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Nicolas Rajsel : « À Bruxelles, je gagnais 900 euros par mois »

Propos recueillis par Jacques Besnard
7 minutes
Nicolas Rajsel : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>À Bruxelles, je gagnais 900 euros par mois<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Formé au PSG avec Rabiot, Areola et Bahebeck, Nicolas Rajsel (24 ans) s'est entraîné avec Zlatan et David Beckham avant de connaître l'angoisse de la chôme. Le natif de Cergy a persévéré malgré les essais ratés et une pige slovène compliquée. C'est en Belgique qu'il s'est refait une santé. Après trois ans dans les divisions inférieures, il a signé dans l'élite à Ostende cet été avant de se faire les croisés, ce qui l'empêchera fatalement d'affronter l'OM jeudi. Entretien avec un joueur qui ne lâche jamais.

On ne te demande pas si ça va, puisque tu t’es déchiré les ligaments croisés la semaine passée en amical…Pour l’instant, je suis en attente. Je me fais opérer le 2 août. Je n’ai pas trop de douleurs, donc c’est le plus important. Le pire, c’est que je ne suis entré que vingt minutes et au bout de dix minutes, mon genou est resté bloqué et j’ai entendu « crac » . La durée de base, c’est six mois, mais on m’a conseillé de prévoir quelques mois de plus. Je vais devoir être patient et je peux déjà faire une croix sur la saison qui arrive. Quand j’avais 18 ans, je m’étais cassé le péroné et le ligament de la cheville, j’avais été absent dix-sept mois. Je connais un peu ça, mais c’est quand même dur. Là, il y avait le match de Marseille qui arrivait et des beaux matchs à jouer, c’est dommage que ça arrive maintenant, mais je dois relativiser.
En tant que joueur formé au PSG, c’était forcément un match spécial face à Marseille…Je suis né à Cergy et j’ai joué à Paris, mais plus petit, je supportais Lyon à l’époque où ils éclataient le Bayern. Je suis surtout fan du Parc des Princes, j’y ai vu pas mal de matchs. Après, quand tu joues au PSG, tu supportes forcément le club. J’ai déjà connu des Clásicos en équipes de jeunes, mais je n’ai aucune animosité vis-à-vis de joueurs de l’OM maintenant. Ça aurait été surtout une bonne expérience pour moi de jouer au Vélodrome.
Tu as joué combien de temps au PSG ?J’y suis arrivé à 12 ans et j’en suis parti à 20. J’ai fait mes classes au centre de préformation, au centre de formation, j’ai joué en équipe réserve, puis fait quelques entraînements avec les pros. Je me suis entraîné avec Zlatan, une de mes idoles, Beckham et Lavezzi lors de ma dernière année de contrat.
Tu as aussi côtoyé des beaux joueurs au centre de formation ?On a été champions de France U19. De ma génération, il y a Jean-Christophe Bahebeck et Alphonse Areola. Eux, ils ont percé assez tôt. Areola, il était dans ma classe et à 16 ans, il s’entraînait avec les pros.

Il y avait Bahebeck, Areola et Sabaly. Mais pour moi, celui qui avait le plus de talent, c’était Abdelrafik Gérard.

J’ai aussi joué avec Adrien Rabiot qui était surclassé et qui n’est même pas passé par la case CFA. La plupart du temps, si t’es fort dès le début, les dirigeants te poussent un peu plus que les autres et te font signer rapidement, car il y a de nombreux recruteurs au Camp des Loges. Ils n’attendent pas par peur de se faire voler les joueurs. J’ai connu également Youssouf Sabaly (Bordeaux) avec qui j’ai joué dans toutes les catégories. Mais pour moi, celui qui avait le plus de talent, c’était Abdelrafik Gérard qui est à Lens. Il s’est fait deux fois les croisés coup sur coup, mais techniquement, c’était un joueur à la Ben Arfa. Avec son pied gauche, il était capable de dribbler n’importe qui.

