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Noël Tosi : « On a oublié que j’étais un putain d’entraîneur »

Propos recueillis par Maxime Renaudet
17 minutes
Noël Tosi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On a oublié que j&rsquo;étais un putain d&rsquo;entraîneur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Dans les buts, sur le banc ou sur les planches, Noël Tosi a toujours cultivé sa différence. Celle d’un entraîneur affable, rieur et volubile. Tout juste intronisé manager général du FC Balagne (Corse), le premier Français à avoir coaché aux USA s’est posé pour ouvrir la boîte à souvenirs. Au programme, une soirée à Beverly Hills, un gardien alcoolique, une valise d'explosifs et des merguez dans le couscous.

C’est à Penta-di-Casinca, à 35 kilomètres au sud de Bastia, que Noël Tosi décroche son téléphone et s’excuse aussitôt auprès de ses acolytes du jour : « Désolé les gars, je suis en interview, je ne peux pas jouer aux boules. » Invité à passer quelques jours chez l’un de ses anciens joueurs, il est alors pressenti pour intégrer le directoire de la Jeunesse d’Esch, dont il était le coach avant que le Covid-19 ne stoppe le championnat luxembourgeois. Raté, c’est finalement en Corse qu’il posera de nouveau ses valises, accompagné de sa bonne humeur légendaire. Une véritable marque de fabrique de l’entraîneur de 61 ans, dont le fou rire laconique et les anecdotes savoureuses sont légion. En piste.


Vous avez été entraîneur dans une vingtaine de clubs, majoritairement en France métropolitaine, mais aussi aux USA, en Égypte, à La Réunion ou au Luxembourg, et vous avez également été sélectionneur national du Congo, puis de la Mauritanie. Est-ce qu’il vous est arrivé de choisir un club et une ville pour le cadre de vie ? Non, ça a toujours été basé sur l’humain. Quand je suis devenu entraîneur de MDA Chasselay, que Ludovic Giuly et son père m’ont appelé pour sauver le club, car ils étaient derniers avec sept points de retard sur le premier non-relégable, je ne savais même pas où c’était. Je leur ai dit : « Mais où vous êtes ? » Ils m’ont répondu : « La banlieue de Lyon. » Je suis parti en voiture d’Avignon, j’ai cherché pendant quatre heures la banlieue de Lyon, c’était perdu dans la campagne. À chaque fois, je fonctionne aux coups de cœur, aux aventures humaines.

Votre première destination a été l’Algérie, où vous êtes né. Vous en gardez des souvenirs ? Quelques-uns, car mes parents ont fait des films à l’époque. Et puis j’y suis retourné pour voir où j’étais né, car c’est quand même un très beau pays. Mon papa était dans la police là-bas. On a été rapatrié dans le sud de la France quand j’avais trois ans, à Carpentras, là où il a continué à exercer son métier.

Mon père était un héros de la résistance corse pendant la Seconde Guerre mondiale. On lui a demandé d’aller porter une valise remplie d’explosifs pour faire sauter l’état major italien.

Il a fait la guerre d’Algérie ?Non, car on a déménagé juste avant. En revanche, tu sais, mon père était un héros de la résistance corse pendant la Seconde Guerre mondiale. On lui a demandé d’aller porter une valise remplie d’explosifs pour faire sauter l’état major italien. Mais il s’est fait dénoncer, donc il a été déporté dans trois camps de concentration italiens. Il n’a été libéré que deux ans après sa première incarcération, quand son camp a été bombardé par l’aviation américaine.

Il jouait au foot ? Oui, c’était le gardien de but du FCCB, l’ancêtre du Sporting. Il s’appelait Charles Tosi, et on le surnommait Stripa, ce qui en corse signifie : « J’étripe ». Car à l’époque, il travaillait à la construction de la route de Porto-Vecchio. Et quand il arrivait pour jouer sur le marché à 18h30, il n’y avait plus de place, car le match avait déjà commencé. Alors il disait à tout le monde : « Si je ne joue pas, j’éclate le ballon avec un couteau. »

Vous n’avez jamais voulu devenir policier comme lui ?(Fou rire) Non, il manquerait plus que ça, que je sois aussi dans la police !

Pourquoi ? Vous étiez un enfant turbulent ?Non, pas du tout, j’étais très calme. J’étais cool, comme je le suis maintenant.

