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Nom d’une pipe, pourquoi Gabigol ne joue-t-il jamais ?
Censé être le nouvel attaquant frisson made in Brazil, Gabriel Barbosa s'enlise sur le banc de l'Inter, où il n'a quasiment pas joué depuis le début de la saison. Complètement mis sur le côté par de Boer, il espère des jours meilleurs sous le règne de Pioli.
Seize minutes de jeu. C’était le 29 septembre dernier, lors d’un match nul (1-1) quelconque entre l’Inter et Bologne, lors de la 6e journée de Serie A. À la 74e minute, Frank de Boer s’était enfin décidé à donner un bout de match à son attaquant brésilien, Gabriel Barbosa. À part ça, rien du tout, sauf de malheureuses apparitions dans des matchs amicaux face à Lugano ou Renate. Trois mois après avoir été acheté une trentaine de millions d’euros par l’Inter, Gabigol coûte donc presque 2 millions d’euros par minute de jeu. En bref, affirmer que son passage à Milan est en train de tourner au vinaigre est un doux euphémisme. À sa décharge, le Brésilien est arrivé de Santos au début du mois de septembre, a raté la préparation interista en participant aux Jeux olympiques, et a surtout atterri dans un club en pleine pagaille.
Frank de Boer venait tout juste de remplacer Mancini sur le banc, et avant qu’il n’ait eu le temps de mettre ses plans en place, la saison démarrait déjà. Fin octobre, alors que l’Inter avait déjà solidement plongé dans les sales places du classement, le coach néerlandais râlait dans les médias italiens : « Quand vous avez plusieurs semaines pour préparer la saison, vous pouvez apprendre à connaître votre équipe. Nous, on a dû faire des tests lors de matchs de championnat. Nous découvrons des problèmes qu’on aurait dû régler en pré-saison, et beaucoup de joueurs sont déçus de ne pas jouer. » En pole position, Gabriel Barbosa. Une situation à première vue aberrante pour un type qui avait été arraché par les Milanais au nez et à la barbe de plusieurs gros clubs européens, et qui avait été présenté comme la recrue de l’été.
Un mariage presque gâché par le Barça
Après un été passé à remporter un titre olympique et à agiter le football européen, Gabriel Barbosa avait finalement trouvé son point de chute : l’Inter. Tant pis pour les autres cadors qui le traquaient, Turinois, Barcelonais, Mancuniens bleus ou rouges, Gabigol sera nerazzurro à la rentrée. L’affaire n’avait pas été aisée, et ce n’est que le 26 août que la nouvelle est officiellement tombée, après des semaines passées à patienter pour cause de tournoi olympique. « Nous allons résoudre cela maintenant. Nous n’avions pas eu le temps, car j’étais aux Jeux olympiques, focalisé sur cela. Maintenant, nous allons pouvoir parler » , avait crânement promis le joueur une fois descendu du podium. Le président de Santos, Modesto Roma, allait enfin pouvoir répondre aux incalculables coups de fil liés à son attaquant de vingt ans.
Quelques jours et une trentaine de millions d’euros plus tard, Barbosa était milanais. Et pas question d’attendre l’hiver pour récupérer le colis, comme c’est souvent le cas avec les joueurs sud-américains à cause du calendrier de leur championnat. L’Inter avait payé pour profiter de son joujou maintenant, et tout de suite. Mais le 4 septembre, le Barça se rebiffait et menaçait de tout faire capoter, et le journal brésilien Globoesporte expliquait que les Catalans envisageaient de saisir la FIFA pour annuler la transaction. Car lors du transfert de Neymar – également en provenance de Santos -, une clause aurait été signée donnant à Barcelone la priorité sur l’achat de joueurs du SFC, dont Barbosa, chose qui n’aurait pas été respectée. Le cirque n’ira pas plus loin, et le Barça doit bien rire aujourd’hui en observant le triste sort de Gabigol.
Sauvé par Pioli ?
Que doit faire l’Inter de lui ? Le début de saison pourri ne se prête pas aux expérimentations, et pas sûr que le public à bout de nerfs de San Siro soit prêt à laisser à Barbosa quelques matchs d’adaptation pour se faire au football italien. Pire, mis à part le gardien Samir Handanovič, la seule satisfaction sportive des Interisti pour l’instant se nomme Mauro Icardi, attaquant à l’efficacité hors norme, que Barbosa n’a absolument aucune chance de déloger dans le 11. De toute manière, Gabigol n’a jamais été un vrai attaquant de pointe, et préfère jouer comme deuxième attaquant, une position qui n’existait pas dans les schémas tactiques de Frank de Boer où il aurait été scotché sur une aile.
Après l’éjection de coach De Boer, viré quatre-vingt-quatre jours après être arrivé, son jumeau Ronald prenait la parole et dévoilait le pot aux roses : « L’équipe n’était pas faite pour jouer avec son style. Il y avait sept ou huit joueurs dont il ne voulait pas, et parmi eux Gabriel Barbosa. Frank n’a pas eu son mot à dire sur son transfert, il est arrivé sans qu’il ne s’y attende. » La solution aux malheurs de Gabriel pourrait donc s’appeler Stefano Pioli, mais en conférence de presse, le nouveau commandant de l’Inter préférait la bonne vieille langue de bois aux franches déclarations d’amour : « Je compte sur tous les joueurs, et c’est moi qui devrai faire des choix. Je pense que Gabriel est un joueur de grande qualité, qui s’entraîne bien. Nous verrons après les entraînements qui aura l’opportunité de jouer. » Le prochain quart d’heure warholien de Barbosa n’est peut-être pas près d’arriver.
Par Alexandre Doskov