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Nos régions ont du talent : Centre-Val-de-Loire
D'ici l'Euro, on fait une revue d'effectif de ce que les régions françaises ont de mieux à offrir question football. Histoire de mieux se familiariser avec le nouveau découpage administratif et ce que cela implique pour le ballon rond. Quatrième étape en Centre-Val-de-Loire, où Florian Thauvin est censé être l'héritier de Florent Malouda.
« On n’est pas un gros vivier, mais on est une région qui bosse bien. Sur les compétitions nationales, on n’est jamais dans les derniers, on a quelques clubs qui font un bon travail de formation comme Tours, qui a de très bons U19. Nous en étant amateurs, on a fini 10es sur 22 à la Coupe de France U13. » Maurice Bouquet est directeur technique de Blois 41 Football. Sans se voiler la face – il sait que sa région ne peut rivaliser avec le vivier de l’Île-de-France -, il refuse de présenter le Centre-Val-de-Loire comme un parent pauvre du football français. Ce que confirme le directeur sportif de l’US Orléans, Julien Cordonnier, pour qui les clubs de Ligue 1 observent ce qu’il se passe sur place, « principalement Rennes, Nantes, mais aussi le PSG » . Cela ne date pas d’hier et porte loin. « Avant, il y avait beaucoup Auxerre aussi. Plus surprenant, j’ai un U16 qui va aller à Marseille, alors que ce n’est pas tout près… » À Blois, Maurice Bouquet affirme quant à lui qu’il a trois jeunes pousses déjà recrutées par des centres de Ligue 1 pour cette saison. Pour Laurent Cadu, directeur du centre de formation de Châteauroux et bientôt « transféré » au Pôle espoirs régional, le Centre est d’ailleurs un vivier conséquent « si l’on regarde également les effectifs de Ligue 2 » . Car la région dispose avec Tours, Châteauroux et Orléans de trois équipes entre les eaux de la seconde division et de la troisième. Ce qui fait penser à certains que la présence d’une locomotive en Ligue 1 boosterait le vivier local. Pour le moment, Julien Cordonnier constate surtout la fragilité liée à la situation sportive des clubs phares, car « dans une région comme la nôtre, c’est un gros coup dur quand un club descend d’une division, comme Châteauroux qui est tombé en National » .
Qui sera le prochain Malouda ?
L’US Orléans – fraîchement promu – envisage d’ailleurs de se pérenniser en Ligue 2 afin d’être en mesure d’ouvrir un centre de formation pour conserver ses jeunes « ou d’être dédommagé financièrement dans le cas contraire » . Et ainsi éviter de voir partir les meilleurs talents du centre comme Adam Ounas, Florian Thauvin ou Morgan Sanson pour citer les plus récents. À Blois, Maurice Bouquet ne s’en cache pas, il ne s’oppose pas à des projets de formation loin du Centre pour ses talents. « On a été en partenariat avec Châteauroux, mais aujourd’hui, on a signé avec Saint-Étienne, on leur fait des rapports réguliers sur nos jeunes. » Car il a bien compris que sans club de Ligue 1, il manquait un projet pour pouvoir accompagner les plus talentueux. « On a Tours qui bosse bien, Châteauroux et même Orléans qui est présent au niveau national dans toutes les catégories. Mais vis-à-vis des parents ou même des jeunes, c’est plus sécurisant d’opter pour un centre de formation de Ligue 1 avec un nom bien établi comme Rennes, Monaco ou encore Lyon. » Une situation qui n’empêche pas Laurent Cadu de garder un optimisme à toute épreuve : « On a moins de moyens que Rennes ou Monaco, pas mal de gamins du pôle espoirs ont donc déjà signé dans de plus gros clubs. Mais je suis persuadé qu’on aura bientôt une belle génération de joueurs de Ligue 1 originaires du Centre. » Voire des internationaux en puissance à la Florent Malouda.
Les grands clubs formateurs
On l’aura bien compris, la région Centre-Val-de-Loire manque d’un club puissant capable d’exister en Ligue 1 et d’être par la même occasion une porte d’entrée dans le haut du panier professionnel pour ses talents. Malgré tout, les trois clubs pros – Tours, Orléans, Châteauroux -, ainsi que le réseau de clubs amateurs « bossent bien et disposent de bonnes infrastructures, notamment des terrains synthétiques de qualité » , assure Bouquet. Les terrains, c’est d’ailleurs l’un des points forts du football du Centre selon Cadu, qui argumente en rigolant « que dans ce cadre rural, on ne manque pas de terrains pour jouer, contrairement à certains clubs d’Île-de-France » . Mais surtout, les clubs formateurs de la région peuvent selon lui offrir à leurs pensionnaires un tryptique magique : « Structure de qualité, cadre familial et projet scolaire solide. » D’autant plus qu’Orléans ou Tours peuvent même offrir une éducation supérieure. « On est d’ailleurs observé en ce qui concerne le sport universitaire » , assure Bouquet. Faute d’un statut « élite » , les clubs formateurs locaux ne peuvent cependant pas recruter à plus de 50km de leur location pour des U15, et axent donc leur sélection sur du local. Avant de récupérer les recalés des grands clubs nationaux, « pour qui on a l’avantage d’être plus patients » . La preuve ? « L’an dernier, Châteauroux était encore au-dessus de la moyenne nationale avec trois nouveaux contrats pros pour des jeunes formés au club par saison. On a une vraie carte à jouer, même si c’est une carte sur la Ligue 2. » Ce sera le maximum tant qu’un club du Centre n’aura pas tapé l’incruste en Ligue 1.
L’équipe type :
Maury-Cissokho, Cétout, Koné, Houtondji-Doumbia, Bulot, Sanson-De Préville, Thauvin, Germain
La liste des 23
Gardiens : Clément Maury (Gazélec Ajaccio), Olivier Sorin (Rennes), Bingourou Kamara (Tours)
Défenseurs : Aly Cissokho (Aston Villa), Emmanuel Imourou (Caen), Julien Cétout (Nancy), Johann Obiang (Châteauroux), Lamine Koné (Sunderland), Cédric Houtondji (Auxerre),Thibault Cillard (Tours), Florian Miguel (Tours)
Milieux : Tongo Doumbia (Toulouse), Benjamin Nivet (Troyes), Morgan Sanson (Montpellier), Baptiste Santamaria (Tours), Adam Ounas (Bordeaux), Frédéric Bulot (Reims)
Attaquants : Nicolas de Préville (Reims), Valère Germain (Nice), Florian Thauvin (Marseille), Corentin Jean (Troyes), Mohamed Larbi (Gazélec Ajaccio), Mathieu Dossevi (Standard Liège)
Tous propos recueillis par Nicolas Jucha
NB : Est considéré comme « sélectionnable » tout joueur né en Centre-Val-de-Loire ou formé au moins une saison dans la région, sans distinction de nationalité.