En revanche, vous avez été gardien de but comme lui, avant de vous reconvertir entraîneur à seulement 26 ans. Comment ça se fait ?Je vais te citer mes trois premiers entraîneurs, et tu vas comprendre pourquoi. Le premier s’appelait Roger Piantoni, le deuxième, Maryan Wisniewski, et le troisième, c’était Albert Batteux. Qu’est-ce que tu voulais que je fasse d’autre à part entraîneur ?

Lequel vous a le plus marqué ?Albert Batteux avait une vision avant-gardiste. À Avignon, il m’a fait jouer une mi-temps avec les pros, et le lendemain, il me disait : « Tu vas jouer libéro avec la réserve. » Il m’a fait ça un match, deux matchs, et je ne comprenais toujours pas. Puis au bout du troisième match avec les pros, il a aligné à plat sa défense, et l’a placée à quarante mètres du but. En fait, c’est moi qui ai joué libéro, alors que j’étais gardien de but. Il voulait d’abord voir si j’avais un jeu au pied. Tu te rends compte ? Je te parle de ça, ça remonte à 1976. À cette époque, il fallait oser pour jouer avec une défense à plat.

Vous avez été influencé par Piantoni, Wisniewski et surtout Batteux. Mais dans les effectifs que vous avez eus, de nombreux joueurs sont également devenus entraîneurs par la suite : Gourvennec, Guégan, Haise, Jobard ou encore Frapolli…

J’ai eu jusqu’à 65% de buts marqués sur coups de pied arrêtés avec certains clubs, et ça a marché partout dans le monde : aux États-Unis, en Afrique, en Europe, partout.

Oui, et j’ai gardé de très bons rapports avec eux. Ce qui les a tous marqués, et ça je peux le dire sans prétention aucune, ce sont les coups de pied arrêtés. Gilbert Brisbois, sur RMC, il dit que je suis le meilleur entraîneur français sur coups de pied arrêtés. (rires) Contrairement aux autres, qui passaient une séance par semaine dessus, moi j’en passais trois ou quatre. Avec beaucoup d’invention, de prises de risques et de création dans les prises d’informations, et les fausses pistes.

Et ça fonctionnait ?Tout le temps et partout. J’ai eu jusqu’à 65% de buts marqués sur coups de pied arrêtés avec certains clubs, et ça a marché partout dans le monde : aux États-Unis, en Afrique, en Europe, partout. Mais une fois, à Gueugnon, à la mi-temps d’un match, un joueur m’a dit : « Putain, tu nous fais chier avec ta tactique de merde sur coups de pied arrêtés, nous on veut jouer au ballon. » (rires) La réaction normale aurait été de le remettre en place, mais je lui ai dit : « Qu’est-ce que tu proposes, toi ? » Il me répond : « Bah, ça serait mieux qu’on joue comme ça, comme ça, et comme ça. » Je lui dis : « Bah écoute, on va faire comme ça, alors. » En seconde mi-temps, alors qu’on perdait 2-0, le mec met un doublé et nous permet de gagner 3-2. Donc qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

Justement, parlons des États-Unis. Vous êtes le premier Français à avoir entraîné là-bas, et vous avez même remporté la Coupe de Californie. Que retenez-vous d’autre de passage à Sacramento ?On jouait sur les terrains des universités, parfois sur des terrains de baseball où ils avaient mis des buts. Les joueurs faisaient les déplacements en voiture décapotable, shorts et claquettes en plein soleil, et ils mangeaient des hamburgers. Un jour, on va jouer à Los Angeles, et le soir, la veille du match, je vois tout le monde en costard. Je dis : « Mais les gars, il y a une soirée ? Vous allez à un mariage ? » Ils m’ont dit : « Non, coach. Quand on est à Los Angeles, on va à The Cage. » The Cage, c’est la boîte de nuit dans Le Flic de Beverly Hills 2. Je leur dis : « Ok, je veux bien qu’on aille boire un coup à The Cage. Mais à minuit, il faut que vous soyez tous devant la boîte. » À minuit, ils étaient tous devant la boîte. Il n’en manquait qu’un, et c’était l’entraîneur… Je suis sorti à minuit et demi. (Rire)

Si Quimper n’avait pas déposé le bilan, je n’aurais jamais été le premier entraîneur français à entraîner aux USA.

