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Nicolas Dupuis : « C’est historique pour Madagascar »
Madagascar ne s’était jamais qualifié pour une phase finale de Coupe d’Afrique des nations. Le succès obtenu mardi 16 octobre à Vontovorona face à la Guinée équatoriale (1-0) a permis aux insulaires d'être les premiers à décrocher leur ticket pour la prochaine édition au Cameroun (15 juin-13 juillet 2019). Nicolas Dupuis, le sélectionneur français des Baréa, a trouvé le temps, entre deux réceptions et une petite bringue improvisée, de revenir sur cet exploit.
C’est une performance assez significative de se qualifier au bout de seulement quatre journées…C’est historique ! On vit un très grand moment. Madagascar ne s’était jamais qualifié pour une CAN, et là, on y parvient à deux journées de la fin des éliminatoires. Peut-être même qu’on jouera une finale, en mars 2019 au Sénégal, qui nous est bien supérieur ! Bon, aujourd’hui, la première place du groupe, c’est un peu anecdotique. L’essentiel, c’est d’être qualifié. On est d’ailleurs la première équipe à avoir obtenu notre billet pour la phase finale.
Mardi, face à la Guinée équatoriale, votre équipe a confirmé le succès obtenu trois jours plus tôt à Bata (1-0)…Autant cela avait été très compliqué à Bata, autant la victoire de mardi est complètement logique. Ce match, on aurait pu le gagner 3-0. Les joueurs ont été sérieux, rigoureux, concentrés. Ils connaissaient l’enjeu, il y avait une attente du public, une certaine pression, et ils ont très bien géré la situation. Franchement, je suis heureux, car ce n’était pas gagné. Nous étions dans un groupe assez difficile. Le Sénégal est au-dessus, mais le Soudan, la Guinée équatoriale, ce n’est pas facile à jouer.
Avez-vous fêté dignement la qualification ? Il paraît que la Fédération malgache n’a rien organisé, et que les joueurs n’ont pas touché leurs primes…La situation est complexe, car il y aura des élections normalement au mois de novembre. Les joueurs sont partis fêter la qualification mardi soir à Antananarivo. Certains ont dû aller en boîte, ils avaient des petites mines mercredi matin. (Rires.)
Moi, je suis allé boire quelques verres avec des amis. On a des réceptions prévues, et mercredi après-midi, nous sommes attendus place de l’Hôtel de Ville pour communier avec nos supporters. Les Malgaches adorent le foot, il devrait y avoir une belle ambiance. Je ne sais pas trop si notre qualification a été fêtée hier dans le pays. Je suppose que oui… mais comme le match ne se jouait pas au stade Mahamasina à Tana (le stade est suspendu après les incidents ayant entraîné la mort d’une personne, le 8 septembre dernier avant le match face au Sénégal, N.D.L.R.), mais à Vontovorona, à près d’une heure de la capitale, je ne sais pas trop ce qui s’est passé.
Comment expliquez-vous cette progression significative d’une sélection longtemps très effacée sur la scène internationale ?
Quand j’ai été nommé, j’ai dit qu’il fallait que la sélection joue des matchs amicaux, qu’elle fasse des stages. Ce n’est pas en disputant trois ou quatre rencontres par an qu’on avance. Ahmad Ahmad, qui était alors président de la Fédération malgache, m’a fait confiance. Depuis, on utilise toutes les dates FIFA pour jouer des matchs amicaux. J’ai aussi fait adhérer les joueurs au projet. Il y a pas mal de binationaux qui ont accepté de participer à l’aventure : Romain Métanire (Reims), William Gros (Vitré), Thomas Fontaine (Clermont Foot), Marco Ilaimaharitra (Charleroi), Jérôme Mombris et Fabien Boyer (Grenoble), Dimitri Calouin (Les Herbiers), Zotsara Randriambololona (Antwerp), Rayan Raveloson (Troyes), etc. Ils sont investis à fond dans le projet, ils y croient ! Ils sont réceptifs à mon discours. On vit quelque chose de fort !
Visez-vous d’autres binationaux ? On a plusieurs fois évoqué le cas de Ronny Rodelin (Guingamp)…
J’ai cru comprendre qu’il ne voulait pas venir. Mais en revanche, oui, j’espère convaincre Ludovic Ajorque (Strasbourg) et Zacharie Boucher (Angers). J’ai déjà eu un contact avec Boucher. Et je dois rencontrer prochainement Ajorque. Je pense qu’on peut aller à la CAN avec une bonne équipe.
Madagascar doit aussi sa qualification à ses cadres, dont Andriatsima, Nomenjanahary, Voavy ou Andriamatsinoro…Bien sûr. Ceux qui sont nés à Madagascar et qui jouent à l’étranger. Il y a aussi Anicet Abel (Ludogorets Razgrad), qui était absent face à la Guinée équatoriale. Un mec comme Faneva Andriatsima joue à fond son rôle de capitaine. C’est un cadre, un exemple, il fait preuve d’un gros investissement, sur et en dehors du terrain. Il a marqué en Guinée équatoriale, il avait inscrit un doublé au Soudan… Il se passe quelque chose avec cette équipe. Je mise bien sûr davantage sur les expatriés, mais à chaque fois, je convoque quelques locaux, car il y a de bons footballeurs à Madagascar. On continue d’avancer. On bosse, on a des ambitions…
Propos recueillis par Alexis Billebault