Nikopolidis : the boy next door
C'est un mec qu'on surnomme George Clooney. La barbe et les cheveux grisonnants, sans doute. La classe en moins, les gants en plus. Et une carrière, un brin controversée. Portrait d'Antonis Nikopolidis, portier de la sélection grecque.
Son truc, c’est le réflexe. La vivacité, le dernier moment. Rien d’illogique à ce qu’il donne dans le pénalty donc. Cette saison, il en a arrêté trois sur six : contre la Roma, le Real et Rosenborg. Un record pour un gardien grec. Alors forcément, Nikopolidis en impose avec la sélection. Du haut de ses 37 ans, le vétéran fait figure de leader, et ce malgré la grande Rehhagel. Pas facile.
Sa carrière, Antonis la commence à l’Anagennisi Artas, petit club du nord de la Grèce. Arta, son vieux pont qui surplombe la rivière Arachtos, ses églises byzantines et ses 23 863 habitants. On appelle ça la province. Tonio s’y sent un peu à l’étroit, et ses performances dans l’escouade locale commencent à faire jaser les anciens calés sur leur banc. De surcroît, le talent est bel et bien là. Très vite, le Panathinaïkos flaire la bonne affaire.
Public, passion, pression, Nikopolidis n’en demande pas plus, et rejoint Athènes à l’été 1989. Son job : devenir la doublure de Jozef Wandzik. Une saison plus tard, notre homme devient titulaire lors d’un match contre le grand rival : l’Olympiakos. Mais les débuts sont poussifs, les allers-retours entre le banc et la pelouse s’enchaînent, et les saisons se ressemblent. Lors du sacre de son équipe en 1995, il ne joue que 5 matchs. Mais voilà, Nikopolidis en veut et redouble d’efforts à l’entraînement. Petit à petit, il s’impose comme une référence du football grec. Idole des supporters pour son attachement au club, qu’il aime clamer dès qu’un micro se tend, la Fédé grecque commence à lui faire les yeux doux.
Après une première sélection le 18 août 1999 contre le Salvador, le boy next door devient titulaire indiscutable au fil des matchs, en même temps que son club atteint les quarts de finale de la Champions en 2002.
Football, what else ? L’argent, évidemment. Car Nikopolidis ne joue pas que pour l’amour du jeu et des couleurs qu’il défend. En 2003-2004, le “Pana” lui propose un autre contrat : 400 000 euros par an. Lui n’accepte pas l’offre tout de suite, jugeant son salaire trop faible au vu des services rendus au club. Vexé, le staff le mettra sur le banc pendant la quasi-totalité de la saison. Dès lors, les rumeurs circulent à tout va. Juste avant le départ de l’Euro, on commence à parler d’un arrangement avec…l’Olympiakos. Trahison ultime, l’image du gardien en prend un coup.
Un été au Portugal et seulement trois buts encaissés plus tard, Nikopolidis signe chez le grand rival pour encaisser 600 000 euros par an pendant trois ans. Le football, c’est parfois très simple.
Idole de ses nouveaux supporters pour son attachement au club, qu’il aime clamer dès qu’un micro se tend, Nikopolidis défait petit à petit son image de gendre idéal. En février 2008, il se castagne dans le couloir avec Conceiçao en forme de règlement de compte. Le Portugais était coupable d’avoir déclaré que l’Olympiakos ne représentait plus rien en Europe. Antonis, lui, avait stoppé un pénalty avant de le chambrer. Comme ça, presque malgré lui.
Contre la Suède, Nikopolidis est allé chercher deux fois la balle au fond de ses filets. Ce soir, la Grèce affronte la Russie, et Georgy n’a plus qu’un joker dans sa besace s’il veut rééditer sa performance de 2004.
Car pendant ce temps-là, Cristiano Ronaldo s’est fait réélire joueur le plus sexy du tournoi. Ne reste que le pré pour briller. C’est tout ce qu’on lui demande, et ça tombe bien : c’est encore ce qu’il fait de mieux.
Par Lucas Duvernet-Coppola et Paul Bemer
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