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Nice-Marseille : mon supporter, ma bataille !

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes
Nice-Marseille : mon supporter, ma bataille !

Les graves incidents qui ont entraîné la très longue interruption du match entre l’OGCN et l’OM, puis le forfait des Phocéens, sont d’une certaine façon exceptionnels. Ils surviennent après un coup de semonce à Montpellier. Non, le retour des supporters dans les stades après un si long silence des tribunes ne se résumera pas à une ode à la joie pour les commentateurs de Canal ou d’Amazon. Ni le contexte ni l’état du foot français ne pouvaient le laisser espérer.

D’abord, l’enchaînement des faits. Excédé puis touché par un jet de bouteille, ce degré zéro du supporterisme, Dimitri Payet, qui s’apprêtait à tirer un corner devant la tribune sud nissart, a renvoyé d’une rage compréhensible l’objet du délit. Il s’en est suivi cohue, envahissement du terrain, des Marseillais qui font front, des coups de part et d’autre, des joueurs agressés physiquement (l’OM a diffusé les photos des marques sur le corps des victimes de son côté). La rencontre a été stoppée. Tout a continué dans les couloirs. Puis, après moult négociations, le club phocéen, on peut le comprendre, a décidé de ne pas revenir sur la pelouse, quitte à perdre définitivement 3-0 sur tapis vert.

L’image, digne d’Ingmar Bergman, de ce ballon abandonné, solitaire, au pied du poteau, donna en quelques secondes le vertige devant les événements auxquels nous assistions pour la plupart sur notre canapé. En conférence de presse, Jean-Pierre Rivère, le président du Gym, a tenté de renvoyer la faute première sur les visiteurs, de dédouaner ses ultras, et de proposer une vision plus équilibrée des débordements, affirmant que certains des Niçois avaient été attaqués par la sécurité de l’OM. Les jours qui vont venir permettront de tricoter une chronologie plus fine de la bagarre et des responsabilités de chacun. La LFP a de longues heures de visionnage devant elle. Toutefois, l’essentiel de cette soirée exceptionnelle, à tous les sens du terme, se situe ailleurs.

Le foot hors norme

Depuis la reprise la Ligue 1, les commentateurs et les divers acteurs du foot français s’ébahissent devant les gradins remplis, la billetterie de retour, les chants qui descendent vers le rectangle vert ou les tifos qui recouvrent les virages. On fermait même les yeux sur les fumis et quelques outrances de langage. Notre championnat y retrouvait des couleurs, de la valeur, des revenus. L’accueil réservé à Messi par les fans parisiens semblait accompagner ce cercle vertueux. Seulement comment ignorer le contexte hors norme qui berce cette saison 2021-2022. Une si longue cure et absence laisse des traces. Et aucun des problèmes préexistants n’avait d’ailleurs disparu, tels les jets d’objets sur le terrain, un phénomène qui était minoré au regard de l’obsession pour la pyrotechnie. La rivalité entre Nice et Marseille n’est pas née hier soir non plus. La saison va être longue, et par exemple, on n’ose imaginer l’état d’esprit des ultras marseillais, si l’OM abandonne finalement trois points. Enfin, dans un pays où les familles se divisent autour du pass sanitaire ou des vaccins, où la société expose ses nerfs à vif, l’exutoire du stade semble un processus quasi inévitable. Le président Rivère n’avait probablement pas si tort que cela pour le coup, sur cette dimension, lorsqu’il affirma qu’il était d’abord question « d’ordre public » au sujet de la reprise de la rencontre.

Le foot n’est pas un sport

Naturellement, les analyses instantanées se sont accumulées pour pleurer « le foot qui a perdu » , ou se lamenter sur le traditionnel « ce n’est pas du sport » . Justement, le foot n’est pas un sport, c’est bien pour cela qu’il possède un tel poids dans la vie sociale, culturelle et pour tout avouer économique de l’Hexagone (et au-delà naturellement). Les incidents à l’Allianz Riviera en relèvent aussi malheureusement. Vouloir séparer le bon grain de l’ivraie va s’avérer un peu plus complexe que beaucoup ne le pensent. Les condamnations unanimes, auxquelles on peut souscrire sans risques, n’effleurent que le ressenti du moment. Bien sûr, il faut des sanctions pour les fautifs, c’est la raison d’être de la loi républicaine au passage (et la législation sur les supporters reste plutôt étoffée et dure). De ce point de vue, le foot n’a pas à s’y dérober. De même, la LFP doit savoir qui sanctionner, et vite. Toutefois, les excès de la passion des supporters ne gâchent pas la fête. Ils y participent, tristement. Dimitri Payet n’est pas le dernier à jouer de ce registre, comme lorsqu’il triomphe en fier à bras après une victoire dans un Parc des Princes vide. Cela n’excuse pas la bouteille qu’il a reçue ni toute autre forme de violence. Mais on ne réglera pas les problèmes apparus durant cette funeste soirée en se disant simplement qu’il faut interdire à vie de stade les quelques imbéciles qui ont du mal à recycler le plastique. Le foot nous a exposé bien plus hier qu’une simple affaire de famille.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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