Comment vous êtes-vous retrouvé coach de Sacramento ?J’ai rencontré un gars qui s’appelait Kevin Campbell, lors d’un match au Superdrome de la Nouvelle-Orléans, entre le Canada et les USA. J’étais assis à côté de ce gars, on a discuté et il m’a dit : « Si un jour, je prends un club, je te ferai venir comme entraîneur. » Puis, en 1996, alors que je suis à Quimper, le club dépose le bilan. En allant chercher mes affaires, je vois un courrier roulé par terre. Kevin Campbell m’avait retrouvé par fax, et il me disait de le rappeler, car il avait repris le club de Sacramento. Donc c’est vraiment une coïncidence. Si Quimper n’avait pas déposé le bilan, je n’aurais jamais été le premier entraîneur français à évoluer aux USA.

Vous êtes resté deux ans là-bas, c’est ça ?Oui, mais si tu veux, à l’époque, la saison s’étendait de février à septembre. Après, ils faisaient, octobre, novembre, décembre et janvier à Hawaï, avant de tous revenir avec cinq ou six kilos de plus. C’était le début du soccer actuel, le début du professionnalisme aux USA.

« Allô, c’est Maurice et Annie.  » Je réponds : « Désolé, mais je connais pas de Maurice, ni d’Annie. » ‘Mais non, c’est la Mauritanie.’  

Vous avez aussi découvert le passage de l’amateurisme au professionnalisme quand vous êtes devenu sélectionneur de la Mauritanie.En 2003, je pensais trouver un club, j’en refuse certains en Ligue 2 et en National, et au mois d’août, alors que les championnats ont repris, je me retrouve sans club. Un jour, à six heures et demie du matin, je reçois un coup de fil : « Allô, c’est Maurice et Annie. » Je réponds : « Désolé, mais je connais pas de Maurice, ni d’Annie. » « Mais non, c’est la Mauritanie. Vous avez été l’entraîneur d’Ahmed Dabo, à Dijon, Gueugnon et Lusitanos, il a dit que vous étiez le meilleur entraîneur qu’il ait jamais eu. On aimerait vous prendre pour l’équipe nationale. » Le lendemain, je prends l’avion, j’arrive en Mauritanie, c’est le désert complet, et je suis reçu par le président de la Fédération de l’époque, Moulay Abbas. On discute, je signe mon contrat. Mais quand je rentre chez moi, moins de 48h après, je me rends compte qu’ils sont quand même 188e au classement FIFA, derrière le Liechtenstein, Saint-Marin et le Vatican. En plus, la Mauritanie n’avait pas gagné un seul match en quatorze ans.

Vous avez ensuite construit votre équipe autour de joueurs naturalisés.Oui, je suis une sorte de précurseur. Un jour, lors d’un rassemblement au stade de l’équipe nationale, je vois arriver une voiture avec des vitres teintées. Et là sort le ministre des Sports, habillé d’un boubou turquoise magnifique. Alors que je n’ai même pas encore fait un seul match, il vient me féliciter et me dit très courtoisement : « J’ai un neveu qui s’appelle Momo, et qui est un bon joueur. » Pour ne pas le décevoir, je lui dis : « Écoutez, au prochain rassemblement, je le convoquerai. » Et il me répond : « Mais non, ne vous inquiétez pas, il est là. » Et là, le neveu Momo descend de la Porsche, habillé avec la tenue de l’équipe nationale. Puis, je m’aperçois qu’il n’est pas si mauvais que ça, peut-être même l’un des meilleurs. Avant que son oncle parte, je lui dis : « Faudrait que vous me rendiez un service. J’aurais besoin de dix passeports pour dix joueurs de Ligue 2 que je connais parfaitement. Je voudrais en faire la base de l’équipe nationale des Mourabitounes. » Dans la foulée, il me signe les dix passeports, on va en stage en France, on bat le PSG 3-1 au Camp des Loges, et on revient à Nouakchott. Quand le Zimbabwe vient jouer avec les frères Ndlovu et Benjani, ils sont menés 2-0 au bout de 17 minutes de jeu. Ils se demandaient ce qui leur arrivait, car ils croyaient venir jouer contre une équipe de marque de lessive. On les a battus, et on est montés à la 113e place mondiale. Comme quoi, parfois, il faut avoir des idées. Mais il faut beaucoup de cœur. Car sans ça, tous ces joueurs n’auraient jamais accepté de jouer pour la Mauritanie. C’est pour ça que tu établis des relations presque familiales avec tes joueurs, même s’il faut savoir être dur.

En fait, on ne quitte jamais vraiment ses ex. On cherche la femme de sa vie, et finalement, on se rend compte qu’elles le sont toutes un peu.

