Raconte-nous cette action qui t’a valu ton quart d’heure de célébrité.
On jouait la 92e minute, il y avait toujours 0-0 contre Villarreal. Je vois le ballon en l’air devant leur surface et ils sont prêts à partir en contre. Au début, je m’élance pour prendre le ballon de la tête, mais je me rends compte que je suis un peu loin. J’ai pas eu d’autre choix que de le toucher pour éviter qu’ils partent en contre. J’ai du décider en un rien de temps. Si je ne le touche pas, on est dans les arrêts de jeu, on peut prendre un vilain contre et perdre ce match. Tu as l’air encore plus con après.
Le joueur de Villarreal n’a pas eu trop mal ?
Non, il n’a pas eu grand-chose. On va dire que je ne l’ai pas bien pris pour qu’il ait mal. Je ne l’ai pas pris avec le genou. Si je me souviens bien, je le touche un peu avec mes fesses ou ma cuisse. Si je le prenais plein genou, il était KO, dans le coma. C’est ce que je me suis dit en la revoyant le lendemain : il prend mon genou dans la tempe, il est pas bien du tout.
Comment t’es-tu retrouvé si haut sur le terrain à ce moment du match ?
Mon milieu gauche me couvrait, mais je n’étais pas si haut que ça sur le terrain. Je pense que c’est pour ça que la faute est si impressionnante : parce que j’arrive lancé. Mais si j’y vais au début, c’est parce que je pense avoir le ballon.
Après cette faute, tu fais l’un des meilleurs sprints de ta vie…
Ah ouais, il est pas mal celui-là (rires). En fait, j’étais persuadé que l’arbitre allait me mettre un carton. Du coup, j’essaye de fuir pour éviter le jaune. Finalement, il me rattrape et il me le met. De toute façon, tu voulais que je dise quoi ? Ce carton est vraiment bien mérité, et puis cet arbitre est sympa, il en a pas rajouté. On a parlé à la fin du match, et je lui ai dit qu’il avait raison. En direct, la faute est spectaculaire, mais pas méchante.
Le lendemain, ça a chambré un peu dans le vestiaire ?
Forcément un peu. Je l’ai revu tourner sur Facebook, sur Twitter. J’ai vu que ça avait un peu tourné en Europe, tant mieux si ça fait rire des gens, il n’y a rien eu grave. Quand je me replace, je ne vois pas l’arbitre, encore moins qu’il me court après, ça rend la scène comique. Sinon, je pense que je me serais arrêté direct. Le plus important reste quand même qu’on sort avec un match nul.
S’il y avait à refaire cette faute, tu la referais ?
À la 91e, 92e, bien entendu que je la referais, sans problème. S’il faut, je la refais même tous les jours. Je serais sans doute suspendu au bout d’un moment, mais c’est le jeu. Imagines, tu gagnes 1-0 dans les arrêts de jeu, et ton adversaire peut partir en contre, tu fais quoi ? Tu fais cette faute.
De même, une autre séquence issue du même match a tourné sur Internet. Tu te prends les jambes dans un adversaire derrière toi. Tu cherchais la faute ?
Je sens que le défenseur me suit de près, et je suis bloqué sur la ligne de touche. J’essaye de ralentir ma course pour créer un contact. Bon, il s’est peut-être trouvé un peu plus loin de moi que ce que je pensais. Du coup, j’ai pas réussi à avoir la faute…
Tu ne ferais pas un très bon simulateur…
Ah non… Je suis plus un défenseur dans l’âme, ça se voit.
La prochaine étape de ta starification sur le web, c’est quoi ? De mettre un superbe but en lucarne ?
Ce serait pas mal. Ça ferait parler de moi à travers autre chose qu’une faute et une course avec l’arbitre derrière moi.
Pour en venir au début de saison de Grenade, vous êtes sixièmes. Ce n’est pas si mal…
Le plus important, c’est que l’on n’a pas encore perdu. C’est bon pour le moral. Il faut continuer comme ça, se montrer solide défensivement tous les week-end. L’objectif reste le maintien. Ce serait bien cette fois que l’on ne l’assure pas à la dernière journée. Cet été, on a eu un nouveau coach, quelques nouveaux joueurs, et ça se passe super bien. Il faut continuer à bosser.
Et le Mondial au Brésil avec le Cameroun, tu en gardes quel souvenir ?
Cela reste une expérience incroyable, même si on n’a pas été très bons. Mais dans un Mondial, tu apprends plein de choses, tu découvres un autre monde. Et puis un Mondial au Brésil, le pays du football… Je pourrais dire à mes enfants que j’y ai participé. Ce qui est dommage, c’est je n’ai pas été appelé pour les derniers matchs. Mais il faut respecter les choix du coach et tout faire pour revenir. Et il faut qu’il regarde sans doute un peu plus Internet (rires).
Brésil : Un arbitre japonais et des mauvais souvenirs
