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Non, la France n’est pas encore championne du monde
Avec trois prolongations consécutives dans les jambes, la Croatie semble au bout du rouleau avant la finale de Coupe du monde face à la France qui se profile ce dimanche. Mais les Bleus n'ont pas encore sabré le champagne. Il suffit de rembobiner deux ans en arrière...
Le visage de Luka Modrić au moment de sa sortie à la 119e minute de cette demi-finale face à l’Angleterre en disait long sur la fatigue du milieu de terrain du Real Madrid. Il faut dire que ce n’est pas une, mais trois prolongations consécutives – soit l’équivalent d’un match supplémentaire, tout de même – que les Croates ont dans les pattes. Avant de venir à bout des Anglais en 120 minutes, ils ont eu besoin des tirs au but pour écarter les Danois en huitièmes et les Russes en quarts. Ajoutez à cela la possible blessure de Mario Mandzukić, qui n’en finit pas de prendre des coups, le jeu pas toujours flamboyant de la Croatie et le jour de repos en moins des hommes de Zlatko Dalić, et vous comprendrez que l’équipe de France est, sur le papier, largement favorite de cette finale de Coupe du monde. De là à penser que les Bleus sont déjà champions du monde ? Pas vraiment.
Souviens-toi l’été 2016
Retour deux ans en arrière. Vainqueur de l’Allemagne (2-0) en demi-finales de l’Euro, la France retrouve le Portugal pour une finale au Stade de France. Un rencontre déjà gagnée d’avance selon beaucoup de supporters et de médias, tant le Portugal au jeu jugé parfois « dégueulasse » n’a pas vraiment convaincu dans ce championnat d’Europe. Contrairement aux Français qui viennent alors de sortir le champion du monde en titre allemand. Sauf que finalement, rien ne se passe comme prévu, et un certain Éderzito António Macedo Lopes vient gâcher la fête nationale d’une improbable frappe croisée.
Un traumatisme qui semble avoir servi d’exemple aux joueurs de l’équipe de France, à l’image de Paul Pogba qui a tenu à calmer l’euphorie ambiante quelques minutes après la victoire face à la Belgique : « C’est beau ! Mais ce n’est pas fini.(…)À l’Euro, on a fait quelque chose d’extraordinaire. On a battu les Allemands. Mais on est passés à côté pendant la finale, et ça, il ne faut pas l’oublier. J’ai toujours ce truc en tête de l’Euro. Je ne veux pas que ça recommence. » Même son de cloche chez Didier Deschamps qui est très vite redescendu sur terre après avoir laissé éclater sa joie sur la pelouse du stade Krestovski de Saint-Pétersbourg : « On a cinq jours, et l’objectif, on le connaît, et on va tout faire pour être du bon côté, parce qu’il y a deux ans, c’était si terrible et douloureux. »
La force mentale croate
Ne pas répéter les erreurs de 2016. À l’image de Paul Pogba ou encore Olivier Giroud, les Bleus présents en finale de l’Euro n’ont que ça en tête et comptent bien le faire comprendre aux plus jeunes, comme l’affirme le capitaine Hugo Lloris : « Ceux qui y étaient auront leur mot à dire. Le groupe vit bien, on échange, les jeunes sont réceptifs et c’est important. On a l’expérience de cette mésaventure et on va tout mettre en œuvre pour mettre les avantages de notre côté pour gagner ce match. » Il faudra au moins cela pour ne pas jouer la finale avant dans sa tête et se voir déjà champion du monde. Car c’est vrai, Dejan Lovren ce n’est pas Raphaël Varane, Marcelo Brozović ne tient pas la comparaison face à N’Golo Kanté, les joueurs sont cramés physiquement, mais, en plus d’avoir dans leurs rangs les soyeux Luka Modrić et Ivan Rakitić, ainsi qu’un numéro 9 comme Mario Mandzukić (qui marque, lui), les Croates ont certainement le plus gros mental de cette Coupe du monde.
Un mental d’acier qui permet à Luka Modrić de transformer son tir au but, quelques minutes après avoir manqué le penalty de la victoire face aux Danois, qui permet encore à Danijel Subašić de serrer les dents malgré la douleur et de stopper la vilaine Panenka de Fyodor Smolov, et surtout qui fait que la Croatie ne semble jamais paniquée durant une rencontre. Dominés pendant les trente premières minutes face à l’Angleterre et menés au score, les hommes de Zlatko Dalić ont su faire le dos rond, souffrir, avant de se jeter vers l’avant. Comme s’ils savaient qu’ils allaient revenir au score et arracher une prolongation. Il faut dire que les cinq derniers matchs à élimination directe des Croates, Coupe du monde et Euro confondus, se sont tous terminés après le temps réglementaire. Leurs deux dernières rencontres terminées au bout des 90 minutes ? Le match de la troisième place remporté face aux Pays-Bas (2-1) en 1998 et la demi-finale perdue face à la France (1-2) quelques jours avant. Et ce n’est pas un argument de plus pour commencer à ouvrir le champagne.
Par Steven Oliveira