C’est aussi pour ça que de nombreux joueurs vous ont suivi dans vos différents challenges ? En effet, mais c’est surtout que j’ai souvent fait deux fois les mêmes clubs. Deux fois Grenoble, deux fois Dijon, deux fois Avignon, deux fois Nîmes, deux fois Cherbourg, et deux fois Lusitanos. On ne retourne jamais dans un club une deuxième fois pour rien. En fait, on ne quitte jamais vraiment ses ex. On cherche la femme de sa vie et finalement, on se rend compte qu’elles le sont toutes un peu.

Mais pour l’instant, il n’y a eu aucun mariage ?Si, avec Cherbourg quand même. C’est grâce au président Gérard Gohel, qui m’a recruté en 2007, car je lui avais mis plein de trempes avec d’autres clubs de National. Et là, j’avoue, j’en ai eu des plaisirs dans ma vie, mais des comme ça, ça n’existe pas. S’il a un joueur dont le cousin a besoin de papiers pour aller au Sénégal, il va aller voir le préfet. S’il a un joueur qui a une fuite d’eau dans sa baignoire, il va prendre quelqu’un pour venir la réparer chez lui. Gérard Gohel, c’est exceptionnel. Dans toute ma carrière d’entraîneur, j’ai rarement vu un président avec autant de cœur. S’il avait eu la chance d’avoir un club de Ligue 1 ou Ligue 2, ça serait sans doute un des plus grands présidents de France.

Hormis Cherbourg, vos expériences n’ont jamais été très longues. Comment l’expliquez-vous ?À partir du moment où tu choisis de devenir l’entraîneur d’une équipe professionnelle, en enlevant le cas de Stéphane Moulin à Angers, ou certains autres comme Guy Roux, la durée de vie moyenne d’un entraîneur dans un club, c’est 18 mois. Moi, j’ai souvent été appelé par des clubs en difficulté, et j’ai toujours tout tenté pour les sauver. Mais quand tu sauves une équipe, c’est difficile de repartir sur un cycle différent. Parfois, il faut savoir partir.

Et parfois partir loin, comme vous l’avez fait en rejoignant La Réunion, où vous avez été entraîneur…J’étais en vacances là-bas, ils m’ont fait faire des entraînements à la JS Saint-Pierroise, et on a dit que j’étais leur entraîneur. (rires) Je plaisante. Je crois que j’ai fait 23 matchs, 21 victoires, un nul et une défaite. Au lendemain de la défaite, ils m’ont dit : « On va changer d’entraîneur ». J’ai dit : « Bon, c’est pas grave. » C’est le folklore, c’est La Réunion. Je l’ai pris comme un intermède vacances.

Le CTR de La Réunion, Claude Thomas, me dit que le club de Saint Benoît a un gardien qui s’arrête à tous les bars entre chez lui et le stade, pour boire un rhum.

Vous avez également joué là-bas quand vous étiez jeune. Comment ça s’est fait ?Je suis arrivé là-bas, car en 1981, alors que je joue au Gazélec sous les ordres de Paul Orsatti, je me casse le scaphoïde et le radius. Et on m’annonce que je ne pourrai plus jamais jouer dans les buts. À cette époque-là, le CTR (conseiller technique régional) de La Réunion, Claude Thomas, me dit que le club de Saint-Benoît a un gardien qui s’arrête à tous les bars entre chez lui et le stade, pour boire un rhum. Je ne plaisante pas, c’est vraiment sérieux. Claude Thomas me fait donc venir à Saint-Benoît, je cache mon plâtre avec une bande, je mets des gants, mais je ne pouvais pas bloquer les ballons, donc je les boxais tous. Puis petit à petit, j’ai enlevé le plâtre, et j’ai pu rejouer un petit peu. Mais je suis très vite devenu entraîneur. D’abord entraîneur-joueur à 24 ans, directeur de centre de formation à 26 ans, et coach d’une équipe pro à 28. C’était mon truc, j’avais ça dans le sang. D’ailleurs, un jour, le président d’Orange m’a dit : « Oh toi, tu as une grande gueule, tu vas vite devenir entraîneur. »

Cette grande gueule vous a été utile pendant les causeries ?Non, pas vraiment, car j’insistais beaucoup sur l’humour et la sensibilité. Je me rappelle par exemple le départ de Sammy Traoré, de Créteil au PSG. Avant son transfert, j’étais en train de faire ma causerie, et je racontais toutes les conneries que faisait Sammy dans les vestiaires ou les douches. À un moment, j’ai levé la tête, et tous les joueurs pleuraient. Pourtant, ce jour-là, à Clermont, on a gagné 4-1. Mais je suis arrivé à toucher les joueurs avec cette fameuse sensibilité.

