- Coupe de France
- 16es
- Dijon-Nîmes (5-0)
Nîmes se fait du mal
Dix-neuvième de Ligue 1, Nîmes s’est fait punir à Dijon dimanche en 16es de finale de Coupe de France (5-0), avec une équipe largement remaniée. Bernard Blaquart n’a pas aimé, profitant de l’occasion pour demander des renforts à sa direction. Les supporters gardois non plus, et ils l’ont fait savoir aux joueurs.
Ce n’est jamais très bon pour le moral de se faire coller un manita entre deux matchs de championnat, où la situation n’est déjà pas enthousiasmante. On connaît des façons efficaces de se faire du bien, après une défaite contre Rennes en match en retard (0-1) et un déplacement à Saint-Étienne le 25 janvier, face à un adversaire confronté à l’obligation de prendre des points, au risque de s’exposer à une fin de saison crispante. Dimanche à Dijon, les Crocos ont hélas pour eux tout fait à l’envers. Bernard Blaquart, autant « par curiosité que par obligation » , avait fait le choix d’aligner une équipe très remaniée, à cause des blessures des uns (Ripart, Briançon) ou de la volonté de laisser souffler quelques cadres (Bernardoni, Martinez, Deaux, Philippoteaux, Fomba, Alakouch, Ferhat, Valls). « Certains joueurs valides étaient au repos, et on ne voulait pas prendre le risque de voir d’autres se blesser, car il y a déjà pas mal de blessures musculaires dans l’effectif. »
Blaquart : « J’ai un sentiment de honte »
Sur ce coup-là, la curiosité a été un vilain défaut. Blaquart, qui a pris « sa part de responsabilité » , a vu, et a sans doute compris beaucoup de choses. « Je vous laisse libre de votre appréciation » , a-t-il répliqué, avec un petit sourire en coin, à une question sur le degré d’implication de ses joueurs, dont certains doivent régulièrement se plaindre de ne pas être assez utilisés. « J’ai un sentiment de honte, c’est vrai. Pendant longtemps, on a réussi à tenir un score honorable (1-0), sans montrer grand-chose. Mais le dernier quart d’heure a été de trop pour nous… On a vu que lorsqu’il manque plusieurs cadres, cela devient très difficile pour nous. Je voulais voir le comportement de certains. Peut-être y avait-il trop de jeunes sur le terrain… »
Blaquart a tenté un pari, et il l’a perdu, même si cette rouste dijonnaise n’est peut-être que la vérité d’un seul match. Mais celui que Laurent Boissier, l’ex-directeur sportif, a consciencieusement allumé dans la presse la semaine dernière, a sans doute déjà commencé à se poser certaines questions. La prestation de la quasi-totalité de l’équipe dimanche à Dijon, même s’il faut en relativiser la portée en raison du très jeune âge de beaucoup de joueurs, s’est révélée carrément flippante. Dans cette course au maintien, Blaquart devait encore croire avant le déplacement en Bourgogne qu’il pouvait compter sur tout le monde. Il ne doit plus en être aussi sûr. « Il ne faut pas être trop dur avec ces jeunes, qui ont besoin de progresser, mais il est évident que j’ai des joueurs qui n’ont pas le niveau de la Ligue 1. Il faut le dire. Dans le secteur offensif, nous sommes d’une grande pauvreté. Nous avons perdu avec Renaud Ripart (4 buts et une passe décisive cette saison, N.D.L.R.) le seul attaquant qui a prouvé, par le passé, qu’il avait le niveau L1. »
Le staff veut des renforts offensifs
Et comme c’est toujours la période du mercato, l’entraîneur nîmois en a profité pour lancer un nouvel appel à sa direction, en insistant sur l’urgence de la situation. Blaquart veut des renforts. Pour l’instant, seul Yassine Benrahou est arrivé en prêt (avec option d’achat) en provenance des Girondins de Bordeaux au début du mois de janvier. Buteur contre Reims (2-0, le 11 janvier), le milieu de terrain offensif, très discret à Dijon, ne pourra pas tout résoudre à lui tout seul. « On compte sur lui, bien sûr, mais il ne faut pas oublier qu’il n’a que 20 ans et qu’il découvre vraiment la Ligue 1. Nous avons besoin de renforts, et ce n’est pas la première fois que je dis cela. En juillet et en août, on a perdu beaucoup d’éléments offensifs (Bouanga, Savanier, Bozok, Thioub, Alioui), et même s’il ne faut pas se cacher derrière ça, c’est la réalité. » Le problème, c’est que Blaquart ne voit rien venir pour l’instant, la rumeur d’une possible arrivée d’Emmanuel Adebayor ayant vite été balayée. Et les Nîmois, après un début d’année encourageant – qualification en Coupe de France à Tours, victoire contre Reims – sont de nouveau dans le dur, comme le prouvent les défaites face à Rennes et Dijon. « Oui, il y a eu une embellie, mais ça s’enraye de nouveau » , a constaté, dépité, le coach nîmois.
Les supporters en colère
Lequel, après ses joueurs, a dû affronter la colère verbale de la quarantaine de supporters qui avaient décidé de se farcir un aller-retour Nîmes-Dijon en ce froid dimanche de janvier – 900 bornes quand même – pour encourager leur équipe. « Je suis allé les voir… Je comprends parfaitement leur déception. Ils aiment le club, ils font des kilomètres pour nous soutenir, et ils se rendent compte qu’il n’y a pas de match. J’ai juste voulu leur rappeler que ce dimanche, il y avait beaucoup de jeunes sur la pelouse, et qu’il ne fallait pas être trop dur avec eux. » Ce ne sont pas les commentaires empathiques de Stéphane Jobard, l’entraîneur dijonnais, bonne pâte, estimant « le score lourd pour les Nîmois » , qui risquent de les consoler.
Par Alexis Billebault, à Dijon