- Ligue 1
- J32
- Lille-PSG (5-1)
Nicolas Pépé, un tampon pour l’avenir
Buteur et double passeur décisif face au PSG dimanche soir, Nicolas Pépé est venu s'offrir un feu d'artifice avant de quitter le Nord en fin de saison. Désormais, l'heure du choix arrive.
Ce mec le répète depuis des mois : il sait d’où il vient, où il va et comment il y va. Dès la fin du mois de septembre, quelques semaines après avoir refusé de rejoindre l’Olympique lyonnais et choisi de rester à Lille, Nicolas Pépé avait prévenu lors d’un entretien donné à L’Équipe : « Je n’ai pas terminé ce que j’ai à faire ici. J’ai un plan de carrière bien défini. » Sept mois plus tard, tout le monde savait. Tout le monde savait que le LOSC, dauphin qui nageait à vingt points du PSG au coup d’envoi, jouerait sa chance. Parce que c’était un soir de « fête » , parce que c’était une nuit pour valider une saison plus que positive et parce que c’était, aussi, un match pour lui. Alors, dimanche soir, Pépé, avec son pas affûté et félin, est arrivé sur les planches de Pierre-Mauroy et a transformé la fin de week-end de son club en un film fantastique dont il s’est approprié le rôle du super-héros. Comment ? En grand : avec le regard déterminé du tigre incapable de tolérer la défaite, en excellant entre les lignes, en étant à l’origine de l’ouverture du score des siens, en doublant la mise et en offrant deux passes décisives à Gabriel et José Fonte. Ce qui vient dessiner autre chose : on attendait Nicolas Pépé sur un tel film et il a brillé, symbolisant l’insouciance d’un LOSC joueur et brillant vainqueur du PSG (5-1).
Le joueur sourire
Une certitude ce soir : demain, l’Ivoirien fera ses valises. Son président Gérard Lopez l’a confirmé dans la matinée au micro de Téléfoot, avouant que son joueur « entre dans une fourchette de prix » que le LOSC ne peut plus assumer, et tout ça n’est que l’issue logique à la saison délirante d’un type débarqué dans le monde pro à dix-huit ans et en qui tout le monde n’a pas toujours cru. La faute à des difficultés à rentrer dans les moules du circuit, à se plier à la rigueur et à l’autorité, avant que le directeur du centre de formation d’Angers, Abdel Bouhazama, ne le prenne entre quatre yeux et lui inculque les règles du « monde du travail » . Aujourd’hui, Nicolas Pépé a 23 ans, s’est fabriqué ses propres limites, joue avec elles et brille surtout par sa liberté de création. C’est ce qu’il a de nouveau montré face au PSG, réduit à dix et amputé de nombreux blessés, dimanche soir, où il ne s’est pas bridé, où il a fait danser Bernat puis Dagba, où il a de nouveau réussi à construire son circuit préférentiel (appuis sur Ikoné, appel enchaîné) et où il a continué à avancer avec un sourire communicatif. Pépé, c’est avant tout la joie sur un terrain, la lucidité dans le dernier geste, mais aussi l’effort : il fallait le voir se placer à l’intérieur du jeu pour bloquer les communications parisiennes.
Avant de partir, on se dit qu’il avait besoin d’un match comme ça, histoire de prouver qu’il peut déplacer des montagnes par son talent et qu’il peut réussir lorsque le niveau s’élève à une telle hauteur. C’est un coup d’un soir, on se dit qu’il y en aura d’autres, ce que Christophe Galtier confirmait avant la rencontre, l’entraîneur nordiste n’hésitant d’ailleurs pas à faire un appel du pied appuyé aux dirigeants parisiens. Lui y pense, mais pas encore tout à fait : lorsqu’il prend la parole, Pépé parle avant tout de « consolider » la place de dauphin du LOSC et de « faire mieux » . C’était son objectif du début de saison et il l’a explosé avec dix-neuf buts toutes compétitions confondues et douze passes décisives. Il lui reste désormais à faire un choix, qui pourrait être le PSG, le Bayern Munich, Manchester United ou n’importe qui, car il se murmure que ce joueur n’a pas besoin « d’étape intermédiaire » . Le dimanche soir qu’il vient de livrer est déjà un beau tampon, apprécié par Galtier : « Nicolas a préparé un peu différemment cette rencontre. Je l’ai vu se mettre très rapidement dans sa bulle. Je lui fait un clin d’œil ici, parce que j’aimerais que ça soit toujours comme ça. » Un tampon qui vient s’afficher au bout d’une saison grandiose, qui méritait bien un tel feu d’artifice.
Par Maxime Brigand