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Nkunku, je suis là !
Aperçu seulement 17 minutes cette saison avec le PSG, même plus titulaire en équipe de France U20, Christopher Nkunku commence à trouver le temps long. Un constat alarmant pour celui qui pensait pouvoir s’installer dans la rotation parisienne cette saison, et progresser. Alarmant quand on sait que Matuidi est parti, que Motta est blessé, et que Draxler et même Lo Celso lui sont passés devant. Alarmant car à 20 ans, il faut jouer. Et que Nkunku, lui, ne joue pas.
Difficile de reprocher aujourd’hui au PSG de ne pas faire confiance à ses jeunes : Areola a progressivement pris possession de la cage, Kimpembe tourne en défense avec Thiago Silva et Marquinhos, et Rabiot règne sans partage au milieu de terrain. Tous les titis sont aujourd’hui installés dans le groupe élargi des 14-15 joueurs qu’on aperçoit régulièrement depuis le début de la saison. Tous, sauf Christopher Nkunku. Certes, Unai Emery n’a que rarement recours au turn-over en début de saison, et c’était déjà le cas l’an passé : Di María, Pastore, Meunier et Lucas peuvent en témoigner. Mais pour Nkunku, qui a soufflé ses vingt bougies mardi, le problème est ailleurs. Trop fort pour la CFA, pas assez pour ce PSG, le natif de Lagny-sur-Marne apparaît aujourd’hui plus souvent sur les storys Instagram de Kimpembe que sur les pelouses de Ligue 1. Et tout indique que l’horizon n’est pas près de se dégager.
Du Moustoir au placard
Pourtant, quatre jours après la déroute historique de Barcelone, Nkunku est titulaire au Moustoir pour affronter Lorient, la lanterne rouge. Ce soir-là, alors que tous ses coéquipiers ont le moral dans les chaussettes, à tel point que Serge Aurier galère à mettre les siennes, personne ou presque ne retient le premier but en professionnel de celui qui fait alors partie intégrante du groupe PSG. Symbole du malaise ambiant et de son assurance, c’est lui qui va répondre aux questions de Paga’ à la fin du match, pendant que les patrons se tirent en vitesse. Fin 2016-2017, la montée en puissance de Nkunku est évidente : trois titularisations, quatre entrées en cours de match et 20 minutes contre le Barça à l’aller. Christo’ Colon apprivoise son territoire.
Dans l’une de ses rares interviews, accordée au quotidien Le Parisien lors d’un rassemblement avec les Bleus U20, il notait ce changement de statut : « Je suis passé du noir au blanc… J’ai disputé les quatre premiers mois de la saison avec l’équipe réserve tout en m’entraînant avec les pros. Au bout d’un moment, il y a eu tellement d’absences que le coach a été obligé de faire appel à moi contre Montpellier en décembre. On perd 3-0, mais je fais plutôt un bon match. Ensuite, j’ai enchaîné quelques bonnes prestations et Unai Emery a alors pris confiance en moi. J’ai marqué mon premier but en Ligue 1 à Lorient, récemment. Maintenant, il porte un regard différent sur moi. » Ce soir-là à Lorient, Nkunku était le seul joueur parisien à avoir le droit d’afficher à la vue de tous son sourire Colgate. Un beau sourire qui va vite laisser place à la mine des mauvais jours, soit ceux passés sur les sièges chauffants du banc du PSG.
L’hiver sera rude
Depuis cette belle soirée lorientaise, l’aventure de Nkunku au PSG ressemble plus à un pétard mouillé qu’à l’envol d’un bébé cygne. Jouant sa crédibilité au PSG, Emery décide d’assurer et ne met que la grosse équipe pour les derniers matchs, sauvant les deux coupes nationales et son fauteuil d’entraîneur. Cet été, comme à chaque fois, l’ancien coach de Séville rebat les cartes, mais insiste pour garder le jeune Parisien. Pas loin d’un accord pour un prêt de deux ans à la Fiorentina, ce qui ne lui aurait pas déplu, les discussions sont stoppées par l’état-major parisien. Réalité économique oblige, une vente de Matuidi est plus intéressante pour le club, et sportivement, la perte d’un deuxième milieu de métier n’est pas envisagée tant qu’un numéro 6 n’a pas débarqué. Une arrivée espérée qui n’aura jamais lieu, et qui contraint Nkunku à rester. Et même avec Motta vieillissant et Matuidi parti, la place dans la rotation parisienne qui compte bien tout gagner s’éloigne peu à peu.
La faute à l’émergence de Lo Celso qui commence même à pointer le bout de son nez en équipe d’Argentine, combinée au replacement tactique génial de Draxler en relayeur gauche et aux bribes de vitalité retrouvées par Pastore. Des profils plus créateurs, des numéros 10 reculés, plus à même de faire briller les trois fantastiques postés devant eux et de distiller cette dernière passe dans les 25 dernières mètres. Plus casseur de lignes qu’adepte du dernier geste, le profil de pur relayeur de Christopher Nkunku est donc logiquement moins prisé. Mais que Nkunku se rassure, tout n’est pas perdu. Début septembre, Emery rappelait en conférence de presse en septembre qu’ « il faut faire jouer les jeunes quand ils le méritent » . Ce mérite, il faudra aller le chercher une nouvelle fois au début de l’hiver, où les matchs vont s’enchaîner, une période où les années précédentes Nkunku avait su se montrer. Une nouvelle chance à ne pas manquer, histoire que sa saison ne se résume pas à être seulement passé faire coucou.
Par Andrea Chazy