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Norbert Hauata, le seul arbitre français de la Coupe du monde

Par Matthieu Rostac
Norbert Hauata, le seul arbitre français de la Coupe du monde

Aucun arbitre français n'a été sélectionné pour participer à la prochaine Coupe du monde, renvoyant dans les cordes une nouvelle fois les maîtres de cérémonie de Ligue 1. Faux ! Un Tahitien fait partie du trio arbitral océanien choisi pour participer à l’événement : Norbert Hauata. Un homme qui a « la passion et l'amour de l'arbitrage ». Quand il n'est pas sur un chantier ou à pêcher sur son canoë.

« Désolé, je t’ai pas entendu tout à l’heure, je coupais du bois. » À l’autre bout du fil et de la planète, les apparences sont trompeuses pour Norbert Hauata, 35 ans et domicilié à Moorea, à trente minutes de bateau de Papeete. Ce dernier n’est pas charpentier. Enfin, pas tout à fait. Si Norbert est bien ouvrier dans le bâtiment cinq jours par semaine pour « subvenir aux besoins de la famille » , le Tahitien a fait récemment la une des journaux locaux – et un petit peu plus – pour d’autres raisons. Même s’il dépend de la Fédération tahitienne de football rattachée à la Confédération du football d’Océanie, il est le seul Français du contingent arbitral de la Coupe du monde 2014. Un rêve éveillé pour celui qui, il y a quinze ans, est devenu un homme en noir à la suite d’une « envie d’occuper les week-ends. Dès mes six ans, j’ai fait du sport : le premier magasin était à un kilomètre de ma maison donc pour aller faire les courses, je courais. Pour aller à l’école, je courais. J’aimais aussi jouer au football et j’avais un oncle qui avait été arbitre avant moi. Il m’a poussé à suivre la voie. »

« J’avais les larmes aux yeux »

Dix ans plus tard, en 2008, Hauata devient arbitre international. Désormais, il partage ses fins de semaine entre les matchs de championnat tahitien, devant 200 à 300 personnes, et la Ligue des champions océanienne. « Je reviens d’Auckland, j’ai arbitré la finale entre Auckland City FC et Amicale FC, un club de Vanuatu. C’est ma sixième finale en six ou sept ans » , annonce-t-il, pas peu fier de lui. En attendant le Brésil, l’acmé du Tahitien s’est produite lors d’un match amical Nouvelle-Zélande – Jamaïque qui avait réuni plus de 17 000 personnes il y a de ça deux ans. Pour autant, le Maracanã et ses 80 000 places sont loin de lui faire peur : « Chaque fois que je croise des gens à Tahiti, c’est : « Alors, quand est-ce que tu pars ? Alors, le Brésil ? » Je vais pas te mentir, j’y pense même pas à cette Coupe du monde. C’est une façon de pas stresser avant d’y être. J’ai juste doublé les entraînements et je me prépare mentalement. En tout cas, j’ai reçu mon ticket d’avion il y a deux mois, donc je peux le dire maintenant : j’y vais, au Brésil ! » Un flegme qui tranche avec la frénésie d’il y a quelques mois lorsqu’on lui a annoncé qu’il était sélectionné comme arbitre de soutien – autrement dit, sur le pied de guerre pour remplacer un possible trio arbitral défaillant – pour le Mondial brésilien. « C’est un copain qui m’a appelé à 5 heures du matin, j’étais encore dans mon lit avec ma fille qui dormait à mes côtés, rigole Hauata. Il me dit :« No ! Félicitations ! – Félicitations de quoi ? – Tu vas au Brésil mon ami, t’as été pris pour le Mondial ! » J’avais les larmes aux yeux. J’ai reçu des coups de fils de 7 heures du matin jusqu’à 22 heures ! Je m’y attendais pas. J’espérais un peu, oui. 20%, 10%, on va dire. »

« Le Petit Poucet, il a bien grandi ! »