En juin 2013, Paris ne te garde pas et tu te retrouves au chômage. Pas évident de signer pro au PSG…Oui, à ce moment-là, je prends une grosse claque, mais on nous avait prévenus qu’en sortant du PSG, tout n’était pas acquis. Nous, on pensait qu’on aurait tout le monde à nos pieds. Moi, je me suis blessé sérieusement l’avant-dernière saison. Quand je suis revenu en CFA, il y avait du monde, des pros qui descendaient, donc je n’ai joué qu’une quinzaine de matchs et pas en entier, je n’ai donc pas pu me montrer. Quand tu sors du centre sans jouer, il n’y a pas grand monde derrière… C’est compliqué de percer. Quand j’aurais pu espérer signer pro, les Qataris sont arrivés avec leur argent. Je connais pas mal de joueurs qui sont au chômage, qui jouent en CFA ou CFA 2, certains ont arrêté…
Qu’as-tu fait pendant huit mois ? J’ai fait un test en D2 portugaise à Santa Clara, ils m’ont rappelé trop tard. J’avais fait un test à Leicester avec la réserve face aux pros avec Schmeichel, Knockaert… C’était l’année où ils sont montés. J’étais un peu juste physiquement, un peu à la rue même, car je me suis entraîné six mois tout seul. Deux mois après, ils m’ont rappelé, mais j’avais signé en Slovénie, à Celje. Je suis franco-slovène, et mon oncle m’a donné des contacts pour partir là-bas. Je voulais jouer. Je n’ai jamais douté, car je savais que si un club me laissait jouer, j’allais retrouver mon niveau. Et puis, je n’avais pas d’autre idée en tête, le foot, c’était ce que je voulais faire.
Tu débarques à l’Union Saint-Gilloise, à Bruxelles, en D3 belge…Je me suis posé des questions, car je ne savais pas trop ce que valait la D3, mais j’ai accepté car je n’avais rien. À la fin de l’entraînement, ils m’ont fait signer directement. Il y avait beaucoup de joueurs dans l’effectif, trente et un je crois, donc j’ai dû me plier à leurs attentes. Au début, c’était très dur, je gagnais 900 euros par mois avec les primes de match. Mon salaire passait dans l’appartement et la nourriture. J’avais quelques économies, mais tout ce que j’avais mis de côté, j’ai dû l’utiliser. Heureusement que j’ai débarqué à Bruxelles où ça parle français, car je me suis fait rapidement pas mal de potes. Ce sont mes plus belles années dans le monde du foot. Après, j’ai réussi à sortir du trou, car mon salaire augmentait tous les sept matchs. On m’avait prévenu que c’était un club historique avec beaucoup de visibilité. À partir ce de moment-là, il n’y avait pas de problèmes pour faire des sacrifices et progresser, c’était l’idéal. Dès la première année, des clubs étaient attentifs à mes performances, et le fait qu’on monte en D2 a attiré encore plus de regards. Je me souviendrai toujours de l’Union, car ce club m’a beaucoup apporté. La Belgique est un bon tremplin pour les jeunes qui sortent des centres de formation français et qui ne trouvent pas de club.

Tu as pris du galon cet été en signant en D1. Pourquoi avoir choisi Ostende ?C’est un club avec un gros projet. Ils me suivaient depuis deux saisons et ça s’est fait rapidement. À partir du moment où j’ai commencé à évoluer contre des équipes de D1 lors des play-offs l’an passé, ils ont été convaincus. C’était la bonne décision. J’aurai ma chance un jour ou l’autre.

Il y a un président à part aussi avec Marc Coucke, qui est l’un des hommes les plus riches de Belgique, mais qui n’hésite pas à chanter avec des artistes flamands. Comment est-il avec ses joueurs ?Je ne pense pas que Marc Coucke ait entendu une fois mon nom avant que je signe, mais j’ai déjà eu l’occasion de le voir à l’œuvre après les matchs dans les coins VIP à chanter et à danser. On a discuté un peu quand je suis arrivé au club. C’est quelqu’un de joyeux, atypique, très proche de ses joueurs et il aime vraiment beaucoup son club. Le projet est très solide. Tout le monde ne m’en a dit que du positif. Ils ont quand même fini dans le top 4 l’an passé, c’est quelque chose de grand pour un club comme Ostende. Sur le long terme, ils vont encore progresser.

Quels joueurs t’ont impressionné dans l’effectif ?Il y a des joueurs comme David Rozehnal qui est passé par le PSG et que je regardais à la télé à l’époque. Jouer avec lui, ça fait bizarre. Il y a aussi Nicolas Lombaerts qui a fait une grosse carrière en passant par le Zénith et qui a été sélectionné chez les Diables. Et puis, on a plusieurs Français. Franck Berrier, William Dutoit, Kevin Vandendriessche qui jouait en CFA en France et qui a grimpé les échelons à Mouscron. Un peu comme moi. C’est intéressant de voir tous ces parcours.
Comment allez-vous jouer contre l’OM ? On sait jouer au ballon, mais contre Marseille, on va évoluer en contre avec un bloc bas. Ça va être dur, mais j’aimerais qu’on fasse un 0-0 au Vélodrome et un petit 1-0 au retour chez nous, ce serait pas mal.

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Propos recueillis par Jacques Besnard

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