- Angleterre – Championship – Nottingham Forest
Nottingham renfloue son compte
Le mythique Nottingham Forest, qui végète actuellement en D2 anglaise, vient d’être racheté par un riche homme d’affaire koweïtien. De quoi se mettre à rêver d’un retour au premier plan ? À voir, car le chantier est vaste…
Question Trivial Pursuit, camembert orange : quelle est la particularité unique en son genre de Nottingham Forest ? Réponse : il s’agit du seul club à avoir gagné plus de C1 européennes que de championnats nationaux. Comment se fait-ce ? En 1975, le fameux entraîneur Brian Clough, qui sort d’une traumatisante courte expérience à la tête de Leeds United – lire ou voir l’excellent The Damned United, traduit 44 jours en VF – est à la relance à Nottingham, le voisin et grand rival de Derby County, où le colérique coach a connu ses plus grands succès passés. Les futurs seront plus spectaculaires encore. À l’issue de la saison 1976/1977, il parvient d’abord à faire monter le club en élite.
La suivante, le promu ne perd pas de temps et remporte directement la First Division ! Qualifiés pour la première Coupe d’Europe des clubs champions de l’histoire du club, Peter Shilton, Tony Woodcock, Martin O’Neill, Trevor Francis et toute la bande remportent l’épreuve, dominant Malmö 1-0 en finale. Deuxième en championnat lors du même printemps, devancé par Liverpool, Forest est néanmoins autorisé à participer à l’édition suivante de la C1 en qualité de tenant du titre. Une édition que les Foresters remportent une seconde fois consécutive, cette fois en s’imposant 1-0 face à Hambourg au stade Santiago Bernabéu le 28 mai 1980.
Une actu accélérée par la mort de l’ancien proprio
Résumons : un titre national en 78, deux titres européens en 79 et 80, puis plus rien ou presque. Il y a bien eu deux Coupes de la Ligue remportés en 89 et 90, mais les trois dernières décennies ont surtout été marquées par des désillusions. D’abord spécialiste du yo-yo entre première et deuxième div’, Forest quitte une dernière fois l’élite à l’issue de la saison 1998/1999. Suivent pas mal de bonnes grosses galères, trois saisons en League One – la 3e div’ – entre 2005 et 2008 et, depuis, deux échecs à la remontée en Premier League lors des play-offs de fin de saison : face à Blackpool en 2010, puis Swansea l’an dernier. Deux cruels échecs de trop pour un effectif émoussé, qui a flirté toute la saison dernière avec une nouvelle relégation, terminant au printemps à une piètre 19e place (sur 24 équipes).
Mais si, sportivement, l’actu n’incite guère à l’optimisme, extra-sportivement, les habitués du City Ground de Nottingham peuvent enfin se mettre à rêver en grand. Car mardi dernier, le richissime homme d’affaire koweïtien Fawaz al-Hasawi a officialisé son arrivée en tant que nouveau propriétaire des lieux. Des rumeurs de ce rachat avaient filtrées depuis fin mai, mais les négociations ont durées plus longtemps que prévu. Qu’importe, Fawaz et ses frangins Abdulaziz et Omar sont « in da place » et succèdent au précédent propriétaire Nigel Doughty, co-fondateur du puissant fond d’investissement Doughty Hanson and Co, décédé subitement le 4 février dernier. Mort ou pas, ça n’aurait pas changé grand-chose : celui qui avait racheté le club de son cœur en 1999 avait décidé de s’écarter des choses du football, annonçant fin 2011 son intention de vendre, lassé de claquer de la thune sans jamais parvenir à faire remonter Forest en élite. C’était juste une question de temps.
L’entraîneur viré d’entrée, Redknapp pas intéressé
Avec Al-Hasawi en revanche, l’opération promotion pourrait se faire, et vite. Le gazier n’a, a priori, pas une fortune comparable aux boss de Manchester City, mais l’ancien proprio du plus gros club du Koweït, Qadsia SC, ne déboule pas en Angleterre pour vendre des cravates. Dès son arrivée, il s’est fait remarquer en virant l’entraîneur en place Steve Cotterill. Hop, merci, au revoir. Son idée ? Le remplacer par « une icône » . Pas tellement le profil des premiers noms qui ont vite émergé dans la presse britannique pour succéder à Cotterill : Darren Ferguson, Mick McCarty, Roy Keane, Karl Robinson, Alex McLeish ou encore Neil Warnock, l’actuel coach de Leeds, que le Koweïtien semble pourtant beaucoup apprécier. Harry Redknapp, en revanche, s’affiche comme un candidat naturel, mais il a déjà annoncé à la radio qu’il n’était pas intéressé. Glenn Hoddle est aussi évoqué, même si l’ancien Monégasque n’a plus entraîné un club depuis 2006 et la création de son école de foot en Espagne. Dans tous les cas, le futur nouvel entraîneur va avoir beaucoup de boulot pour constituer une équipe compétitive dans la très difficile et dense League Championship, alors que l’effectif actuel semble quantitativement et surtout qualitativement trop juste pour espérer jouer les premiers rôles. Affaire à suivre.
Régis Delanoë