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Nouvelle règle du hors-jeu : pourquoi c’est nul
C’est la nouvelle Wengerade en date : pour qu’un joueur soit signalé hors jeu, il faudra désormais que l’intégralité de son corps dépasse le dernier poil de derche du dernier défenseur. Si la règle, qui va entrer en phase de test, en vient à se généraliser à toutes les compétitions, voici ce que ça va donner sur le terrain. Spoiler : c'est nul.
On croyait ses rares apparitions réservées à ces quelques équipes de district de campagne hermétiques aux évolutions du jeu. On le disait obsolète, victime de la défense à plat généralisée et du confort qu’elle offre dans les phases de relance. « Disparu à jamais pour le haut niveau », pensait-on. Quelle erreur, le bon vieux libéro à l’ancienne, évoluant dix mètres derrière sa défense, numéro 5 derrière et embonpoint devant, est peut-être plus moderne que jamais ! Nul doute en tout cas qu’il fera un retour en grande pompe si la « loi Wenger » vient à être adoptée à grande échelle. C’est le média brésilien DirecTVSports qui a sorti l’info : la FIFA songerait à tester une nouvelle loi sur le hors-jeu. Sortie de la tête de l’Alsacien, cette règle exigerait que l’ensemble du corps de l’attaquant doive se trouver devant le défenseur pour qu’il soit considéré en position illicite. Une phase de test devrait être prochainement instaurée dans les catégories de jeunes en Suède, et il est possible que le processus s’étende aux Pays-Bas et à l’Italie. En espérant que l’on en reste là. Après avoir proposé de jouer les touches au pied, l’historique manager des Gunners nous pond une nouvelle nullardise de son chapeau.
La ligne est franchie ?
Officiellement, cette modification servirait à mettre fin aux interminables protocoles de « VAR checking » qui débouchent bien souvent sur de frustrantes annulations de but, décidées au millimètre. Outre le fait qu’on ne fait là que déplacer le problème (on va désormais se bagarrer pour savoir si un bout du talon d’Achille de l’attaquant totalement off side en temps normal n’est pas resté à la traîne, lui permettant ainsi de valider sa réalisation), elle va rendre la position de hors-jeu absolument impossible à juger pour les arbitres de touche. Autant il est possible de constater instinctivement quand le buste ou les pieds d’un buteur franchissent une ligne imaginaire, autant certifier « qu’absolument toutes les parties du corps de l’attaquant dépassent le dernier défenseur » avant de lever le drapeau n’est pas à la portée de l’œil nu. Les spectateurs de compétitions où l’assistance vidéo n’est pas en vigueur, ne vous attendez pas à un arbitrage de précision. Quant aux problèmes que cette lubie va poser dans le football amateur, n’en parlons pas, des scores de 12 à 10 sont à prévoir.
Les attaquants de haut niveau n’ayant jamais 100% de leur anatomie devant le dernier défenseur, Arsène Wenger ne propose rien d’autre qu’une suppression pure et simple de la règle du hors-jeu, qui rappelons-le fait le sel de toute la construction offensive. Alors nous pourrons dire adieu à nos matchs étriqués et irrespirables, sacrifiés sur l’autel du gain de temps… Mais qui donc a envie que les rencontres à huit buts deviennent monnaie courante ? Ce qui est rare est cher. Cette nouvelle façon d’appréhender le hors-jeu risque aussi d’encourager les équipes à défendre dans leurs seize mètres et à stopper toute velléité de pressing. Qui donc va oser aller chercher son adversaire dans son propre camp ? Rappelons qu’il s’agit d’une stratégie qui consiste à laisser de l’espace dans son dos pour récupérer le ballon le plus haut possible sur le terrain. Dans l’hypothèse où ce qui n’est encore qu’une idée se concrétise dans les lois du jeu, une équipe soumise au pressing n’aura qu’à jeter le ballon au loin pour que son attaquant ne s’offre un face-à-face pépouze avec le portier. Peut-être une bonne nouvelle pour Harry Maguire, un peu moins pour la prise de risque.
Par Yvon Lamouroux