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Niki Shey: « J’ai regardé je ne sais combien de Marseille-Dijon »

Propos recueillis par David Doucet
Niki Shey: « J’ai regardé je ne sais combien de Marseille-Dijon »

Depuis que la Covid-19 s’est abattue sur nos vies, Niki Shey est la seule éclaircie à l’horizon. À 25 ans, elle s'impose comme l’une des personnalités les plus drôles de Twitter. En 280 signes, cette juriste en droit social réussit à rendre drôles Jean Castex et les conférences de presse d’Olivier Véran. Suivie par plus de 36 000 abonnés, Niki tweete aussi sur le foot avec la même efficacité. Depuis peu, elle organise même des discussions sur ClubHouse avec Adil Rami ou Maxwel Cornet. Entretien avec un phénomène.

D’où vient ton amour pour le foot ?Mon père est un énorme fan. Depuis toute petite, je le vois regarder les matchs, exulter ou rager en fonction des résultats sur le canapé. C’est lui qui m’a transmis le virus. J’ai commencé par regarder les matchs de l’équipe de France, puis les matchs de l’OM, comme lui. J’ai commencé vers seize ans à regarder les matchs, à acheter les albums Panini et ça ne m’a plus quittée. J’ai fini par regarder toute la Ligue 1, sauf peut-être les matchs de Dijon ou Reims. Je me fixe des limites quand même…

Comment devient-on supportrice de l’OM alors qu’on habite Paris ?C’est mon père qui m’a mise dans ce bourbier. Quand il est arrivé en France, c’était l’époque glorieuse de Bernard Tapie où l’OM trônait en haut du foot européen. Il s’est attaché à ce club à ce moment-là et comme il est fidèle, il est resté. En mars 2020, on devait même aller au stade Vélodrome ensemble pour son anniversaire, mais la Covid a ruiné nos plans.

Tu as toujours tweeté sur le foot ou c’est récent ?J’ai toujours commenté les matchs de l’OM sur Twitter, mais on va dire que ce n’est pas vraiment ma ligne édito. Je suis plutôt connue pour commenter la politique et la gestion de la pandémie. Je regarde les matchs, mais je suis plutôt spectatrice des Tweetos sportifs comme @scipionista ou @philousports. Mais en réalité, si tu stalkesmes likes, tu te rendras compte qu’ils sont composés à 90% de foot.

Ils disent quoi, tes abonnés, quand tu passes d’une vanne sur Jean Castex à une blague sur Valère Germain ?Je pense que ceux qui me suivent depuis longtemps ne sont pas étonnés. Les autres, peut-être, mais pour moi, Castex et Germain, c’est le même type de personnage. Ils font des choix douteux, ils sont parfois maladroits, mais, dans le fond, ils sont attachants.

Depuis peu, tu organises des discussions sur ClubHouse avec des footballeurs. Pour les dinosaures qui ne connaissent pas l’appli ou pour ceux qui n’ont pas d’iPhone, tu peux nous dire en quoi cela consiste ?J’ai lancé deux concepts de room : une qui traite du foot le dimanche matin à 11h, et l’autre sur la politique le dimanche soir. Celle sur le foot, c’est avec mon amie Soraya, ça s’appelle « CH Football Club » . L’idée, c’est d’avoir une discussion libre où l’on repasse l’actu de la semaine. Dernièrement, Adil Rami est venu nous raconter ses souvenirs de la Coupe du monde 2018, même s’il n’a pas trop joué. Et dimanche dernier, Maxwel Cornet est venu défendre les choix de Didier Deschamps, alors que des internautes trouvaient que c’était de plus en plus chiant de regarder l’équipe. On devait aussi avoir Pierre Ménès, mais c’était avant la diffusion du documentaire de Marie Portolano, Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste. Et depuis, on ne l’a pas relancé…

Castex et Germain, c’est le même type de personnage : ils sont maladroits, mais ils sont attachants.

On sait que le foot reste un univers toujours très masculin. C’est dur de tweeter dessus quand on est une fille encore aujourd’hui ?Oui, il y a encore beaucoup de sexisme à ce niveau-là, ce n’est pas nouveau. En tant que fille, c’est comme s’il fallait faire ses preuves avant de poster le moindre message. En 2016, j’avais écrit qu’il fallait un « Bac +19 but barre transversale » pour suivre un match, sinon tu passais pour une Footix. C’est encore un peu le cas, même si ça s’est un peu amélioré. Quand je tweete sur l’OM, on ne m’emmerde pas. Les mecs doivent se dire : « Ok si elle subit un match de l’OM, c’est qu’elle aime vraiment ça. » En revanche, quand je tweete sur l’équipe de France, il y a toujours des mecs pour la ramener et m’accuser de ne pas regarder le foot en temps normal. Alors que j’ai regardé je ne sais pas combien de Marseille-Dijon….

