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Nice : le spleen de Lucien Favre
Le très mauvais début d'année de Nice, battu par Le Puy, pensionnaire de National, ce week-end en Coupe de France, a fragilisé Lucien Favre. Le deuxième mariage entre le Gym et l'entraîneur suisse ressemble déjà à un échec.
Un visage peut raconter beaucoup de choses, et celui de Lucien Favre, ces derniers jours, laisse deviner la détresse d’un entraîneur fragilisé par un début d’année catastrophique. Il y avait eu la défaite à Rennes (2-1), lundi dernier, dans une rencontre où le Gym n’aura rien proposé, mais les Aiglons ont touché le fond ce week-end en quittant la Coupe de France dès les 32es de finale après un revers face au Puy (1-0), relégable en National. « C’est une grosse déception. Une grosse, grosse déception, se lamentait le Suisse ce samedi soir. Les joueurs sont aussi énormément déçus, c’est très gros pour tout le monde. J’ai travaillé comme un fou sur ce match, car on ne connaissait pas l’adversaire, et on est éliminés. C’est très, très dur à accepter. » Ce n’est même pas un accident, c’est le résumé d’une saison moribonde pour les Niçois, et la confirmation que le retour de Favre sur la Côte d’Azur ressemble de plus en plus à un échec cuisant.
❌ Battu par @lepuyfoot, l’#OGCNice quitte la Coupe de France.#LPF43OGCN #CoupeDeFrance pic.twitter.com/gDuTGaEwvd
— OGC Nice (@ogcnice) January 7, 2023
Tâtonnements et ronflements
Les bons souvenirs du premier passage du coach de 65 ans laissaient espérer la réapparition du plaisir et des ambitions de jeu à l’OGCN après une saison convenable sous Christophe Galtier, mais peu emballante au niveau du contenu des matchs. Six mois plus tard, le constat est implacable : Nice ne régale pas, ennuie même, et le technicien peine à donner un style à son équipe, à force de jongler entre les systèmes et les hommes. Un coup à trois derrière, un autre à quatre, et une ribambelle de prestations collectives sans consistance. Au-delà du tableau d’affichage à Rennes la semaine dernière, il y avait un écart immense entre les certitudes de l’équipe bretonne qui en est une et les tâtonnements d’une formation azuréenne qui ressemble davantage à une somme d’individualités. « Je n’aime pas jouer comme ça, je préfère qu’on soit le plus haut possible, soufflait Favre face à la presse au Roazhon Park. On n’a pas réussi à récupérer haut, on a essayé plusieurs systèmes pendant le match, et c’était très difficile parce qu’ils allaient beaucoup plus vite. » Voilà peut-être le problème à Nice : tout est lent, même après un mercato estival pendant lequel le club d’INEOS a claqué près de 70 millions d’euros pour se renforcer (pour environ 30 millions d’euros de vente), sans compter les efforts salariaux pour attirer des joueurs comme Kasper Schmeichel ou Gaëtan Laborde.
La deuxième page Favre bientôt tournée ?
Seul rayon de soleil dans un ciel gris : l’assurance de jouer un huitième de finale de Ligue Europa Conférence en mars, alors que le Gym, 11e en championnat, compte déjà douze points de retard sur la cinquième place et quinze sur le podium. Favre, lui, a rapidement paru déconnecté, voire désintéressé, multipliant les petites boulettes, volontaires ou non, comme lorsqu’il était resté évasif sur le poste de Ross Barkley ou qu’il semblait découvrir l’âge de Laborde durant sa présentation, comme pour faire comprendre son désaccord avec le recrutement. Il traîne maintenant son spleen en conférence de presse et semble démuni, sans solutions pour rétablir la situation. À Rennes, il s’est agacé de la question d’une journaliste sur la possible revue à la baisse des ambitions niçoises pour la saison en cours : « Mais je ne sais pas, qui fixe l’objectif européen ? C’est vous ? Ce n’est pas moi en tout cas. Je l’ai dit, l’objectif est de construire une équipe prête pour lutter pour le titre et pour les places en Ligue des champions dans deux ans. Là, il y a quand même du travail. » Le Suisse, qui a dû gérer le retour tardif d’Aaron Ramsey après le Mondial et doit maintenant composer avec les envies de départ d’Andy Delort, ne devrait plus être là dans dix-huit mois pour voir si la mission est accomplie.
Favre avait déjà failli prendre la porte au début de l’automne, avant de gagner du temps jusqu’à la coupure liée à la Coupe du monde en enchaînant huit matchs sans défaite toutes compétitions confondues. La bonne série a pris fin en Bretagne, et Nice, 17e attaque de Ligue 1 à égalité avec Auxerre et Angers, semble plus que jamais inoffensif. La restructuration du club, avec l’arrivée de Florent Ghisolfi au poste de directeur sportif et la prochaine de Jean-Claude Blanc à INEOS, ne va pas aider Favre à s’inscrire dans la durée. En décembre, l’entraîneur a vu l’ancien Lensois renforcer son staff, en donnant une promotion à Didier Digard et en recrutant Ghislain Dubois et Sébastien Sangnier pour améliorer le domaine de la préparation physique. En quelques mois, les hommes ont changé au Gym, et le second mariage avec Favre pourrait déboucher sur un divorce plus tôt que prévu. L’élimination précoce en Coupe de France pourrait précipiter les choses, et le technicien aura besoin de victoires pour tenir jusqu’à l’été. Selon nos informations, Nice travaille déjà pour trouver son successeur pour 2023-2024 et étudierait la piste menant à Régis Le Bris, actuellement à Lorient et avec lequel des premiers contacts auraient été établis, sans que rien ne soit encore concret. Le futur attendra, le présent doit être consacré au redressement d’une équipe qui doit faire mieux pour que le visage de Lucien Favre puisse de nouveau raconter de belles choses.
Par Clément Gavard