier chez les Dogues entre 2013 et 2015. Un leader sur le terrain, quoi. Même s’il ne parlait pas énormément. Et puis, il n’a aucun mal à s’adapter à une nouvelle équipe. Ça ne me surprend pas du tout de le voir en quarts de finale de Ligue des champions. »
Problème : avant d’en arriver là, Simon a un peu galéré dans son nouveau pays. Trois blessures embêtantes éparpillées entre septembre et fin février (à l’épaule, au genou et surtout au dos) lui ont en effet fait manquer treize rencontres. Raison pour laquelle il n’est que le onzième élément le plus utilisé de l’effectif sévillan. Pas le meilleur moyen pour aider dans son épopée européenne. C’est pourtant bien lui qui accompagnait Clément Lenglet lors de la qualification espagnole surprise à Manchester United. Ce qui devrait également être le cas devant le Bayern Munich. Et tout cela se passera juste derrière Steven Nzonzi.
Par Florian Cadu
Propos de ST et FB recueillis par FC