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Norrköping, 26 ans plus tard
Norrköping, un nom qui ne parle à personne, et pourtant, il s'agit du tout frais champion de Suède. Un sacre inédit ? Pas du tout, avec ce treizième titre, les Snoka ont l'un des palmarès les plus imposants du pays de Zlatan. Présentation.
Nörrkoping, une ville que personne n’arriverait à placer sur une carte et pourtant… 10e ville de Suède par sa population, la cité du Sud-Est du pays possède également un club phare dans l’histoire du football suédois. Quand le monde venait à bout du nazisme et replongeait dans la guerre froide, le club fondé en 1897 par des étudiants connaissait une période faste. Mais depuis 1989, et la chute de l’URSS, ceux qui se faisaient appeler Guldköping n’ont plus réussi à remporter autre chose que deux coupes, en 1991 et 1994. Un affront qui a été lavé ce week-end, quand, au terme d’un sprint avec l’IFK Göteborg, les hommes de Janne Andersson ont pu soulever le trophée Lennart Johansson. Une grande surprise.
Un Hongrois qui change tout
Revenons en arrière. Alors que le championnat suédois s’organise dès 1924, les débuts sont loin d’être spectaculaires pour l’IFK Norrköping. Régulièrement dans l’ascenseur, l’équipe n’arrive même pas à être le club phare de sa ville, restant dans l’ombre de l’IK Sleipner. Mais tout a changé en 1942, quand Torsten Johansson fit son arrivée dans le staff. Cet ancien joueur du club avait la volonté de faire des Peking le plus grand club du pays, et il y a mis les moyens. Pas à coups de millions, mais en recrutant Lajos Czeizler. Le mariage entre le technicien hongrois au nom imprononçable et le tout aussi imprononçable Idrottsföreningen Kamraterna Norrköping allait prendre. Le style de jeu tout en passes rapides du futur sélectionneur italien permettait à l’IFK de remporter son premier titre en 1943. Mieux encore, à peine deux mois plus tard, c’est la Coupe qui était gagnée à la faveur d’un match d’appui contre l’AIK Solna. La légende était en route ? Pas du tout. Comme tout mariage fragile, il n’a pas fallu attendre un an avant que le soufflé ne retombe. La saison 1944 s’achevant sur une triste quatrième place.
Familles, bowling et orientation
Le champion était touché dans son orgueil, et la réaction allait faire mal. En 1944, grâce notamment à l’arrivée de Gunnar Nordahl, Norrköping allait marcher sur la Suède. Cet attaquant, futur meilleur buteur de l’histoire du Milan AC, permettait à son équipe et à ses frères Bertil et Knut de remporter quatre titres consécutifs entre 1944 et 1948. Un record qui n’a été qu’égalé dans les années 90 par Göteborg. À l’époque, le onze avait d’ailleurs des airs de réunion de famille, puisque les trois frères Holmqvist et la fratrie Stéen jouaient aussi pour les Snoop. Cette réussite n’allait pas tarder à taper dans l’œil du Milan AC qui allait dépouiller le club de son entraîneur et de ses meilleurs joueurs. Quelques années dans le ventre mou et le club qui possède aujourd’hui encore des sections de bowling et de course d’orientation reprenait du poil de la bête pour remporter quelques titres. 1952, 1960 et encore deux doublés 1956-1957 et 1962-1963. De nouveaux titres, et toujours une inspiration austro-hongroise, l’entraîneur étant Karl Adamek pendant une grosse moitié des années 50. Un style de jeu d’Europe centrale qui allait influencer le jeu suédois.
Un titre après tirs au but au match d’appui
Après onze titres et deux coupes en 20 ans, l’apogée des VitaBla allait s’essouffler. Mais malgré l’absence de titre, les Peking resteront un monument du football suédois, ne connaissant qu’une saison en deuxième division en 1983. Et pour quel retour ! Deux fois vice-champion, le club historique allait retrouver son trône en 1989. Deuxième de saison régulière, l’équipe fanion de la ville d’Ostrogothie allait venir à bout de Malmö en finale de play-offs après tirs au but lors du match d’appui. Après être retourné en deuxième division au changement de millénaire, c’est à nouveau contre Malmö que les hommes de Janne Andersson ont remporté le titre 2015. Aujourd’hui, ces 26 saisons de disette sont oubliées. Comme l’a dit l’entraîneur : « Nom de Dieu, on est champions de Suède. »
Par Nicolas Kohlhuber