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« Notre victoire, un hasard ? N’importe quoi »

Propos recueillis par Florian Cadu
7 minutes
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Cela fait trente ans que László Bölöni a remporté la C1 avec le Steaua Bucarest. Un exploit pour le foot roumain. Trois décennies plus tard, l’entraîneur passé par Monaco et Rennes prouve qu’il a une bonne mémoire en relatant ses souvenirs. Et n’oublie pas de faire un crochet sur son expérience au Qatar ou de parler du Ballon d’or qu’il a sorti, Cristiano Ronaldo.

Vous êtes toujours au Qatar ?Non, je ne suis nulle part maintenant. On va chercher autre chose. Ça s’est très bien passé hein, mais ma mission est terminée. Là-bas, les dirigeants cherchent à enrichir leur effectif en qualité pour avoir un bon championnat et pour créer des grands clubs afin de développer le football. Il faut respecter les gens et les joueurs qui s’essayent à cet objectif. À titre personnel, c’était un bon challenge.

Votre connaissance du foot leur a apporté ?J’espère que oui ! (Rires) Même si le développement du foot appartient d’abord aux gens qui sont placés plus haut. Mais je pense que mon travail a aidé les joueurs locaux et le club

Vous avez des exigences pour votre futur club ? Pas vraiment. L’entraîneur professionnel, il va où il peut aller.

Du coup, vous avez eu du temps pour suivre l’Euro cet été.Oui. La victoire portugaise est surprenante, mais respectable. Chaque match, les joueurs sont allés au bout d’eux-mêmes.

Vous qui avez lancé Cristiano Ronaldo au Sporting Portugal, on imagine que vous avez eu un œil avisé sur ses performances.Il n’a pas fait un championnat d’Europe époustouflant. On pouvait s’attendre à un Ronaldo plus flambant, vu ce qu’il montre d’habitude. Une des raisons qui explique cela, c’est que ce genre de grandes compétitions n’arrivent pas forcément au moment opportun pour ce type de joueurs, qui viennent d’enchaîner un championnat, une Ligue des champions… Donc forcément, il a eu quelques difficultés. Surtout que le monde entier, et pas seulement le Portugal, attend monts et merveilles de sa part. Mais globalement, son Euro a été correct. Et il a été un super capitaine. Je suis content pour lui.

D’autant que c’est le premier titre pour son pays.Ça fait longtemps que je dis qu’il va dépasser Luís Figo. Pour ça, il devait gagner avec sa nation. Et il lui a donné la Coupe d’Europe. Il a toujours été un leader sur le terrain. Au Sporting, que ce soit à l’entraînement ou en match, il démontrait une détermination constante. Je pense qu’il a encore deux ou trois belles années devant lui.

On n’était pas forcément les meilleurs sur le papier, mais niveau courage, on était tous des gros combattants. Des gladiateurs, des salopards, appelez-ça comme vous voulez.

Vous aussi, vous avez donné du plaisir à votre pays quand vous étiez footballeur, en remportant la Ligue des champions avec le Steaua Bucarest. C’était il y a trente ans tout rond, en 1986. Vous avez fêté cet anniversaire ?Oui, on a fait une belle fête à Bucarest. Comme chaque année, on était invités à faire un foot en salle. Il y avait des anciens joueurs, de la bonne humeur… Tout le monde n’a pas pu venir, mais c’était très bien.

Revenons sur cette aventure. Certains vous considèrent comme le champion d’Europe le plus improbable…Il faut d’abord savoir que c’est le plus grand exploit du foot roumain. Sans hésiter. C’est la première fois qu’une équipe roumaine va jusqu’au bout. Mais avant nous, il y avait déjà eu des bonnes performances de la part des clubs roumains, comme Craiova, ou le Dinamo Bucarest. Quant à nous, on avait un groupe extrêmement soudé. Le groupe était formé depuis un moment. On se connaissait tous et on venait tous du pays, car le système politique communiste interdisait le départ des footballeurs à l’étranger. L’objectif, c’était de former des grands clubs en gardant les talents locaux. Notre équipe était plus forte que l’équipe nationale. Les remplaçants allaient en sélection. Après, lorsqu’on a gagné, tout le monde a parlé de hasard ou je ne sais quoi. C’est n’importe quoi. La preuve : le Steaua est revenu en finale trois ans plus tard. En 72, il avait fait un quart de finale en Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Signe que c’était un bon club.