Vous êtes aussi doué pour jouer la comédie puisque vous avez écrit et joué dans des pièces de théâtre. Vous avez pris des cours pendant votre jeunesse ?De 16 à 18 ans, j’ai suivi des cours au théâtre de la Charité à Carpentras. Ce qui m’a conduit à jouer au festival d’Avignon à 18 ans, dans une pièce de Christian Dob, Les porte-clefs. À chaque fois que je pouvais monter sur les planches, je le faisais, car c’était le seul moment où je ressentais les sensations d’un joueur de foot. J’y suis allé avec beaucoup de réussite, car les pièces que j’ai écrites et que j’ai jouées ont eu beaucoup de succès, que ce soit à Cherbourg, à Lyon, ou au festival d’Avignon, que j’ai fait trois fois.

Il y a des gens qui mettent du beurre dans les épinards, mais moi, je ne pouvais pas mettre du beurre dans les épinards. J’ai trouvé deux blaireaux qui mettaient des merguez dans le couscous.

À Avignon, vous avez joué la pièce Des Merguez dans le couscous, que vous avez écrite. Quelle est sa genèse ? Écoute, il y a des gens qui mettent du beurre dans les épinards, car ils sont fauchés, mais moi, je ne pouvais pas mettre du beurre dans les épinards. J’ai trouvé deux blaireaux qui mettaient des merguez dans le couscous. C’est l’histoire de deux mecs qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, et pour y remédier, ils décident de louer leurs deux chambres. Ils tombent sur deux filles qui sont en fait des arnaqueuses, et qui se présentent à un jeu télévisé où il y a plus de 2 millions d’euros à gagner, en répondant à des questions. Ils s’aperçoivent que les filles reçoivent les questions par La Poste, donc ils essayent de leur piquer pour participer au jeu… avant qu’intervienne une fin absolument remarquable !

Vous avez aussi écrit la pièce Hot Depression, ou l’histoire de Max, un play-boy notoire qui a décidé de se ranger, et d’épouser une femme sur un catalogue. On a l’impression que vos pièces mettent souvent en scène des pauvres types ! Ah… Hot Depression, c’est encore une histoire rocambolesque. On joue des pauvres types, car je suis très fort pour jouer les blaireaux. Donc à partir de là, je ne vois pas pourquoi je me créerai d’autres rôles. Même si j’ai joué dans d’autres pièces que les miennes, et des choses plus sérieuses évidemment.

Vos joueurs venaient vous voir sur les planches ?Ça dépend de mes groupes. Certains aimaient bien, et venaient me voir. Et d’autres, ce n’était pas une bonne manière de les convaincre que j’étais un bon entraîneur. Chaque groupe a un profil psychologique particulier. En 2001, certains sont venus quand j’ai joué dans une pièce de Christian Dob à Paris, Passage avide, pendant deux mois. Je partageais la scène avec Jean-Philippe Delpech, qui a joué au Téfécé et à l’ASSE. J’ai aussi joué avec Raymond Domenech dans Temps de foot, une pièce de Stéphane Tournu-Romain. J’ai toujours apprécié Raymond, c’est lui qui m’a fait passer mes diplômes, avec Jean-François Jodar. C’est un peu eux deux qui m’ont donné envie de devenir entraîneur. Je leur dois beaucoup.

Vous avez également écrit plusieurs polars, comme Le Cocktail tibétain.C’est plus difficile à écrire qu’une pièce de théâtre ? Oui, car ce qui est difficile avec les romans, c’est de faire rire en écrivant. Moi, j’ai essayé d’être drôle, même si aujourd’hui, si j’écrivais quelque chose, j’écrirais un polar un peu plus sérieux. Mes livres étaient le prétexte à des jeux de mots, et à des situations cocasses alors qu’aujourd’hui, je penserais plus à l’histoire qu’à l’humour. Après, je pense que ça m’a joué des tours d’avoir joué au théâtre, d’avoir écrit des pièces et des romans. On a parfois oublié que j’étais un putain d’entraîneur. On disait : « C’est un saltimbanque, c’est un poète. » Mais il ne faut pas oublier ce que j’ai réalisé en tant qu’entraîneur. Puis en réalité, ce n’était qu’une façon plus littéraire de prendre mon pied en dehors du foot.

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Propos recueillis par Maxime Renaudet

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