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Nkoulou refait surface
Parti en mer italienne cet été dans la plus grande discrétion, Nicolas Nkoulou apporte satisfaction dans le bateau du Torino. Ce qui n’était pas gagné pour le défenseur central appartenant toujours à Lyon, où il a bu la tasse dans les eaux françaises ces dernières années.
Il ne lui manquait plus que ça pour que son adaptation soit définitivement clôturée. En s’élevant dans les airs pour placer sa tête sur un corner d’Adem Ljajić le 2 décembre au soir contre l’Atalanta Bergame, Nicolas Nkoulou s’est offert son premier but sous ses nouvelles couleurs. Au sein de son nouveau pays. Dans son nouveau championnat. Devant son nouveau public. Et si ce coup de crâne gagnant n’a pas donné les trois points aux siens (1-1 score final), il a au moins eu le mérite de symboliser l’actuelle réussite du défenseur, qui n’a pour l’instant pas loupé une seule minute de Serie A en quinze journées. Le seul coéquipier à pouvoir en dire autant s’appelle Salvatore Sirigu.
En réalité, rien ne présageait un tel ciel bleu pour Nkoulou. Prêté cet été par l’Olympique lyonnais au Torino sans que personne n’y prête attention, l’arrière central restait sur des moments difficiles chez les Gones. Apparu à treize petites reprises en Ligue 1 lors de la saison 2016-2017, l’ancien Marseillais avait même été invité à revêtir le maillot de la réserve. Du coup, le bonhomme « avait besoin de découvrir autre chose, de découvrir un autre pays » , note François Modesto, qui l’a connu à Monaco à ses débuts (entre 2007 et 2010) et se faisait surnommer « Papa » par le principal intéressé. Parce que la pression à l’OL était devenue trop pesante ? « Non, Nico n’a pas la pression. Lui, il s’en fout de ça, répond net le désormais responsable recrutement de l’Olympiakós Le Pirée. La preuve : quand j’ai demandé à Ricardo, le coach de l’ASM à l’époque, de le lancer, il a été énorme pour son premier match. On aurait dit qu’il avait trente ans d’expérience derrière lui. Il donnait des consignes aux partenaires, il était serein, il faisait des sombreros dans sa propre surface… Alors qu’on était en Ligue 1, à Monaco, et qu’il avait 19 ans, quoi. »
300 kilomètres, et tout est relancé
Ok, mais pourquoi donc le mariage entre Lyon et Nkoulou a viré au fiasco, après un passage tout de même plus convaincant sur la Canebière ? « Ce n’est pas facile de passer de Marseille à Lyon. Et ce n’était sans doute pas la bonne période. En plus, il a connu des pépins physiques, estime Modesto. Mais honnêtement, je ne l’ai pas trouvé mauvais à l’OL, moi. Il a fait de bonnes saisons, à mes yeux. Après, les gens s’acharnent facilement. » Qu’importe. Car aujourd’hui, le fessier du Camerounais s’éclate dans le ventre mou italien, et apprécie sa terre d’accueil pour autre chose que la truffe piémontaise. À 27 piges, et même s’il n’aurait pas non plus sa place dans un club du Top 5, le Nico mature est plus ou moins redevenu l’impressionnant petit Nicolas de la Principauté. À tel point que le Torino, qui a payé 500 000 euros pour s’attacher temporairement ses services, serait sur le point de lever l’option d’achat liée au deal(3,5 millions). « S’il continue sur le même chemin, ils vont le garder. Et puis, il se sent bien là-bas, confirme son ex-coéquipier, avec qui il a gardé contact. Il a passé dix ans en France, donc il a fait un peu le tour. »
D’autant que ses qualités (jeu de tête, relance, technique…) et ses défauts (concentration, rigueur, manque d’agressivité…) semblent se trouver en adéquation avec la Serie A. « Il a tout pour s’y imposer, son profil est sans doute plus adapté à l’Italie qu’à la France, corrobore Modesto, qui a quatre saisons de Serie B et deux de première division dans les pattes avec Cagliari. Le Torino est une équipe qui défend plutôt bien, en évoluant bas. En France, on joue plus haut, il y a énormément de duels en un contre un, les erreurs sont davantage payées cash. » Chose qu’a expérimentée Nkoulou ces dernières années sur les terrains de l’Hexagone. De quoi garder cette étiquette de joueur friable qui lui colle aux basques en France malgré son rebond en Italie ? Pas forcément. Les mésaventures l’ont en effet enrichi tout en lui permettant de savoir ce qu’il souhaitait réellement. Ceux qui l’ont côtoyé n’ont quant à eux jamais douté. Modesto, encore : « Il a toujours été plus mature que les autres. Il dispose d’une certaine rage intérieure et est beaucoup à l’écoute. Donc ça ne m’étonne pas qu’il refasse surface et qu’il réussisse au Torino. » Touché, mais pas coulé.
Par Florian Cadu
Propos de FM recueillis par FC