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Nicolas Bay : « Je ne crois pas que les fans du PSG continueront d’apprécier un football sans identité »
Interrogé sur les soucis diplomatiques du Qatar en début de semaine, le Secrétaire général du Front national jetait un pavé dans la mare en proposant de nationaliser le PSG. Une position surprenante sur laquelle Nicolas Bay revient entre deux réunions de campagne.
Vouloir nationaliser le PSG, vraiment ? Le problème ce n’est pas le PSG, mais le Qatar qui est un État islamiste et qui a aujourd’hui pignon sur rue dans notre pays. La France ne doit pas devenir la colonie financière du Qatar, ni d’aucune autre nation, a fortiori quand ces dernières sont suspectées d’entretenir des liens étroits avec les mouvements islamistes mondiaux qui se rendent coupables de terribles crimes en Irak et en Syrie, mais pas seulement.
Cette réponse, elle était préparée ou vous avez été surpris par la question du journaliste ? On vous voit sourire en répondant, pourquoi ?Sur France Info, on m’interrogeait sur le moyen technique de retirer au Qatar le contrôle du PSG. Dans l’immédiat, le seul moyen serait une nationalisation, mais ce n’est pas ce que je préconise. Il faut faire une entrée progressive de nouveaux capitaux. Mais l’important, et c’est tout l’enjeu de cette proposition qui peut sembler à première vue incongrue, c’est qu’un moratoire relatif à la vente de biens patrimoniaux, de monuments historiques, d’œuvres mobilières, et d’intérêts stratégiques français soit mis en place. Idéalement, il faudrait rendre certains biens inaliénables à des États étrangers.
Mais est-ce vraiment aux hommes politiques de se préoccuper de ces sujets-là ? S’en prendre à un club de sport parce que le pays qui en est propriétaire est peu fréquentable, c’est une réelle solution selon vous ?S’agissant du football, il faut redonner une identité française à nos clubs en interdisant à un club de sport professionnel d’avoir son capital détenu à plus de 49,9 % par un investisseur étranger comme en Allemagne, pays où l’économie du football est plus saine. Je souhaite également que les clubs soient obligés d’inscrire 70% de joueurs de nationalité française dans les effectifs déclarés en début de saison et 30% de joueurs formés au club. Il faut mettre fin à la concurrence déréglementée qui règne sur le football mondial professionnel aujourd’hui. Une concurrence qui, depuis l’arrêt Bosman et les accords de Cotonou, profite à un faible nombre de clubs dans un nombre de pays très restreint.
Comprenez-vous que les fans du club, eux, se fichent pas mal que le Qatar ne soit pas un pays irréprochable tant que leur club gagne et que les résultats sportifs et le spectacle sont au rendez-vous, comme c’est le cas depuis l’arrivée des Qataris au PSG ?Je ne crois pas que les fans du PSG ou du football en général continueront longtemps d’apprécier un football sans identité, dont la concurrence n’est basée que sur l’argent roi.
La nationalisation du football français comme réponse à certains de ses maux, ça paraît tout de même difficilement crédible…Cette volonté de renationaliser notre football, elle doit s’accompagner d’un aménagement du cadre légal et fiscal des clubs sportifs professionnels, pour permettre aux clubs français de retrouver une économie saine et durable, ainsi qu’un accroissement de leur compétitivité économique et sportive. Nous défendons également la mise en place d’un protectionnisme pour nos clubs professionnels, avec par exemple une majoration de la TVA sur les produits dérivés des clubs étrangers et équipes nationales étrangères et en minorant la TVA sur les produits dérivés des clubs français et des équipes nationales françaises, avec une obligation de fabriquer ces produits dérivés sur le territoire français. De plus, les quotas par nationalité permettraient aux jeunes Français de jouer plus facilement dans les clubs de haut niveau, ce qui profiterait à notre équipe nationale. Le PSG comme les autres clubs professionnels français ainsi que notre équipe nationale, ont un bel avenir possible en restant français.
Propos recueillis par Alexandre Doskov