Après le succès de tes lives sur ClubHouse, tu penses que Grégoire Margotton commence à flipper pour sa place ou qu’il reste serein ?Il m’a follow cette semaine sur Twitter, donc je pense qu’il commence un peu à stresser. Plus sérieusement, je ne pense pas que Twitch ou Clubhouse remplaceront les grandes émissions de foot, mais ça permet une plus grande interaction avec les supporters. Plutôt qu’être passif devant ton écran à rager devant les commentaires de Gilles Favard, là, tu peux réagir. Et ça fait beaucoup de bien.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi cette année : supporter l’OM ou le confinement ?Franchement, je dirais que c’était supporter l’OM tout en endurant le confinement. C’est le combo des deux qui est fatal. On s’est habitués aux défaites, mais avant, on pouvait sortir pour prendre l’air ou pour se consoler avec les copains. Là, c’est devenu insupportable. C’est la raison pour laquelle je milite pour que les supporters de l’OM obtiennent une dérogation spéciale pour braver le couvre-feu. Préfet Lallement, si tu lis ces lignes…

Tu as fêté le départ de Jacques-Henri Eyraud de son poste de président de l’OM ou tu fais partie des gens qui l’aimaient bien en secret ?J’ai pas mal de passions cachées, mais pas celle-là. Pour moi, c’est vraiment la figure du macronisme dans le foot, très start-up nation dans le vocabulaire. Il a sans doute des qualités, mais il n’était pas adapté à la culture de l’OM. Il a une vision entrepreneuriale des clubs. Ça pourrait peut-être coller avec certains clubs genre le Red Bull Leipzig ou le Pulco Avignon, mais pas avec l’OM.

Quel est le joueur le plus drôle selon toi ?Ousmane Dembélé, sans aucune hésitation. Je m’étais d’ailleurs fait floquer son nom sur mon maillot de l’équipe de France en 2018. J’adore ce mec, il a ce côté complètement perché et insouciant qui le rend extrêmement sympathique. D’ailleurs, c’est le seul joueur de foot qui possède autant de vidéos de compiles de blagues que de buts sur YouTube. Il est tout simplement génial.

Quel est ton meilleur souvenir en regardant du foot ?2018, de loin. J’avais deux ans quand l’équipe de France a remporté la Coupe du monde en 1998, donc je n’en garde aucun souvenir. Quand mon père me racontait ce qu’il avait vécu, il avait des étoiles dans les yeux et je rêvais de revivre un jour la même chose. Il m’avait promis que ça arriverait et il avait raison. Quand on a gagné la Coupe du monde face à la Croatie, c’était l’apothéose. Le Covid n’avait pas encore pointé le bout de son nez, donc on pouvait tous se prendre dans les bras et s’embrasser comme il se doit.

J’ai vu que tu supportais aussi l’équipe d’Iran.Bien sûr. Mon père est d’origine iranienne, donc on regarde aussi les matchs de la Team Melli. J’ai été particulièrement heureuse pour la sélection iranienne lors de la dernière Coupe du monde, car ils sont tombés dans un groupe de la mort (Portugal, Espagne, Maroc) et ils s’en sont très bien sortis. Ils ont quand même battu le Maroc. Mon chouchou, c’est Sardar Azmoun, le numéro 9, qui évolue aussi au Zénith Saint-Pétersbourg. Il y a aussi Mehdi Taremi qui est actuellement au FC Porto. À suivre de près !

Eyraud pourrait coller avec le Red Bull Leipzig ou le Pulco Avignon, mais pas avec l’OM.

Comment vis-tu le fait que tes tweets soient autant repris par les médias ?Ça a débuté en décembre et ça a continué progressivement depuis, donc j’ai eu le temps de m’adapter. Je suis tellement second degré sur Twitter que je n’ai pas l’impression d’être trop exposée. Et je n’ai pas encore été invitée par Gabriel Attal pour faire des débats en live sur Instagram donc pour l’instant, tout va bien.

Tu penses que tes tweets ont une influence sur les décisions gouvernementales ?Je pense que l’attaché de presse de Castex lui imprime mes tweets chaque matin sur son bureau et qu’en fonction, il prend les décisions de la journée, ça me paraît évident.

Tu es sur Twitter depuis 2009. Comment juges-tu son évolution ?Ce réseau est de plus en plus polarisé. Ce n’est pas forcément lié à Twitter ou à ses utilisateurs, mais à la société qui est de plus en plus divisée, et ce réseau en est le reflet. L’ambiance n’est pas forcément meilleure sur les chaînes d’infos en continu, on ne va pas se mentir. Mais en revanche, force est de constater qu’il est de plus en plus difficile d’avoir des discussions apaisées dessus. Quand je me suis inscrite et que j’ai commencé à vraiment utiliser Twitter en 2012, j’arrivais encore à débattre avec des gens qui n’avaient pas les mêmes idées que moi. Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est impossible.

Alors que l’humour qui règne sur Twitter peut parfois être violent, tu te démarques par ta bienveillance. Tu fais attention à ne blesser personne ?Je suis heureuse que tu me dises ça, car j’ai toujours essayé de faire de l’humour sans tomber dans la méchanceté violente ou gratuite. Mais ce qui est marrant, c’est qu’en 2019, mon compte a été suspendu durant 48 heures parce que j’avais fait un tweet en disant que j’avais envie de me battre avec Valère Germain après une occasion ratée. À ce moment-là, je me suis dit que si mon compte avait été suspendu, c’est sans doute parce qu’il recevait tellement de critiques que Twitter a considéré que cela participait d’une forme d’acharnement ciblé. On a tendance à oublier qu’il y a des gens derrière les avatars et que même si les politiques et les footballeurs ne gèrent souvent pas leurs comptes eux-mêmes, ils peuvent malgré tout tomber sur des messages.

Si les conditions étaient réunies, tu serais partante pour un octogone sans règles contre Valère Germain ?Franchement, non. D’abord, parce qu’humainement, je pense que c’est quelqu’un de bien. Et ensuite, parce que je prendrais une raclée. Faut pas se leurrer.

On te prête des capacités divinatoires. Peux-tu nous dire en exclu qui va gagner l’Euro et la date de fin de la pandémie ?Je vais répondre comme Jean Castex. Aujourd’hui, toutes les options sont sur la table. Les prochaines semaines seront décisives. Il faudra suivre les courbes de l’épidémie et des performances sportives de près. Je me laisse quinze jours pour réfléchir.

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