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No Verratti, no party
Absent depuis six semaines, Marco Verratti a terriblement manqué aux amoureux du vice et du dribble utile. Au PSG, en revanche, l’absence de l’Italien n’a pas eu d’effet négatif sur les résultats. Comme quoi, tout change.
C’était un mardi. Le 3 novembre. Il faisait nuit. Paris jouait en noir, et Marco Verratti s’est bloqué la cheville, seul. On a craint le pire. Une fracture. Parce que la vie sans Marco Verratti, c’est comme décrire un arc-en-ciel à un daltonien : c’est nul. Et fade. Marco est sorti en pleurs. Nous aussi. C’était le Real Madrid en face, on se disait que le PSG allait se faire enfiler par les Espagnols. À l’instar de Pirlo, « No Verratti, no party » . Voilà plus d’un mois que l’Italien n’a plus fait un râteau devant sa surface. Plus d’un mois sans voir ses yeux bleus malicieux sur une pelouse. Un mois sans ses dribbles dans les petits périmètres, car, comme aime le rappeler Luc Sonor à propos de Glenn Hoddle, Verratti est de ceux « qui peuvent dribbler un éléphant dans un couloir » . Contre l’OL, Verratti se rapproche du pré. On va pouvoir sécher nos larmes.
« J’espère être là. Je me sens bien et j’ai retrouvé la forme. J’ai eu très peur au départ que ma blessure soit très grave et que j’ai quelque chose de cassé. En plus, il s’agissait de la première grosse blessure de ma carrière. Mais finalement, j’ai eu de la chance et j’ai pris le temps de bien me soigner » , a lâché l’Italien dans les colonnes du Parisien. En un mois, l’Italien a-t-il manqué au club de la capitale ? Aussi fou que cela puisse paraître, non. Pas tellement. Enfin, un peu. Depuis Madrid, l’équipe de la capitale a disputé sept matchs : six victoires, un nul. Le tout avec du jeu, parfois, comme face à Saint-Étienne, Toulouse ou Malmö. Alors que l’an dernier, la lumière s’éteignait à l’heure de jeu, quand Laurent Blanc décidait de remplacer l’Italien par Yohan Cabaye, cette année il n’en est rien. La faute à qui ? À Zlatan Ibrahimović, déjà, auteur de 8 buts et 4 passes décisives durant ce laps de temps. Pointé du doigt au cœur de l’automne, le Suédois a repris les choses en main, devenant peu à peu le maître à jouer parisien en l’absence de l’Italien, mais également de Javier Pastore (absent depuis le 21 octobre).
Il a manqué… à Angers
Sans les deux joueurs capables de décoincer une situation sur une passe, Ibrahimović a pris son rôle de patron à cœur, redescendant souvent pour prendre la mène. Mais, au vrai, la vraie découverte de ce repos forcé est chevelu, insolent, gaucher et s’appelle Adrien Rabiot. Lancé à Bernabéu dans la foulée des larmes de Verratti, Rabiot a éclaboussé le match de son talent. On peut même parler de match référence. Derrière, Rabiot a enchaîné sept matchs de Ligue 1 (6 titularisations) avec un niveau tel que l’absence de Verratti est passée inaperçue. Pis, la forme étincelante de Rabiot a donné quelques sueurs froides à Blaise Matuidi, qui s’est senti dans l’obligation de redonner un petit coup de collier à ses performances. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le Français après le match de Nice – où il avait retrouvé tout son allant – en insistant sur le fait que la concurrence l’empêchait de se reposer sur ses lauriers.
De son canapé, Verratti, lui aussi, a observé les grosses prestations de Rabiot. C’est d’ailleurs ce qui l’a incité à reprendre l’entraînement plus rapidement que prévu. Et à redoubler d’efforts. Non, l’Italien n’a jamais eu peur pour sa place. Il n’est pas fou. Nous non plus. Mais il est toujours bon de rappeler, de temps en temps, qui est le patron. Durant son absence, l’Italien n’a vraiment manqué qu’à… Angers. Face à une équipe qui avait tout verrouillé, Verratti semblait être le seul à être capable de débloquer une telle situation sur une passe, un dribble, une ouverture. Lui ou Pastore. Les deux n’étaient pas là. Score final : 0-0. Ce mois au frigo n’a pas rendu Marco Verratti moins fort. Le petit hibou est indispensable au PSG. Il a juste démontré aux yeux de tous que l’on pouvait faire, pendant un temps, sans lui. Et puis faire sans Marco Verratti quand on peut aligner Ángel Di María, c’est aussi beaucoup plus facile. Même si l’Argentin n’a pas encore (re)trouvé la cadence de sa dernière saison madrilène, il apparaît de plus en plus comme un déstabilisateur hors pair. Un empêcheur de tourner en rond, capable de jouer à tous les postes. Laurent Blanc a cette chance, à savoir pouvoir se passer de ses deux créateurs sans que les résultats s’en ressentent. C’est un vrai luxe. Mais quand même, on est bien contents de revoir Marco Verratti sur un terrain de football. Le frisson, bordel.
Par Mathieu Faure