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Non, surtout pas Messi au PSG
L’annonce de la séparation entre Lionel Messi et le Barça a secoué la planète. Longtemps annoncé, redouté ou prédit, l’improbable divorce pose évidemment la question de la suite de la carrière de l'Argentin de 34 ans. Parmi les possibles points de chute souvent évoqués, le PSG, autant pour des raisons économiques qu’au vu de ses ambitions sportives, pointe en tête de liste, surtout depuis que City a vidé son portefeuille pour Jack Grealish. Or, rien ne serait pire que de voir cet immense footballeur venir gonfler inutilement l’effectif parisien et y nourrir la guerre des égos.
Un Messi au PSG. Cela sonne fort. Voici cinq ans, cette arrivée aurait peut-être pu faire sens, signifier quelque chose au regard du projet QSI. Même aujourd’hui les arguments ne manquent pas pour justifier une telle folie, notamment financière : vente de maillots, relation avec Neymar, quête d’une Ligue des Champions, etc. Et puis évidemment cette fameuse formule de plateau télé « Messi en Ligue 1, quelle chance ! » Tous ceux qui ont pu observer le joueur exercer son art au Nou Camp ou ailleurs, se réjouiront à l’idée qu’à Clermont ou Lorient, des gamins puissent aussi dire un jour à leur propre descendance : « Il a planté un coup franc, j’étais juste derrière le but au Moustoir » . Le doute, lancinant, ne se situe naturellement pas à ce niveau. Le sextuple Ballons d’Or apportera probablement, en soi, quelque chose au foot français ou même aux sponsors maillots du club de la capitale.
Messi ou l’équipe ?
Un Messi au PSG serait toutefois surtout une terrible erreur pour le club. Comme si aucun des enseignements du passé, même récent, n’avait été retenu. Cet été, Paris a fait flamber, malgré le contexte tendu, le mercato. Il l’a fait en recrutant des joueurs libres (Ramos, Donnarumma, Wijnaldum) et a pour l’instant plutôt finement négocié son recrutement. Pourtant, les échecs d’hier, et surtout de la saison précédente, ont d’abord démontré que la faiblesse du PSG ne résidait pas dans l’absence de talent ou de noms prestigieux apposés sur la feuille de match. Répétée à l’envi, l’antienne demeure vraie parce que toujours vérifiée : il ne manque pas de joueurs au Parc, mais une équipe, qui n’apparaît que trop rarement lors de certaines prestations. Un Hakimi bien esseulé lors du Trophée des Champions contre un LOSC, qui au contraire a démontré sa cohésion, l’a encore illustré terriblement.
Grandir seul
Un Messi au PSG reviendrait de nouveau à supposer qu’un grand joueur peut rendre un club grand. Or l’histoire nous apprend souvent l’inverse. Il serait surtout temps que le PSG rende grand ses joueurs par le palmarès, le parcours, l’aventure, la légende. Cela se construit, on ne l’obtient pas par un transfert au goût de FIFA 21. L’affection du public et des supporters pour des personnalités aussi différentes et éloignées à travers leur profil et l’histoire que Susic, Rai, Pauleta ou Pastore, souligne, par l’amour des tribunes, l’importance de cette hiérarchie entre le joueur et son club. Il ne s’agit évidemment pas de tenir en retour un procès en fidélité à Messi – il n’y a après tout qu’un seul Totti. Juste de se demander ce qu’il pourrait amener à cette fameuse institution PSG toujours en chantier. Quels supporters se presseraient pour obtenir des tickets juste pour un post sur les réseaux sociaux de l’ancien héros du Camp Nou désormais en exil au Parc ? Et pour conclure, comment un Pochettino qui apparaît déjà bien embêté pour finaliser son équipe type et son schéma tactique, arriverait-il a situer l’ex-Barcelonais, qui de fait réclamerait légitimement, par son statut, qu’une partie du jeu parisien se façonne autour de lui et de ses exigences ? Anticipons les critiques, y compris en cas de succès de la formule, sur le long terme, le génie, grandi à l’ombre d’un Barça bienfaiteur, serait-il en capacité d’instiller dans sa potentielle nouvelle maison la magie qui vous en transforme en « un grand d’Europe » ?
Par Nicolas Kssis-Martov