Cela faisait sept ans que Bucarest n’avait pas participé à la C1. La gagner, c’était donc quand même un peu dingue. C’était quoi, le secret ?Les dirigeants nous avaient donné un objectif. Quand j’ai signé mon contrat, c’était très clair : dans la compétition internationale, on devait faire au minimum un quart de finale. Gagner le championnat et la coupe n’était pas suffisant. On n’était pas forcément les meilleurs sur le papier, mais niveau courage, on était tous des gros combattants. Des gladiateurs, des salopards, appelez-ça comme vous voulez.

C’est pour ça que votre style de jeu a parfois été qualifié de lent ?Je ne suis pas d’accord avec vous. Le football de l’époque était certainement plus lent, ça d’accord. Mais nous, on savait jouer simple, en une ou deux touches de balle. On pouvait donc se montrer très rapides. On réalisait un pressing écrasant, agressif, parfois à la limite de l’acceptable. Ajoutez à ça de belles capacités techniques et une bonne intelligence de jeu, et vous avez le Steaua Bucarest 1986. Défensivement, tout le monde se replaçait immédiatement après la perte du ballon. Absolument tout le monde. Pour fermer les espaces. On formait un bloc. Du coup, on était aussi capables de jouer efficacement en contre-attaque.

Quel a été le match déclic qui vous a permis de croire au trophée ?Je ne crois pas qu’il y ait eu de match déclic. Un de nos dirigeants répétait en boucle que nous étions capables d’aller au bout. Une fois arrivé en quart de finale, après les deux premiers tours, le contrat était rempli, logiquement. Mais la difficulté était là : de se dire « le devoir est déjà fait » . Il fallait oublier les excuses que nous pouvions avancer si jamais nous perdions. Raison pour laquelle j’ai beaucoup parlé avant la finale contre Barcelone avec Emeric Jenei, notre entraîneur avec qui je m’entendais très bien, pour qu’il insiste sur le fait que la victoire était primordiale.

Il ne faut pas oublier comment nous sommes parvenus à arriver à ces tirs au but, devant 70 000 personnes contre nous, à Séville.

Le chef-d’œuvre reste la confrontation retour contre Anderlecht, que vous atomisez 3-0 chez vous après avoir perdu à l’aller (1-0).C’est le match modèle. Contre un adversaire extrêmement fort. Un rythme de dingue, une efficacité chirurgicale… Tous les ingrédients étaient réunis pour qu’on obtienne une prestation parfaitement maîtrisée.


Puis vient cette finale qui s’achève aux tirs au but, avec Helmuth Duckadam qui stoppe toutes les tentatives espagnoles.Duckadam a fait preuve d’une concentration et d’un self-control sans faille. On est forcé d’en parler, bien sûr. Mais il ne faut pas oublier comment nous sommes parvenus à arriver à ces tirs au but, devant 70 000 personnes contre nous, à Séville. On ne doit pas le perdre de vue, car sinon, on résume notre triomphe à de la réussite. Les Catalans étaient favoris et on a franchement réussi à les faire déjouer. On ne peut pas dire : « Putain, les Barcelonais n’ont pas eu de chance, ils ont tapé la barre, ils ont loupé un peno… » Bah non, pas du tout. Parce qu’ils ont eu très peu d’occasions. Les meilleures, c’est nous qui les avons loupées.


Comment l’expliquer ? Vous aviez analysé leur jeu ?Non. On ne savait pas comment Barcelone allait jouer. Emeric Jenei nous interdisait de visionner leur match. Nous n’avons eu le droit qu’à la première mi-temps de leur demi-finale. On a même raté leurs tirs au but ! Nous ne faisions pas de préparation par rapport à l’adversaire. C’était la philosophie du coach : jouer en fonction de nous. Seule la prestation de son équipe l’intéressait.

Où avez-vous fêté la coupe aux grandes oreilles ?Dans notre hôtel. On n’a pas fait grand-chose. Peut-être qu’on était trop fatigués. On était avec nos épouses. Le lendemain, c’était quartier libre, puis on est rentrés en Roumanie 24 heures après la finale. Tout un peuple nous attendait. Ce n’était pas du tout organisé. À l’époque, ce genre de rassemblement était interdit. C’est seulement à ce moment qu’on a pris conscience de notre exploit et du bonheur qu’on avait donné aux gens. Ce fut exceptionnel.

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