Qui es-tu, Nicolò De Marchi ?
J’ai 22 ans et je suis étudiant. Je suis diplômé d’économie et de commerce de l’Université « Ca’ Foscari » de Venise. Actuellement, je suis en première année de master en management inter-nations dans la même université.
Parle-nous de ce projet fou : comment as-tu décidé de partir à Berlin à pied ?
Juste avant la demi-finale retour de la Ligue des champions entre le Real Madrid et la Juventus, le community manager de la Juventus a lancé le hashtag #SeAndiamoInFinale. En fait, le but était que tous les supporters disent ce qu’ils étaient prêts à faire si jamais la Juventus allait en finale. Moi, j’ai répondu en disant que, si la Vieille Dame allait en finale, je marcherais de Turin jusqu’à Berlin. À la base, moi, tout ce que je voulais, c’était un retweet ! J’étais déçu au début, parce que je n’ai pas été retweeté. Mais quelques jours plus tard, mon tweet a été publié sur la page Facebook officielle de la Juventus ! J’étais super content ! Deux jours seulement avant mon départ, le club m’a contacté via Twitter. On m’a alors proposé de faire ce voyage à pied (puisque c’était ce que j’avais proposé), en vélo (parce que je n’aurais pas eu le temps de tout faire à pied) et en voiture (avec laquelle j’avais le droit de faire exactement 440 kilomètres). Je suis donc parti de Turin le 28 mai.
Depuis quand es-tu supporter de la Juventus ?
Je suis devenu supporter le 5 mai 2002. C’est un jour très symbolique pour notre club. Nous étions à l’époque deuxièmes de Serie A. Lors de la dernière journée, la Juve est allée gagner à Udine, tandis que l’Inter, leader, se faisait battre à Rome par la Lazio, ce qui nous a permis de devenir champions ! C’était un jour mémorable, incroyable ! Mon joueur préféré, c’est sans aucun doute Gianluigi Buffon, je rêve de le recontrer et d’échanger avec lui.
Est-ce que tu t’étais entraîné pour un tel voyage ?
Je n’avais jamais marché aussi longtemps et sur de telles distances. Mais je ne pouvais pas refuser ! Pas une seule seconde, j’ai pensé à refuser. Je suis très sportif, ce qui m’a beaucoup aidé quand j’y pense. Je fais beaucoup de futsal, je cours beaucoup et je nage beaucoup. Avec moi, j’ai pris le strict minimum : une boussole et un sac rempli de vêtements de sport. Je dormais majoritairement dans des hôtels et j’essayais de manger sainement. Pour une telle entreprise, je ne pouvais pas me permettre de manger trop gras ou trop sucré. Je suivais un régime assez strict. Puisque je marchais ou que j’étais sur mon vélo, je transpirais énormément, alors j’étais obligé de devoir boire énormément de minéraux, de boissons isotoniques.
Que s’est-il passé pendant ton voyage ?
En Suisse, en Autriche, au Liechtenstein et en Allemagne, les gens se demandaient ce que je faisais, mais personne ne me reconnaissait. Tout ça me convenait parfaitement, je suis une personne normale, pas une star. Quand j’étais encore en Italie, en revanche, les gens avaient entendu parler de moi ! Ils me reconnaissaient partout ! Quand je suis arrivé à la porte de Brandebourg, à Berlin, tout le monde voulait prendre une photo avec moi, c’était incroyable ! J’ai essayé d’utiliser la voiture le moins possible, mais comme c’était stipulé dans l’accord avec le club, je l’ai quand même utilisée. J’ai connu des moments vraiment très difficiles. Le matin du dernier jour, j’avais les jambes tellement lourdes que j’ai pensé un moment ne plus être capable de les lever et de faire un pas de plus. Puis j’ai pensé à cette aventure, j’ai pensé aux encouragements que je recevais de la part de mes amis, de la part de ma famille et je me suis dit que je devais absolument aller au bout. Mais vraiment, pendant que je marchais, je n’arrivais même pas à réaliser ce que j’étais en train de faire ! J’étais dans un rêve incroyable de Turin jusqu’à la porte de Brandebourg. D’ailleurs, je pense que je vais écrire un livre pour raconter ce voyage incroyable parce que même aujourd’hui, quelques jours plus tard, il est très compliqué pour moi d’en parler brièvement. J’ai du mal à trouver les mots pour décrire ce que j’ai vécu.
Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu es finalement arrivé à Berlin et que tu es allé au match ?
Quand je suis enfin arrivé à la porte de Brandebourg, j’ai complètement oublié la douleur, la lourdeur de mes jambes et de mon corps. J’étais tellement heureux de l’avoir fait, tellement heureux d’être arrivé ici que je me suis posé, et je me suis dit : « Félicitations mon gars, tu l’as fait, je suis fier de toi ! » (rires). Le match, c’était forcément compliqué à vivre. Je voulais que la Juventus triomphe plus que tout. Mais avec du recul, je me dis que j’ai déjà eu la chance de vivre une expérience unique que personne ne peut imaginer. Alors tant pis pour la victoire, malgré la déception, on essaiera à nouveau l’année prochaine, hein ?
Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?
Premièrement, que j’ai eu la chance de rentrer en avion ! (rires) Mais sinon, je ne sais pas exactement, j’ai appris tellement de choses, j’ai fait tellement de belles rencontres humaines. J’ai appris à vivre et à progresser avec le stress et la peur de ne pas y arriver. Mais j’étais soutenu et ça, c’était super. Et puis voilà, aujourd’hui, je suis de retour, je redeviens une personne normale. Je me souviendrai de tout. Je me souviendrai toute ma vie du premier coup de fil que j’ai reçu de la Juventus. Je me souviendrai toujours du moment où j’ai vu la porte de Brandebourg pour la première fois. Quel sentiment incroyable !
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