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Pallois et l’ordre
Il a fait le match de sa vie à 34 berges, terminé le nez cassé et éteint l'armada niçoise pour inscrire une superbe ligne à son palmarès en ramenant un trophée inespéré dans sa ville d'adoption : l'unique Nicolas Pallois était en mission, ce samedi soir devant la France du foot.
Il y a eu la découverte du stade de France, cet avant-match toujours spécial, ces 90 minutes de bison, l’explosion sur le but de Ludovic Blas, la fin de rencontre avec une cloison nasale en vrac, la libération à 22h53 et l’apogée d’une carrière, breloque autour du cou en communion avec le peuple jaune et vert. Mais l’image que Nicolas Pallois conservera le plus dans son petit cœur d’artichaut, c’est peut-être cette enceinte dionysienne aux deux tiers nantaise chantant avec émotion à la gloire de son pote Emiliano Sala (à la traditionnelle neuvième minute, mais surtout de nouveau quelques instants après le coup de sifflet final), trois ans et demi après ce que tout le monde sait. C’est sans doute aussi pour lui, intérieurement, que le stoppeur nantais s’était levé ce samedi matin avec la ferme intention de faire de Kasper Dolberg son dîner et de rendre un peu de ses lettres de noblesse à un Football Club de Nantes depuis trop longtemps sous Xanax.
L’image de la soirée d’hier, c’est aussi Nicolas Pallois, homme du match, patron de cette équipe nantaise, qui rend hommage, seul face au mur jaune, à Emiliano Sala. #OGCNFCN #FCNantes pic.twitter.com/bZ1NYufnFY
— Alexis Vergereau (@Alexis_Vrg) May 8, 2022
Douze ans après Quevilly
Révélé par la première épopée de l’US Quevilly en Coupe de France (Pacy-sur-Eure, Angers, Rennes, Boulogne-sur-Mer avant une défaite contre le PSG en quarts) à une époque où quelques cheveux amortissaient encore l’impact de ses coups de casque (2009-2010), le défenseur aura attendu douze ans pour boucler la boucle et soulever ce trophée avec une autre équipe jaune dont il est rapidement devenu le brigadier-chef après son arrivée en 2017. L’ancien Bordelais aura 35 ans dans quatre mois et sait désormais que quand viendra l’heure de partir (de Nantes, et de ce football pro dont il n’est jamais vraiment entré dans le moule), il le fera l’esprit tranquille. Quand les enfants de la génération 2020 – et les suivants – désireux d’en apprendre davantage sur l’histoire de France demanderont ce qu’était Nicolas Pallois, il suffira de leur montrer les 90 minutes réalisées par le buffle d’Elbeuf ce 8 mai à Saint-Denis.
Dans les travées du stade ou à Nantes sur le cours Saint-Pierre et la place du Bouffay, on a rapidement compris que le numéro 4, short relevé comme à son habitude, mais aussi strapé sur la cuisse gauche, était dans un de ces soirs où il vaut mieux ne pas être attaquant adverse. Jaillissant dans les pieds azuréens et coupant les offensives des Aiglons avec une sérénité folle, le central nantais a fait son show et semblait intouchable, comme s’il avait attendu toute sa carrière de prendre la lumière du Stade de France. Surtout que son compère Andrei Girotto – auteur d’un sauvetage sur sa ligne, à la 71e – s’est aussi mis au diapason. Comme si le tableau n’était pas assez homérique, son coéquipier maladroit Samuel Moutoussamy lui a cassé le nez en fin de partie sur un coup de coude malheureux, rajoutant du légendaire à cette soirée historique. « C’est magnifique, ça fait vingt ans que les supporters attendent ça, je pense que tout le monde a pris du plaisir, a lâché après le match le meilleur Canari de la partie, avec Randal Kolo Muani. Même sur le terrain, il y a une super ambiance. » Dix-huit ans après la panenka ratée en finale de Coupe de la Ligue contre Sochaux, Nantes tient sa revanche. Et c’est toute la famille Landreau qui peut remercier Nicolas Pallois.
????? mon fils me parle que de toi depuis cette finale ! Prestation incroyable…
— Mickaël Landreau (@mickalandreau) May 8, 2022
Nantes, chez lui à Saint-Denis
Par Jérémie Baron, au Stade de France