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Ntep, Vert précoce
Parti trop tôt de Rennes pour l’étranger, Paul-Georges Ntep veut reprendre sa mue à Saint-Étienne. Qui s’est fait prêter l’attaquant par Wolfsbourg pour les prochains mois. Une bonne idée ?
À peine arrivé, déjà à excuser. Après l’épisode Anthony Mounier, les supporters verts ont dégainé. De manière beaucoup moins virulente heureusement, mais assez pour que Paul-Georges Ntep soit obligé de se justifier. Le 5 novembre dernier, celui qui vient juste de se faire prêter dans le Forez pour le reste de la saison par le VfL Wolfsbourg lâchait en effet un tweet félicitant Nabil Fekir après son énorme match lors du derby (0-5 en faveur de l’Olympique lyonnais). « Ce n’était pas du tout un tweet pour encourager son geste par rapport au fait que c’était Saint-Étienne, s’est donc défendue la recrue en conférence de presse. Je comprends que certains supporters stéphanois aient pu regretter ce tweet, c’est pour ça que je l’ai enlevé. » L’accueil aurait ainsi pu être plus favorable. Tant pis. Mais le Français doit désormais se montrer sur le terrain pour faire oublier cette légère mésaventure. Tant mieux. Car le Français a besoin de motivation pour offrir le meilleur.
Et Paul-Georges Ntep a (pas assez) vite nettoyé son Twitter pic.twitter.com/JcnFOEhA4g
— Mordu 2 Foot (@Mordu2Foot) 17 janvier 2018
Les jambes trop rapides
Ce qu’il n’a pas fait en Bundesliga. On le savait, le choix de quitter le Stade rennais pour Wolfsbourg il y a un an alors qu’il n’avait réalisé qu’une seule saison vraiment pleine en Ligue 1 (en 2014-2015) et qu’il se battait contre les blessures depuis plus d’une année n’était pas l’option la plus sécurisée. D’autant que le garçon avait encore des choses à apprendre dans son pays formateur. « Il n’était pas prêt pour partir à l’étranger, pas suffisamment préparé pour réussir là-bas sur une longue période, estime Frédéric Née, qui l’a côtoyé en Bretagne en tant que coach des attaquants. Je ne remets pas en cause ses qualités individuelles, notamment athlétiques. Mais au niveau technique, au niveau écoute et au niveau compréhension de ce qu’on lui demandait, il y avait encore beaucoup de travail. Dans l’intelligence de jeu, il devait énormément progresser. » Problème : Ntep, « qui reste un gentil garçon respectueux avec une bonne mentalité » , n’en fait souvent qu’à sa tête. « J’avais devant moi un joueur perfectible, et il en a toujours été conscient. Il avait l’impression de tout connaître, de ne pas avoir besoin de bosser, d’être assez fort pour accomplir des performances et de pouvoir se reposer uniquement sur ses capacités physiques. Qui sont exceptionnelles, par ailleurs. »
Mal du pays
Sauf qu’en Allemagne, le bonhomme se prend la réalité en pleine face. Presque sans surprise, finalement. En 2017, Ntep ne démarre que neuf parties toutes compétitions confondues, ne trouve pas une fois le chemin des filets et ne réalise pas une seule passe décisive. Le tout alors que son corps le laisse enfin tranquille. Un immense gâchis pour un talent qui respire le foot et qui compte quand même deux sélections avec les Bleus. « C’était difficile dans une nouvelle sphère, un nouveau pays, une nouvelle culture, a reconnu Paul-Georges lors de sa présentation. J’ai perdu mes repères et ma confiance. Je voulais revenir dans ce que je connaissais déjà : la Ligue 1.(…)Je peux apporter mon enthousiasme, prendre la profondeur, aller provoquer, créer des situations pour mes partenaires. » Voilà pourquoi le Camerounais d’origine a choisi l’ASSE, qu’il qualifie de « club historique » .
Et pourquoi l’ASSE l’a-t-elle choisi ? « Quand on jouait contre Paul-Georges Ntep, j’avais toujours peur de lui, a franchement répondu Jean-Louis Gasset, son nouveau technicien. Il va très vite. C’est le genre de joueur qui peut enflammer Geoffroy-Guichard. Nous avons besoin de joueurs comme lui, avec du caractère et de la confiance. » Faire confiance à PGN quelques mois durant serait donc une bonne idée ? Née, actuellement à la tête de l’EF Bastia, confirme : « C’est une super recrue pour Saint-Étienne. Il a effectivement le profil atypique et idoine pour faire bouillir le chaudron. Sur une courte période, il est capable de tout envoyer. S’il a envie et qu’il est à l’écoute de ses partenaires, il va être très intéressant. En tout cas, moi, je le veux bien à Bastia ! » Dans un effectif qui manque de dynamisme et de vitesse, l’ancien Auxerrois devrait disposer de temps de jeu suffisant pour mettre les fans de Sainté dans sa poche. Si son échec allemand lui a en plus permis de comprendre qu’un potentiel demande un peu de taf pour exister, le mariage sera heureux. Malgré Twitter.
— AS Saint-Étienne (@ASSEofficiel) 17 janvier 2018
Par Florian Cadu
Propos de FN recueillis par FC