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Nihat : « Je n’aurais jamais imaginé être professionnel »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
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Véritable légende du Beşiktaş Istanbul et poison au sein des défenses dans les années 2000, Nihat Kahveci donne de son temps depuis la ville de Barcelone. Entretien avec l'un des pionniers du football turc avant ce Turquie-Islande décisif.

Salut Nihat ! Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ?

En ce moment, je me forme en tant qu’entraîneur. Je viens juste de récupérer mon diplôme via l’UEFA, là je suis à Barcelone, j’ai pu rencontrer Luis Enrique ici… Mon souhait, c’est de rentrer à nouveau dans le monde du football. Quand tu viens de ce milieu-là, c’est difficile de le quitter. Les gens doivent faire un travail dans lequel ils ont des aptitudes, de l’expérience. Revenir sur un banc de touche bientôt, c’est l’objectif.

Si on se concentre un peu plus sur ta carrière, on voit que tu n’as connu que trois clubs : Beşiktaş, la Real Sociedad et Villarreal. La fidélité envers les clubs, c’est quelque chose d’important pour toi ?

Dans les trois clubs où je suis passé, je me suis senti vraiment bien. La sélection turque, c’était encore autre chose, j’y ai passé douze ans, c’était une vraie fierté. C’est vrai que certains joueurs se retrouvent avec dix clubs différents à la fin de leur carrière… Personnellement, ça me rend fier d’avoir connu tout de suite une stabilité là où je suis passé. C’est un privilège.

Comment as-tu vécu ta jeunesse à Istanbul ?

Je suis né à Istanbul même, et j’ai vécu dans le quartier de Bağcılar avec deux autres frères et une sœur. Comme beaucoup de joueurs de foot, je suis issu d’un milieu assez pauvre. Tout petit, j’étais déjà un immense fan de foot, mais sincèrement, je n’aurais jamais pensé à cette époque devenir un joueur de football professionnel. Mais dans la vie, on ne sait jamais ce que l’avenir réserve… Dès 14 ans, j’ai commencé dans un club amateur et deux ans plus tard, le Beşiktaş Istanbul me repérait pour jouer chez eux, en catégorie de jeunes.

Beşiktaş, c’était le club de tes rêves en Turquie ?

Depuis tout petit ! J’avoue que j’ai eu beaucoup de chance à ce niveau-là (rires) !

Comment se sont passées tes premières années au Beşiktaş ?

Dès que j’ai été engagé au sein du Beşiktaş, j’ai joué pour l’équipe réserve. Là, j’ai commencé par apprendre beaucoup, à jouer peu. À partir du moment où je jouais de façon régulière, j’ai commencé à marquer but sur but. À cette époque, le club avait John Toshack comme entraîneur de l’équipe première. Il aimait beaucoup venir voir l’équipe B, pour donner une chance aux meilleurs jeunes. Avant de me prendre avec lui pour la pré-saison à l’été 1998, il me connaissait déjà beaucoup. On était six à monter en équipe A. Là aussi, il a fallu passer par les entraînements, et être un peu chanceux pour jouer.

Tu pars à 23 ans pour la Real Sociedad, en 2002… L’effet Toshack, non ?

C’est clair ! Toshack avait d’excellents souvenirs de moi, il faisait le forcing pour me faire venir, car il savait que j’étais un bon élément. On s’appréciait beaucoup en tant qu’hommes, et il m’ouvrait ainsi la porte au meilleur championnat du monde. Mais au départ, je ne voulais pas partir. La Real Sociedad était dans le bas de classement en Espagne, elle pouvait descendre et disparaître de la Liga. Finalement, j’ai signé l’année suivante. Ce fût probablement mon meilleur choix de carrière. Pendant quatre ans, j’ai marqué un grand nombre de buts (58 en 141 matchs, ndlr). Et puis nous terminons deuxièmes après notre premier championnat… Un grand souvenir ! Raynald Denoueix, quel entraîneur !

À la Real Sociedad, on se souvient notamment de ton association avec Darko Kovačević. C’est quelqu’un que tu continues à voir aujourd’hui ?

Je pense qu’on formait la paire d’attaquants idéale. Le petit rapide et le grand physique ! Quand on peut se prendre un peu de temps avec Darko, on en profite pour se rappeler cette très belle époque. On garde encore le contact, bien entendu.

Vous aviez failli remporter la Liga cette année-là avec Raynald Denoueix en coach, cela ne se joue qu’à la dernière journée… Même si la saison est magnifique, cela reste un regret pour toi ?

C’est très triste… Nous perdons la Liga contre le Celta Vigo, avec une défaite 3-2 alors que nous étions en tête. Mais les gens ont célébré cette deuxième place comme un titre de champion. On le méritait ce titre, on avait sorti une saison exceptionnelle avec du beau jeu et des buts… Et quand je vois le Real galactique de l’époque qui termine champion au bout du suspense, cela montre que nous étions vraiment une grande équipe.

Cette saison-là, vous mouillez à chaque fois la pelouse d’Anoeta avant de démarrer les matchs, pour surprendre l’adversaire et permettre d’avoir un jeu plus rapide. Tu t’en souviens ?