Entre-temps, Norbert a pu parfaire sa préparation en Suisse aux côtés des plus grands arbitres mondiaux. « Quand je suis arrivé, je me suis dit que j’étais le petit poucet parmi tous ces gens. Chaque séminaire, c’est du haut niveau donc il faut être au top. Eh ben le petit poucet, il a bien grandi ! » claironne-t-il. Une ambition à laquelle cet adepte de Pierluigi Collina – « c’était le Dieu de l’arbitrage » – a semblerait-il pris goût. Quand on lui demande quel est le meilleur arbitre actuellement, la réponse ne se fait pas attendre : « Pour l’instant, on ne peut pas savoir qui est le meilleur arbitre parce que la finale n’est pas jouée. Je peux être réserviste comme je peux arbitrer la finale de la Coupe du monde. En 2010, c’était Howard Webb l’arbitre de la finale, donc à l’époque, c’était lui le meilleur. Mais tant que la finale n’est pas jouée, on ne peut pas savoir. » Une Coupe du monde dans la Coupe du monde à laquelle ne se mêlera pas Stéphane Lannoy, au grand désarroi de Hauata. « On a été en sélection tous les deux l’année dernière et on discutait à chaque fois ensemble parce qu’on parle français. Là, je dois parler anglais. Stéphane Lannoy, c’est notre modèle français, donc je suis déçu pour lui » , lâche-t-il. Selon l’arbitre tahitien, il ne faut pourtant pas y voir une baisse de forme des hommes en noir français, vertement critiqués ces derniers temps dans l’Hexagone. Une situation que Hauata résume à sa manière : « C’est toujours l’équipe qui perd qui critique. Les supporters, le club, etc. Jamais t’entendras le vainqueur critiquer. Mais l’arbitrage français n’a pas changé. Il a toujours le même niveau, c’est-à-dire un bon niveau. Peut-être qu’un peu de soutien supplémentaire de la FFF leur ferait pas de mal. Moi, je suis toujours content quand la FTF me soutient parce que c’est dur à supporter tout seul. »

« Faut pas qu’on commence à parler pêche »

Tout seul, c’est bien de cette façon que Norbert défendra fièrement l’honneur arbitral de la France à la Coupe du monde 2014, qu’importe sa « nationalité » sportive officielle. « Je suis très heureux de représenter le peuple français. Dans Polynésie française, il y a le mot « française ». On fait partie de la République française, on a un passeport français, impose-t-il. Si on parle de moi en tant qu’arbitre français, je suis content. Arbitre tahitien, je suis content aussi. Je suis entre les deux. » Alors qu’il s’envolera dans les jours qui viennent pour le Brésil, Norbert Hauata n’espère que deux choses. La première, à court terme, est d’arbitrer la Seleção sur ses terres : « Pourquoi pas, tant qu’on y est ? C’est le pays du ballon rond ! » La seconde, plus tard, serait de jouer du sifflet sur les terrains de Ligue 1, à plus de 15 000 kilomètres de son île de Moorea natale. « Deux, trois matchs par mois en métropole, ce serait bien. Même un, ça me suffirait amplement » , confesse-t-il, peu inquiet des températures sibériennes que peut offrir un Metz-ETG. Si jamais ces deux vœux ne s’exaucent pas, Norbert Hauata poursuivra son petit bonhomme de chemin comme il l’a toujours fait, « en prenant la vie comme elle vient » . Autrement dit couper du bois du lundi au vendredi, arbitrer le dimanche et, entre, sans doute un peu de pêche. « Ah ouais, mais faut pas qu’on commence à parler pêche, prévient le Tahitien. Dans le ventre de ma mère, déjà, j’aimais la pêche. J’ai un copain qui est professeur de pêche sous-marine, ancien champion polynésien. Ma passion pour la mer vient de lui : quand je suis né, il a pris mon cordon ombilical et il l’a jeté à vingt mètres de profondeur juste en face de là où j’habite maintenant. » Accompagné d’un sifflet ?

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