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Nuno et Negredo sont sur un bateau…
Dernier quatrième de Liga, le Valence CF vit des heures troubles. Entre un entraîneur contesté, un attaquant vedette chouchouté, un agent star mal-aimé et un public plus qu'exigeant, les Chés se retrouvent dans l'obligation de gagner. Sous peine de dire adieu à leur Nuno.
Le tarmac de l’aéroport d’Ostende ne truste jamais les Unes des journaux. Encore moins ceux d’Espagne. Cette réalité se conjugue pourtant au passé depuis ce mardi. Lorsque le vol charter qui transporte le Valence CF atterrit sur la piste belge, les gratte-papiers en charge du suivi des Chés se délectent d’une scène appartement anodine : alors que Nuno Espirito Santo ouvre l’expédition valencienne, Álvaro Negredo en ferme la marche. Une image qui fait la joie des photographes, désormais propriétaires du cliché qui illustre la crise que traverse le club des Naranjas. Septième de Liga et second de son groupe de C1, Valence est loin de connaître son pire début de saison. Quoique poussif, il semble même en net regain de forme par rapport aux défaites initiales d’août et de septembre. Insuffisant, cependant, pour combler Mestalla : « Depuis toujours, le public de Valence exige plus que de simples bons résultats. Il veut aussi que l’équipe joue bien. Aujourd’hui, cette mission n’est pas remplie. L’entraîneur n’a pas répondu aux attentes. » Ce constat de Juan Carlos Corell, président de la peña valencianista « 18 de Març » , l’ensemble de l’aficion valencienne le partage.
« L’un des problèmes de Nuno s’appelle Mendes »
Le 24 octobre 2014, les sourires peuplent Mestalla et ses alentours. Une joie légitime, tant la grisaille entoure l’antre du Valence CF depuis déjà quelques saisons. Peter Lim, alors anonyme milliardaire pour la majorité des supporters chés, officialise le rachat du club et, par là même, s’acoquine de la dette faramineuse qui étouffe ses finances. La reprise en main, enfin effective, mais dans les tuyaux depuis de nombreux mois, rend ses ambitions au quatrième fanion le plus populaire outre-Pyrénées. Un monument en péril qui, avec l’entraîneur Nuno Espirito Santo et l’agent-star Jorge Mendes, rêve, de nouveau, de tutoyer les sommets domestiques et continentaux. Des paroles aux actes, le Singapourien sort le chéquier et attire des noms ronflants. Tête de gondole de ce mercato dispendieux, Álvaro Negredo doit tirer vers le haut ses jeunes et talentueux comparses. Une mission qu’il ne remplit qu’à moitié, la faute à des pépins physiques à répétition et une réussite devant les cages en grève. Qu’importe, puisqu’après une lutte épique face au FC Séville, les Chés se qualifient pour la si désirée Ligue des champions.
« L’un des problèmes de Nuno s’appelle Mendes, pointe du doigt ce même señor Corell, à la tête de la seule peña valencianista de Madrid. Cet été, alors que tout le public attendait des renforts de poids, nous n’avons eu que des jeunes de l’écurie de Mendes. » L’omnipotence de l’agent portugais, ami intime de Peter Lim et de Nuno Espirito Santo, fait plus qu’inquiéter le si fier public de Mestalla. Elle le dégoûte. Sans star mais avec une litanie de jeunes talents, le mercato sert de point d’inflexion à la popularité de l’entraîneur portugais. Un coach qui, après un début de saison au ralenti, décide de trancher dans le tas. Rodrigo De Paul et Álvaro Negredo, adoubés par l’aficion des Chés, se retrouvent ainsi éloignés des convocations. Le choix étonne et fait sortir de ses gonds l’antre de Valence. Juan Carlos Corell, toujours : « Comme de par hasard, ce sont deux joueurs qui n’appartiennent pas au Portugais qui se retrouvent toujours en dehors des convocations. Leur seul tort a été d’exprimer publiquement des doutes sur le jeu proposé. Ces doutes, tout le monde les partage à Mestalla » . Depuis des semaines, chaque apparition de Nuno entraîne ainsi une pluie de sifflets.
Enfant gâté ou enfant trompé ?
Pis, selon les informations du quotidien Superdeporte, la direction ché aurait fait de ces deux rencontres de la semaine – à La Gantoise et au Celta – un ultimatum pour l’entraîneur portugais. Une pression accrue qui, dans l’histoire des Naranjas, est tout sauf inédite. En 2007, « Quique Sánchez Flores a connu une ambiance bien pire que Nuno, se souvient Juan Carlos Corell. L’équipe était troisième ou quatrième en Liga. Il était sifflé constamment. Dès qu’il a commencé à avoir des résultats négatifs, il a été viré. » Un triste sort, fruit de la pression populaire, qu’ont également connu Ronald Koeman et Héctor Cúper. Le premier, bien que vainqueur de la Coupe du Roi 2008, et le second, double finaliste de la Ligue des champions, ont été chahutés pour leur jeu trop peu entraînant avant d’être mis à la porte. Une attitude d’enfant gâté ? « La réalité, c’est que tout Valence que nous sommes, nous aurons toujours le plus grand mal à rivaliser en matière de titres avec le Barça et le Real. Il y a quelques années, nous étions encore à la lutte avec eux. Mais depuis, le fossé s’est creusé de façon abyssale » , conclut le président de la peña « 18 de Març » . Et ça, même Nuno n’y peut rien.
Par Robin Delorme, en Espagne