En Espagne, cela se voyait assez régulièrement. Nous n’étions pas les seuls, c’était un peu l’habitude chez tous les clubs espagnols. Mais c’est vrai que cela accélérait le jeu, que ça nous permettait d’avoir plus de vitesse, car nous avions les joueurs appropriés pour cela.

Pourquoi as-tu décidé de quitter la Real et de partir pour Villarreal, en 2006 ?

J’ai été professionnel sur le coup, j’ai honoré mon contrat, mais Villarreal est venu me voir avec une proposition financière intéressante. Cela ne s’est pas mal terminé, c’est simplement que le défi me plaisait aussi là-bas. J’ai joué trois ans, j’ai encore une fois connu de la réussite sportive et je termine une nouvelle fois vice-champion d’Espagne (saison 2007-2008, ndlr), et puis nous jouons en Ligue des champions…

Là-bas, tu rencontres encore un autre Français avec qui tu t’entends très bien, Robert Pirès. Tu as passé de bons moments avec lui ?

Pirès, un des meilleurs joueurs de l’histoire de la France ! J’ai passé trois ans avec lui, quand on se déplaçait, nous étions dans la même chambre. Donc l’amitié avec Robert, c’était sur le terrain, mais aussi en dehors. Il m’a appris beaucoup de choses, et je lui ai fait connaître un tas de choses aussi. Sur le terrain, je suis très sérieux, mais en dehors, j’aime beaucoup rire. Robert aussi, il aime bien rire, c’est un bon mec. On jouait au paddle-tennis ensemble, nos familles mangeaient ensemble. Avant de le rencontrer, c’était déjà quelqu’un que j’admirais. Dès que nous avons joué dans la même équipe, je l’ai encore plus apprécié.

Et puis tu te décides à rentrer en Turquie, pour finir au Beşiktaş. J’imagine que l’accueil des supporters a dû être fantastique…

Mon retour en Turquie, c’était fantastique. Cela faisait un moment que j’avais quitté le championnat national, et les gens voulaient me voir revenir parce qu’il y avait une vraie passion après l’Euro 2008 notamment, surtout chez les supporters de Beşiktaş. Mais j’ai un regret, parce que je n’ai pas réussi à me réadapter au championnat turc après tant d’années passées en Espagne. Sur le terrain, cela ne fonctionnait pas, pour des raisons que je préfère garder pour moi. Cela m’a poussé à prendre ma retraite.

Et ton accueil quand tu arrives à l’aéroport d’Istanbul ?

La tradition, c’est toujours de recevoir les grands joueurs avec des fumigènes et une foule énorme. Mais par raisons de sécurité, j’ai préféré ne pas vivre cela. De mon point de vue, je vois toute cette ferveur de façon exagérée. Donc je suis arrivé de façon très secrète à l’aéroport, personne ne savait quand j’allais arriver. C’était une arrivée tout à fait normale.

Beşiktaş, c’est aussi Pascal Nouma…

Bien sûr, j’ai joué avec lui ! Un énorme joueur à cette époque… Je me souviens que je lui donnais beaucoup de passes décisives. Il est toujours à Istanbul. Il est mi-français mi-turc à présent. Nouma en Turquie, il est partout ! Dans les shows télé, dans les pages des magazines… Les gens l’apprécient beaucoup ici. Mais savoir lequel de nous est le plus connu maintenant, cela n’a pas d’importance. Nous sommes anciens coéquipiers, et aujourd’hui nous continuons chacun notre vie pour faire de nouvelles choses.

Au final, vous êtes très peu de joueurs turcs à avoir vraiment percé dans les grands clubs européens. Comment est-ce que tu expliques cela ?

C’est un vrai problème pour notre pays. En Turquie, pourtant, il y a d’excellents joueurs. Je pense que l’exemple que montre Arda Turan actuellement va aider les générations futures à s’exporter davantage pour représenter notre nation dans le monde entier. C’est un sujet sur lequel nous devons travailler à fond. Et pour cela, il faut donner une meilleure médiatisation à la ligue turque, c’est une problématique que nous devons régler. Si nos joueurs partent à l’étranger, les gens connaîtront plus le football turc. Et si les gens connaissent le football turc, cela sera positif pour notre équipe nationale.

Tu as 69 sélections pour un total de 19 buts sous le maillot turc. Quels seront tes grands souvenirs de la sélection turque ?

Notre troisième place au Mondial de 2002, c’était une chose incroyable. Mais si je dois retenir un seul match, c’est celui contre la République tchèque. Je pense que l’Euro 2008 était même plus important pour moi : j’étais capitaine de la sélection, j’avais plus de responsabilités.

Ton pronostic pour le match contre l’Islande ?

Il faudra gagner ce match, sans faire de calcul et en laissant son âme sur le terrain. Si nous sommes concentrés et que nous jouons comme nous l’avons fait jusqu’à présent, cela devrait marcher.
Les notes de Koh-Lanta : la tribu maudite

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