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N’Zonzi, de la middle-class anglaise à l’élite européenne
Chaînon central du FC Séville de Jorge Sampaoli, Steven « le Poulpe » N’Zonzi réussit le meilleur exercice de sa carrière. Une progression constante depuis son arrivée en Espagne qu’il doit autant à ses capacités qu’à son départ de Premier League.
Lorsque Claudio Ranieri vient toquer à l’office de Monchi, l’entraîneur italien n’en repart qu’avec une fin de non-recevoir. En substance, tel est le scénario du transfert avorté de Steven N’Zonzi vers Leicester, fraîchement champion d’Angleterre, alors désireux de se renforcer au buzzer du dernier mercato estival. Malgré une offre alléchante, et correspondant à sa clause libératoire estimée à 30 millions d’euros, le Français ne souhaite pas retrouver la perfide Albion dont il écume les prés sept saisons durant. « J’ai vraiment bien fini ma dernière saison à Stoke, mais aucune grande équipe anglaise ne me voulait vraiment, rembobine-t-il dans les colonnes du Guardian. Au contraire, Séville me voulait vraiment, alors j’y suis arrivé naturellement. » En plus « d’un ciel bleu dix mois sur douze » , cette échappatoire espagnole lui permet de redécouvrir certains pans de son jeu. C’est que malgré son presque double mètre, le « Poulpe » de l’entrejeu sevillista, dixit Jorge Sampaoli, reste avant tout un meneur de jeu reculé qui, entre de nombreuses récupérations, permet aux Andalous de réciter un football enivrant.
« Un joueur qui a dû se battre contre son apparence »
Atypique, le profil de Steven N’Zonzi relève surtout d’une question de perception. Comme le confirme Monchi, directeur sportif star du FC Séville, qui suit le milieu français depuis son éclosion aux Blackburn Rovers : « Steven est un joueur qui a dû continuellement se battre contre son apparence. Son physique est celui d’un joueur costaud, fort et puissant, alors qu’au fond sa caractéristique principale est sa technique et la coordination de ses longues jambes. C’est pour cela que nous l’avons signé et c’est là où il fait la différence. » Pourtant, avant de devenir le chaînon central du onze de Jorge Sampaoli, celui pour qui le président José Castro a cassé sa tirelire (10 millions d’euros) peine à s’imposer sous les ordres d’Unai Emery. De ses premiers mois en Espagne, il ne retient que des problèmes extrasportifs – intoxication alimentaire et convocation chez le juge pour violence conjugale – et un temps de jeu limité. Quand Banega et Krychowiak peuplent l’entrejeu sévillan, lui doit se morfondre sous la guérite jusqu’à enregistrer les concepts défensifs et de discipline prodigués par le désormais entraîneur parisien.
Si au fur et à mesure de son premier exercice dans le quartier de Nervion, il devient un joueur clé, il prend le costume du joueur clé du FC Séville pour sa seconde campagne. Une mutation qui doit beaucoup à Jorge Sampaoli, nouvel homme fort du Sánchez-Pizjuán, qui voit en N’Zonzi son régulateur du milieu de terrain. De fait, l’Argentin ajoute une nouvelle corde à l’arc du Français, dorénavant maître de l’entrejeu sévillan aux côtés de son compatriote Samir Nasri. « En Espagne, j’ai énormément progressé tactiquement, confirme celui que ses supporters aiment à comparer à Patrick Vieira. En Angleterre, on me demandait de casser le jeu adverse. Tactiquement, les demandes n’étaient pas trop élevées. Je devais être fort physiquement, courir beaucoup. Ici, on me demande de rester à mon poste, de contrôler les temps du match. Mais je ne serais pas le joueur que je suis sans mon apprentissage auprès de managers anglais. » Des très directs Pulis et Hughes jusqu’aux élaborés Emery et Sampaoli, N’Zonzi fait le grand écart des cultures tactiques et, en éponge qu’il est, ne prend que le meilleur de ses différents mentors.
Le meilleur passeur du Royaume
Cette métamorphose est également illustrée au travers des statistiques du milieu de terrain français. Celui qui n’a raté que trois rencontres de championnat jusque-là est surtout le meilleur passeur d’Espagne devant Busquets, Modrić et Koke. Mieux, sur le Vieux Continent, seuls Marco Verratti, Thiago Alcántara, David Alaba et Julian Weigl font mieux que lui. Autant dire qu’avec l’arrivée de Jorge Sampaoli et l’instauration d’une nouvelle philosophie de jeu au FC Séville, Steven N’Zonzi est entré dans une autre galaxie. En attendant l’appel de Didier Deschamps – à se demander si le sélectionneur de la FFF dispose du câble –, il est déjà sur les tablettes du FC Barcelone, la Juventus, Arsenal et Manchester City. Des grosses écuries qui devront faire monter les enchères pour s’attacher les services de celui qui a prolongé son bail jusqu’en 2020 et fait grimper sa clause libératoire à 30 millions d’euros. Reste qu’aujourd’hui, l’intéressé se sent chez lui dans la capitale andalouse, « dans une équipe qui joue au ballon et où il fait beau » . Pas sûr qu’une ville anglaise lui propose tel panorama.
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Par Robin Delorme