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Nolito ou tard
Transféré à Manchester City cet été et désormais membre indiscutable de la Roja, l’Espagnol voit sa carrière décoller à presque trente ans. Une ascension tardive qu’il doit à ses jambes, mais aussi à sa patience et sa réflexion.
« J’étais proche du FC Barcelone, mais au final j’ai décidé d’aller à Manchester City. Je pense que c’était la meilleure décision pour moi et ma famille et je suis heureux de jouer à City. » Interrogé par le Mundo Deportivo, Nolito est tranquille. Sans stress, l’Espagnol rappelle que cet été, City et le Barça étaient en forte concurrence pour le débaucher. Soit deux des six meilleures équipes du monde. Même si tout le monde le savait déjà, la situation force le respect. Et surprend, quand même. Pourquoi ? Parce qu’avant l’Euro, Nolito restait un joueur de second rang qui comptait seulement 550 minutes de Ligue des champions dans sa carrière et qui n’avait réussi « qu’au » Celta Vigo.
Rien ne sert de courir…
Surtout, on parle d’un mec qui avait déjà vingt-neuf ans. Pas vraiment le gars qui représente le futur au vu de son poste qui réclame vitesse et explosivité. Un attaquant trentenaire (le 15 octobre) pas forcément habitué au très haut niveau, donc. Certes. Mais Nolito fait partie de ceux qui se sont découverts sur le tard et ont percé à un moment où on ne les attendait plus. À la Didier Drogba, quoi. Voire à la Steve Savidan. Sauf que quand l’ancien Valenciennois tente des retournés pour sa première sélection en équipe de France à trente bougies et attire les regards de l’AS Monaco, Nolito, lui, constitue l’objet des désirs de Luis Enrique et Pep Guardiola. Il faut dire que l’Andalou n’a jamais été pressé, et a toujours emprunté des chemins qui ne mènent pas forcément directement au sommet.
Après avoir joué dans les équipes réserves de Valence et du Barça, il participe à son premier match en professionnel avec le FCB en octobre 2010. Un mois plus tard, il marque son premier but en Coupe du Roi. Entre les deux, il fête ses vingt-quatre ans. Pas très précoce, hein ? Rendu à la fin de son contrat, Nolito, quatorze parties de Liga au compteur – deux titularisations –, n’est pas conservé par les Blaugrana. Direction le Portugal pour l’artiste, qui signe en faveur du Benfica Lisbonne. Là-bas, il découvre la C1 et soigne ses statistiques – quinze pions toutes compétitions confondues –, mais ne s’impose pas comme un titulaire indiscutable. Dès janvier 2013, il est prêté à Grenade, où tout démarre vraiment pour lui.
De Grenade à la Roja
En six mois, Manuel Agudo Durán, de son nom complet, prend confiance. Élément incontournable du onze type, il n’est pas hyper décisif (trois caramels et une passe décisive), mais impose son style, à savoir du dynamisme sur les côtés marqué par des appels très chiants pour une défense. Sans parler de son jeu sans ballon. Le Celta Vigo saute sur l’occasion et lâche 2,5 millions pour l’Hispanique qui appartient toujours au Benfica. Là, le bonhomme ajoute l’efficacité à son activité. Résultat : une petite quarantaine de tremblements de filets accompagnés de dix-sept assists en trois ans de championnat espagnol, et des convocations en équipe nationale.
Sa première sélection arrive en novembre 2014, à vingt-huit balais. Il mettra un an et demi à se faire une véritable place dans le groupe, avant d’en devenir un des titulaires à part entière à l’Euro, bien aidé par ses deux doublés en avril-mai 2016. Ce qui lui permet de signer à Manchester City, où il a déjà marqué quatre fois en sept parties (Premier League + LDC). À l’heure où Cesc Fàbregas (vingt-neuf ans) et Juan Mata (vingt-huit ans) semblent en avoir terminé avec la Roja, l’aventure ne fait que débuter pour leur compatriote.
Mais Nolito ne doit pas son ascension tardive à la seule sueur de son front. Ce qui l’aide énormément dans sa quête, c’est son intelligence et son entente avec les entraîneurs qu’il côtoie. C’est simple : Nolito ne se plaint pas, Nolito écoute, Nolito comprend, et Nolito exécute. Le genre d’attaquants qui ne joue pas pour l’amour des chiffres, qui accepte de passer du temps sur le banc et qui répond présent quand on l’appelle pour tenir le score pendant cinq minutes ou accentuer la pression pendant dix. Alors que Vicente del Bosque surkiffait son bonhomme et lui offrait une confiance aveugle malgré certaines critiques médiatiques, deux autres noms témoignent du lien fort que l’Espagnol est capable de nouer avec ses coachs. Le premier a eu le joueur sous ses ordres à Vigo et le réclamait cet été à Barcelone. Le second l’a lancé à Barcelone et l’a rapatrié à Manchester City. Luis Enrique et Pep Guardiola, quoi.
Par Florian Cadu