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- Guingamp-Metz (2-2)
Nolan Roux, dix de cœur
Derrière le nul concédé à Guingamp, un homme peut trouver une raison pour se réjouir du côté de Metz : Nolan Roux. L'attaquant a enfin inscrit ce fameux dixième but en Ligue 1 derrière lequel il courait depuis le début de sa carrière. Il fait ainsi péter le plafond de verre et peut dorénavant jouer librement son rôle de super-héros. Parce que oui, le maintien des Grenats se fera grâce à Nolan Roux, ou ne sera pas.
L’horloge indique la 56e minute de jeu à Guingamp, quand Mathieu Dossevi s’apprête à botter son corner. Se faufilant au milieu des défenseurs bretons, un homme est à quelques secondes de changer de costume. Il était jusqu’alors ce poissard qui n’atteindrait jamais ce foutu plafond de dix buts inscrits en une saison de Ligue 1. En reprenant le ballon de la tête pour tromper le portier guingampais Johnsson, Nolan Roux devient alors un attaquant qui pèse, au niveau statistique. Ce but qui donne à ce moment l’avantage au FC Metz, aussi important soit-il pour son avenir dans l’élite et malgré le fait que Lucas Deaux lui vole la vedette en égalisant par deux fois, permet enfin à l’attaquant grenat de toucher son Graal. Sept saisons qu’on le bassinait avec ça. Sept longues années à buter sur ce foutu palier. Une réputation qu’il laisse sur la pelouse du Roudourou. Lui, l’ancien Brestois.
#EAGFCM (1-2, 59°) Grâce à ce but inscrit sur corner, Nolan #Roux bat son record en @Ligue1Conforama avec 1⃣0⃣ réalisations ! pic.twitter.com/s9MGlYkGDR
— FC Metz ☨ (@FCMetz) 24 février 2018
Hormis sa première saison en Ligue 1 avec Brest, où il avait démontré de jolies qualités de finisseur, inscrivant six buts avec le promu finistérien, le natif de Compiègne a toujours terminé chacune de ses saisons à huit ou neuf buts. Lille puis Saint-Étienne en attendaient plus. Entre ses pannes offensives, les blessures ou les choix de ses coachs, plusieurs paramètres l’ont empêché de se libérer complètement et passer la barre des dix buts. Au point que son manque d’efficacité chronique est devenu un running gag. « Je trouverai ça toujours injuste à partir du moment où le garçon donne toujours le meilleur de lui-même, assurait Alex Dupont, qui l’avait lancé au Stade brestois. De temps en temps, il a peut-être des attitudes qui laissent à penser qu’il baisse un peu les bras. Mais ce n’est pas la réalité. Quand il rate une occasion, ça lui trotte dans la tête. C’est un compétiteur et il s’en veut plus à lui-même qu’à la Terre entière. » Il a donc fallu qu’il vienne se relancer à Metz pour que la Terre entière puisse donc remballer ses moqueries et enfin passer à autre chose.
La fixette de Nolan
Car le cas Roux est symptomatique de l’acharnement dont sont victimes les attaquants vis-à-vis des statistiques. D’autant plus qu’il faut aussi remettre les choses dans leur contexte : Nolan Roux est un des attaquants les plus réguliers du pays. Avec 66 buts, il est le troisième buteur de Ligue 1 évoluant encore dans le championnat de France, distancé seulement par Edinson Cavani (111) et Jimmy Briand (80). Tactiquement, les jugements définitifs sur son cas ont longtemps été biaisés : Roux n’a jamais été un pur attaquant axial et buteur et il a prouvé à plusieurs reprises son aisance à évoluer sur un côté ou en soutien d’un autre attaquant, étant aussi bien souvent utile dans la construction du jeu.
À Metz, sa complémentarité avec Mathieu Dossevi et Emmanuel Rivière reste une des forces de la lanterne rouge. Complémentarité qui a déjà décanté plusieurs situations cette saison. C’est lui qui a offert la victoire à Angers et contre Nice (où il a même été de son doublé), un nul à Dijon et ce samedi à Guingamp, sans compter sa participation aux larges victoires face à Strasbourg et Saint-Étienne. Finalement, quand ils font basculer le score, les buts de Nolan Roux ont apporté huit points à Metz, sur les 19 que compte actuellement le club à la croix de Lorraine. Et c’est parce qu’il a enfin laissé son complexe derrière lui que l’as Roux peut être la dernière carte à jouer pour ce FC Metz en quête d’un maintien qui semble s’éloigner journée après journée. Et parce qu’il y a déjà inscrit quinze buts il y a bientôt dix ans (saison 2009-2010 avec Brest, ndlr), Nolan Roux n’a plus aucun défi à relever en Ligue 2.
Par Mathieu Rollinger