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Non, ce n’est pas une Ligue des champions au rabais !
Dimanche, le PSG disputera la première finale de Ligue des champions de son histoire. Et s’il s’impose face au Bayern, il deviendrait le second club français de l’histoire à s’offrir le Graal européen. Sans avoir, à aucun moment, le sentiment d’avoir disputé une parodie de Ligue des champions.
Dimanche 22 août, il sera impossible d’apercevoir le moindre maillot estampillé « PSG » autour du Vieux-Port à Marseille. C’est la décision prise par le préfet de police des Bouches-du-Rhône, qui craint des débordements à la suite de quelques heurts en marge de la demi-finale Leipzig-PSG de mardi dernier. La preuve, bien qu’un poil extrême, que le parcours actuel du Paris Saint-Germain en Europe ne laisse pas indifférent les plus fervents supporters de l’OM. Depuis 1993 et un coup de boule de Basile Boli, le totem d’immunité de l’OM fait son effet saison après saison. Il est l’argument imparable de la domination historique du club marseillais sur le reste de la France, faisant de lui la référence française ultime en Europe. L’unique et heureux élu, en quelque sorte. Encore à ce jour, le club olympien est toujours le seul à avoir remporté la Ligue des champions. Ce n’était pas la même formule, une autre époque, mais, et à raison, tout le monde ne retient que la victoire finale de l’OM face au grand Milan de Fabio Capello. Et il devra en être de même si Paris renverse le Bayern dimanche à Lisbonne.
Rien à prouver
Tandis que le club de la capitale est en train d’écrire la plus belle page européenne de son histoire, d’autres mettent d’ores et déjà en avant un tirage abordable ou une formule « plus simple » pour expliquer la réussite parisienne. Il n’en est rien, bien évidemment. À force de se planter les années précédentes, le PSG a montré qu’il avait appris de ses erreurs. Il s’est créé une force mentale qui lui faisait défaut, en se transformant en équipe capable de refaire son retard ou de tout simplement maîtriser son sujet. Avant la période du confinement, qui serait là aussi un argument expliquant le déclic du club de la capitale, Paris avait terminé premier de sa phase de poules devant le Real. En lui flanquant une raclée à l’aller, et en allant puiser dans ses réserves pour choper un nul au Bernabéu.
Ensuite, il a éliminé le Dortmund du bionique Erling Håland qui avait su s’extirper du groupe de la mort Barça-Inter-Slavia. Post confinement, c’est l’Atalanta, meilleure attaque de Serie A et sensation européenne de l’année, qu’il a fait chavirer dans le temps additionnel d’un match qu’il était loin de maîtriser. Enfin en demies, il a muselé Leipzig, tombeur de Tottenham (le finaliste de l’an dernier) et de l’Atlético de Madrid de Diego Simeone au tour suivant. À aucun moment, le PSG n’a choisi ses adversaires et donc son parcours. Il n’est pas responsable de la faillite des habitués du carré VIP. Comme il n’avait pas choisi, les années précédentes, de toujours se coltiner le Barça ou le Real dès les huitièmes ou quarts de finale. Vous croyez sincèrement qu’on rappelle chaque année au Stade de Reims qu’ils ont éjecté Aarhus, le MTK Budapest et les Hibernians avant de rejoindre le Real en finale de Coupe des clubs champions en 1956 ? Eh bien non, on retient simplement la brillante épopée rémoise de la bande à Raymond Kopa. À juste titre, car cela ne sert à rien de comparer les époques et la quantité ou la qualité des marches qu’il a fallu gravir pour y parvenir. Demandez ensuite au FC Barcelone, humilié en mondiovision par le Bayern (8-2), si cette campagne européenne ne restera pas dans les annales.
Le prestige sera de la partie
Malheureusement, il n’y aurait pas que le pedigree de ses victimes qui ternirait le parcours de Paris. Il y aurait aussi ce format à élimination directe qui rendrait la route vers la finale plus dégagée. Sur ce point, il est vrai que le PSG est historiquement – du moins en France – une équipe de Coupe quelle que soit la période. La réalité, c’est qu’il est impossible de savoir ce qu’il se serait passé si le coronavirus n’avait pas obligé les championnats à s’arrêter. Comme il est impossible de savoir si l’arrêt total du championnat de France, bien que regretté par Jean-Michel Aulas, a joué en faveur de Paris ou de Lyon sur le plan physique. Ce ne sont que des élucubrations qui n’ont aucun sens, si ce n’est celui de perdre du temps. Dans les faits, le PSG peut décrocher pour la première fois ce après quoi il court depuis bientôt dix ans. Une décennie passée à tâtonner, à se planter, à dépenser, à apprendre, à gagner, et surtout à apprendre à gagner. Même si évidemment, il reste encore une finale à jouer. Un ultime duel face au Bayern, un ogre européen historique, qui sert des salades de phalanges à ses convives à chaque nouveau service. Un club qui s’apprête à disputer sa onzième finale de C1, et qui s’il doit s’avouer vaincu dans la nuit de Lisbonne à la fin du week-end, donnera une dose supplémentaire de prestige à l’épopée historique du Paris Saint-Germain.
Par Andrea Chazy