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Nigel en trompe-l’œil

Par Mathieu Faure
Nigel en trompe-l’œil

Présenté comme un brute épaisse sans talent, Nigel de Jong est tout le contraire. Formé à la douce école de l'Ajax, cet ancien numéro 10 est un homme talentueux : business man, chef de famille et fan d'Angry birds.

Qu’il le veuille ou non, Nigel de Jong sera, à tout jamais, associé à un geste. Nous sommes en finale de la Coupe du monde 2010 et le milieu de terrain néerlandais empale le torse de Xabi Alonso avec son crampon. L’image est saisissante. Le coup du kung-fu rentre dans la légende. La réputation de De Jong en prend un coup. C’est un assassin. Un brigand. Un voyou. Un loubard. D’autant que le grand Nigel ne regrette rien. Deux mois après la finale, le joueur se confie alors dans les colonnes du Mirror. « Je ne regrette rien. Je n’ai jamais tenté de lui faire mal. Et après une si belle Coupe du monde, je suis revenu dans le vestiaire de Manchester City dans la peau d’un joueur différent. Enfin, c’est ce que j’ai ressenti. » Pourtant, on ne va pas se mentir, Nigel de Jong traîne une sale réputation. De son passage à Hambourg, il a hérité d’un joli surnom : la tondeuse. Et l’année 2010 va grandement accélérer son aura.

En six mois, il brise la jambe de l’Américain Stuart Holden, enfonce le thorax de Xabi Alonso et termine l’année en beauté avec le tibia-péroné de Hatem Ben Arfa à son CV. Il n’en faut pas plus pour coller cette étiquette de destructeur sur la tronche du mec. Un postulat qu’il aime entretenir à coups de déclarations fracassantes. Comme à l’automne 2010 où il se livre dans L’Équipe : « Je suis le destructeur de l’équipe. Une fois que mes attaquants ont perdu le ballon, l’adversaire n’a pas le droit de me passer, je suis là pour enrayer toute contre-attaque. C’est aussi simple que ça. » Il pose le cadre. Un cadre tout sauf naturel. Formé à l’Ajax et fils d’un ancien pro néerlandais – Jerry De Jong, qui a joué une saison à Caen -, Nigel débute sa carrière comme ailier. Parfois, il joue numéro 10. Sa vitesse et sa technique font merveille. Il s’éclate.

Repositionné milieu défensif par Huub Stevens

C’est en Allemagne qu’il reculera d’un cran sur le pré. « J’ai toujours été un attaquant. Ou un numéro 10, épluchait-il dans le Guardian. Même lors de ma dernière saison à l’Ajax, je jouais sur l’aile droite. Mais en arrivant en Allemagne, le coach Huub Stevens m’a convaincu de jouer milieu défensif. Alors je me suis fait une raison. Après tout, Zidane n’aurait jamais pu faire le boulot sans un Claude Makelele. Idem pour Andy Cole et Dwight Yorke sans Roy Keane. Fernando Redondo, Patrick Vieira, Fernando Hierro, une équipe ne peut exister sans ce genre de joueur. Il s’agit de discipline et de se sacrifier pour l’équipe. » Voilà comment la fée s’est transformée en crapaud. Presque volontairement. C’est une question d’adaptabilité. Et ça, Nigel sait faire. On appelle ça l’empirisme. Son daron, Jerry, n’est pas du genre à coucher sous le toit familial. Nigel est l’ainé du fratrie de cinq mômes. Et comme la poisse est tenace, sa mère Marja souffre de violents calculs rénaux et squatte fréquemment l’hosto. Le rôle de pater familiasarrive sur les épaules du jeune Nigel. « J’ai dû grandir très vite. Mon enfance n’a pas été facile. Nous n’avions pas grand-chose et nous devions nous battre pour ce minimum. On n’avait pas le temps de jouer dehors ni de partager le peu l’argent que nous avions. Quand vous grandissez dans ce genre de conditions, vous avez deux solutions : et l’une des deux se trouve dans la rue. Certains mômes de mon quartier ont emprunté cette voie. J’ai vu des amis crever en bas de la cité. »

Vous l’aurez compris, Nigel aurait pu s’abonner à la maison centrale du pays et se serait sûrement affublé d’un autre surnom que la « tondeuse » . Au lieu de ça, Nigel de Jong a choisi de devenir footballeur. Et de réussir. Mine de rien, le mec est un talisman. « Lors des sept premières années de ma carrière, je n’ai rien connu d’autre que le podium. Ma mentalité, c’est : nous devons gagner. » Alors, quand il arrive à City, on se dit que le succès sera au rendez-vous. À raison. Titulaire dans l’entrejeu des champions d’Angleterre, l’international néerlandais profite de sa chance d’exercer au plus haut niveau sa passion. D’autant qu’il n’a pas de souci à se faire pour la suite, sa reconversion est déjà trouvée. Derrière le joueur, se cache un formidable businessman. Depuis son passage à Hambourg, De Jong a monté une société spécialisée dans la customisation des caisses de luxe – De Jong Motors. Avec un Showroom géant en Allemagne et un autre à Abu Dhabi, la boîte flambe. Il se murmure que certains de ses coéquipiers ont déjà profité de ses talents (Robin van Persie, Micah Richards ou encore Ryan Babel). Décidément, le mec est surprenant. Loin de son image de voyou. Un mec qui passe son temps sur Angry birds pour gérer son stress d’avant-match est-il foncièrement mauvais ? La réponse est dans la question. Et, pour les sceptiques, il reste les statistiques. Depuis ses débuts en pro, De Jong n’a été expulsé qu’une seule fois. C’était en 2006, lors de la campagne européenne disputée sous le maillot de Hambourg. Il s’agissait de deux jaunes. Comme quoi, les réputations…

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