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Non, Cannavaro n’a pas volé son Ballon d’or !

Par Valentin Pauluzzi
Non, Cannavaro n’a pas volé son Ballon d’or !

Il y a dix ans, jour pour jour, Fabio Cannavaro recevait le seul et unique Ballon d'or de sa carrière. Une juste récompense pour les uns, un sacré braquage pour les autres. Mise au point.

Plateau du Grand Journal, 27 novembre 2006. Gérard Ernault, alors rédacteur en chef de France Football, passe le célèbre trophée à Monica Bellucci. L’actrice italienne, plus belle que jamais, lâche une petite phrase, un sourire irrésistible et transmet le ballon plaqué or à son compatriote. Rasé, tout de noir vêtu (smoking, chemise, cravate), Fabio est heureux, presque surpris. Il savait être parmi les favoris de cette édition 2006, mais ne pensait pas forcément l’emporter. Henry et Buffon étaient également de sérieux prétendants, mais c’est bien lui qui est sacré. Pour certains – voire pour beaucoup –, il fait partie des plus grosses taches du palmarès du Ballon d’or, une impression colportée à coups d’infos erronées, de faits amplifiés et un brin de mauvaise foi. Pourtant, il suffit de reprendre un à un les critères de vote pour affirmer qu’il fut un vainqueur tout à fait légitime.

Ensemble des performances individuelles et collectives (palmarès) pendant l’année considérée En 2006, Fabio Cannavaro remporte donc le trophée le plus important, la Coupe du monde, en étant le capitaine de l’Italie, mais aussi l’un des joueurs clés de l’équipe de Marcello Lippi. Sept rencontres disputées à un niveau de jeu ahurissant sans la moindre erreur. Un mur infranchissable. Jamais un défenseur italien n’avait rendu une telle copie durant toute la durée d’une grande compétition estivale. Action significative, celle du 2-0 contre l’Allemagne, avec deux interventions défensives à l’origine du coup de grâce de Del Piero. La forme de sa vie, qui n’était que le prolongement des six derniers mois de la saison 2005-06 avec la Juventus. Un championnat de tous les records conclu avec 91 unités.

Ce Scudetto sera révoqué à la suite de l’affaire Calciopoli, qui portait toutefois sur l’édition précédente. En effet, jamais l’exercice 2005-06 n’a fait l’objet d’une enquête, ne serait-ce que parce que deux des principaux accusés et éléments clés du prétendu système frauduleux mis en place par Moggi (les « désigneurs » d’arbitres) avaient rendu leur tablier à l’été 2005. Reste la seconde partie de saison, au Real Madrid. Une adaptation laborieuse et un duel contre John Carew lors d’un Real-OL qui l’aurait subitement transformé en un vulgaire Luigi Sartor. Pour certains, ces trois mois remettraient tout en question, les mêmes prêchant pour la paroisse de Zidane, retraité dès juillet et 5e lors de cette édition (et même 2e au FIFA Wolrd Player.)

Classe de joueur (talent + fair-play) Sens de l’anticipation, détente, jeu de tête, marquage, timing. Cannavaro n’avait pas l’élégance et la relance de Maldini ou Nesta, mais il avait tout le reste. L’un des défenseurs les plus talentueux et efficaces de sa génération. S’il ne transpirait pas le fair-play, car adepte des petits coups en douce, il n’avait rien d’un salopard. Son intégrité morale fut remise en cause un an plus tôt via la publication de la part de la Rai d’une vidéo personnelle datant de 1999 où le joueur se fait injecter une substance. Moche certes, mais le Neoton ne figurait pas sur la liste des produits dopants. Pour certains, ce fut suffisant pour en faire un exemple à ne pas suivre, les mêmes prêchant pour la paroisse de Zidane et son coup de tronche à Materazzi.

Carrière Cannavaro a alors trente-trois ans et fait partie de la crème de la crème à son poste depuis une décennie. Ses débuts au Napoli, son passage dans le sémillant Parme qui le fait entrer dans la cour des grands et ses deux saisons au rendement extrêmement élevé à la Juve. Une véritable renaissance qui faisait suite à un passage décevant à l’Inter, le seul à blâmer. À ses 400 matchs en Serie A, il ajoute les 105 capes avec la Nazionale dont il porte le brassard depuis quatre ans. Son palmarès finalement pas si étoffé ne rendant pas grâce aux nombreux accessits.

Personnalité, rayonnement Tête levée, regard ténébreux, torse bombé, Cannavaro pue le charisme et fait rayonner son aura sur ses coéquipiers qu’il sait transcender par sa culture de la gagne. Peu bavard, celui qui s’est forgé un caractère d’acier dans les difficiles quartiers de Naples en impose par sa seule présence sur et en dehors du terrain du haut de son petit mètre 76. Non, Fabio n’a rien volé et le véritable scandale de cette édition fut plutôt la présence parmi les cinquante nommés de Tim Cahill ou d’Edinson Méndez au détriment d’un certain Marco Materazzi.
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