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- 38e journée
- Man.City/Southampton
N’oublions pas Frank Lampard
Alors que Steven Gerrard a droit depuis quelques semaines a d'émouvants adieux, le départ de Frank Lampard vers la MLS semble lui se dérouler dans la plus grande indifférence. Une fin un peu triste, pour un immense joueur qui aura marqué l'histoire de la Premier League à l'encre indélébile. Rendons-lui justice.
Lui aussi a marqué l’histoire d’un grand club anglais avec le numéro 8 dans le dos. Pourtant, alors que Steven Gerrard avait, très logiquement, droit à des adieux d’empereur le week-end dernier à Anfield, Frank Lampard faisait le lendemain les frais d’un changement tactique de Manuel Pellegrini à l’heure de jeu, lors du déplacement de Manchester City au Liberty Stadium, dans la discrétion la plus totale. Le constat est simple, et sans appel : alors que depuis quelques semaines, les dernières apparitions du capitaine de Liverpool prennent des airs de jubilés tragiques, le départ du neveu d’Harry Redknapp, lui, semble moins propice à faire couler les larmes et émouvoir les cœurs.
Gerrard-Lampard : la belle utopie
Alors, comment ne pas y voir une certaine injustice ? Une année à jouer les seconds couteaux à Manchester City suffirait-elle à effacer treize ans de buts, de triomphes et de titres avec Chelsea ? Doit-on oublier que Lampard reste à ce jour le meilleur buteur de l’histoire des Blues toutes compétitions confondues avec 211 pions, performance exceptionnelle pour un milieu de terrain ? Surtout, au moment des adieux, pourquoi dissocier aujourd’hui deux joueurs que l’Angleterre a passé dix ans à essayer d’associer sur le terrain ?
Gerrard-Lampard. L’histoire d’une paire de milieux de terrain dorée, amenée à porter l’Angleterre sur le toit du monde. Deux joueurs capables de tout faire au milieu de terrain, et animés par un professionnalisme sans commune mesure. Deux leaders, pouvant au loisir harceler, faire marquer ou marquer eux-mêmes, de tous les angles, et dans n’importe quelle position. Une bénédiction annoncée finalement devenue un casse-tête insolvable pour tous les sélectionneurs s’étant succédé sur le banc des Three Lions. Trop similaires, trop indifférenciables dans leurs qualités individuelles : la grande histoire annoncée avec la sélection ne restera qu’une belle utopie.
À Lampard le palmarès, à Gerrard la gloire éternelle
En club, Lampard a pu compter sur l’arrivée de Roman Abramovitch et de ses investissements pharaoniques pour garnir ce qui reste aujourd’hui l’un des plus beaux palmarès du football britannique : trois titres de champions, quatre FA Cups, une Ligue des champions, et une Ligue Europa, entre autres. Mais qui dit ambition dit aussi intransigeance, et celui qui est considéré par John Terry comme « le plus grand joueur à avoir porté le maillot de Chelsea » , l’apprendra à ses dépens à la fin de la saison dernière, comme il le confiait vendredi dans les colonnes du Daily Express : « Le manager m’a appelé durant la dernière semaine de la saison et m’a dit que le club allait me laisser partir. Au final, ce n’était plus de mon ressort. Je l’ai pris comme un grand garçon. Je suis chanceux d’avoir passé 13 ans là-bas. Mon seul regret est de ne pas avoir eu la chance de dire au revoir lors d’un match à la maison. J’aurais aimé avoir la chance d’annoncer mon départ et de faire mes adieux de la bonne manière. Mais ce n’est pas comme cela que le football fonctionne. Tout ne peut pas se passer parfaitement. » Alors au moment de dire définitivement adieu à Steven Gerrard, n’oublions pas pour autant Frank Lampard. Au lieu de cela, félicitons ces deux légendes de la Premier League ensemble. Alors, one last time : Messieurs, au revoir, et merci pour tout.
Par Paul Piquard