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Non, il n’est pas trop tard pour tomber amoureux de l’Atalanta
Après la masterclass servie face au Torino (0-7), l’Atalanta est venue prouver qu’un coup d’arrêt ne suffirait pas à enrayer complètement son inexorable marche en avant. Le club de Bergame n’est pas seulement la meilleure attaque de Serie A, il est plus que jamais un prétendant très sérieux à une deuxième participation consécutive à la Ligue des champions.
Gian Piero Gasperini n’en espérait sûrement pas tant pour son anniversaire. Alors que ce dimanche, le Mister souffle sa 62e bougie, ses joueurs lui ont offert un sacré cadeau un peu en avance : une victoire 0-7 sur la pelouse du Stade olympique de Turin, face à un Torino chez qui l’Atalanta n’avait plus gagné en Serie A depuis treize ans. Surtout, au-delà de ce deuxième succès en ayant marqué sept fois cette saison (la dernière fois, c’était en octobre face à l’Udinese, 7-1), la Dea s’est rattrapée de la meilleure des manières, après avoir été surprise chez elle la semaine dernière, par une SPAL toujours en course pour le maintien. Surtout, les Nerazzurri ont prouvé que le travail entamé depuis bientôt quatre ans avec l’arrivée de Gasperini sur le banc bergamasque servait bel et bien à quelque chose : ils font désormais partie du top de la D1 italienne.
Le Prince Josip
Lorsqu’à la 53e minute, Josip Iličić plante un époustouflant lob à 45 mètres, il ne vient pas seulement d’inscrire l’un des buts de la saison, il vient d’offrir à l’Atalanta sa 250e réalisation depuis que Gasperini a pris les commandes du club à l’aube de la saison 2016-2017. Et c’est tout sauf un hasard, car la plus grande caractéristique du Mister, c’est son jeu perpétuellement porté vers l’avant, un jeu qui ne tolère aucun relâchement et aucun tire-au-flanc. En témoigne sa solide défense à trois et une paire d’attaquants parfaitement modulable, comme on l’a vu pendant les trois mois d’absence du pistolero Duvan Zapata. Alors que la blessure aux adducteurs du Colombien en octobre dernier laissait présager un coup d’arrêt, Iličić (31 ans) a pris tout le monde de court et en a profité pour se sublimer : sur les dix derniers matchs de l’Atalanta, le Slovène n’est resté muet qu’à trois reprises : contre Cagliari (mais il avait été expulsé peu avant la pause), le Hellas Vérone (mais il était sorti blessé à la demi-heure de jeu) et l’Inter (mais bon, tout le monde a droit à un jour sans, n’est-ce pas ?).
Sur les sept matchs restants, Josip Iličić, c’est douze buts marqués, dont un triplé et trois doublés, excusez du peu. Avec le soutien de l’indéfectible Papu Gómez (deuxième meilleur passeur du championnat avec neuf assists, derrière l’incontournable Luis Alberto) dans le rôle du capitaine et meneur de jeu, la Dea vole au-dessus de la concurrence : 57 buts marqués en 21 journées, soit dix-huit de plus que la Juventus, partie de son côté pour remporter un neuvième titre de champion consécutif. Il demeure un peu plus d’une classe d’écart pour espérer un jour caresser l’ambition du Scudetto, mais qu’importe. Journée après journée, l’Atalanta est devenue l’équipe la plus sexy à regarder en Serie A. Et c’est déjà pas mal.
Beauté sans complexe
D’autant plus que ce mélange de jeunes pépites encadrées par de vieux routiers du championnat italien a encore l’opportunité de montrer ce qu’il vaut sur la scène européenne. Après sa qualification historique en huitièmes de finale de la Ligue des champions, la petite Dea, sur qui bien peu auraient parié un kopek quant à une sortie des poules pour sa première participation à une C1, va bientôt rencontrer Valence, son équivalent espagnol, au vu de la facilité qu’ont les deux équipes à jouer sans complexe. Et si ce duel, probablement le moins ronflant sur le papier, s’avérait finalement être le plus palpitant ? Réponse les 19 février et 10 mars prochains.
En attendant, l’Atalanta est parvenue à ne pas tomber dans le piège de jouer plusieurs compétitions à la fois et, malgré une regrettable élimination en Coupe face à la Fiorentina, continue de se battre pour les premières places du championnat. Sa victoire face au Torino lui permet de repasser devant la Roma, grâce à une différence de buts très très favorable évidemment, à la quatrième place, la dernière à délivrer un ticket pour la Ligue des champions. Autant d’arguments pour suivre intensément la Dea jusqu’à la fin de la saison et plus, si affinités. Avec son Stadio Atleti Azzurri d’Italia en cours de rénovation, Bergame vaut le détour. Pas seulement pour admirer les splendeurs de son patrimoine ou déguster une polenta au sanglier dans une échoppe de la Citta Alta. Dans son recueil de nouvelles Sanction, l’écrivain allemand Ferdinand Von Schirach résume le fait de tomber amoureux comme « un processus extrêmement complexe. Au départ, nous ne sommes pas amoureux de notre partenaire, mais de l’image que nous nous faisons de lui. Lorsque cette image est rattrapée par la réalité, autrement dit, lorsque nous comprenons qui est vraiment l’autre, la relation entre dans une phase critique. » Heureusement que la critique peut être parfois positive. La Regina delle provinciali ne manque pas d’atouts pour charmer ceux qui la regarderont.
Par Julien Duez