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Nice, le risque assumé
Bousculé face à un bon Guingamp dimanche dernier, l’OGC Nice a pourtant retrouvé le chemin du succès en Ligue 1 et se déplace samedi à Monaco dans la peau d’un co-leader. La raison ? Un équilibre retrouvé, un entraîneur sûr de son style et surtout un amour de la relance propre, quitte à se faire peur.
Qu’est-ce que le style ? Vaste question pour un terme qui veut tout et rien dire dans le football moderne. Tout simplement, car il est souvent mal utilisé. Finalement, c’est certainement Marcelo Gallardo, installé sur le banc de River Plate depuis juin 2014, qui l’a parfaitement résumé récemment : « Le style, c’est ce que les yeux voient. Qu’on joue bien ou mal, il y a toujours un style. Ce qui se passe après, c’est subjectif, tous les goûts sont différents. Ce qui compte, c’est que mes joueurs pratiquent un football tel que je le sens et je le pense. Si je suis raccord avec ce que produit mon équipe sur le terrain, ça me va. » Voilà, le style d’un entraîneur est sa sensibilité et ses convictions, avant tout. Et c’est ce qui explique pourquoi, face à la presse au milieu de l’après-midi du 29 janvier dernier, quelques minutes après le premier succès en Ligue 1 de l’OGC Nice depuis plus d’un mois, qui lui a permis de reprendre provisoirement la tête du championnat en attendant le choc PSG-Monaco du soir, Lucien Favre n’est pas en colère. L’entraîneur suisse parle alors d’un « match pénible, très dur » face à des Guingampais bien organisés où « il aurait fallu aller vite et transmettre plus de balles devant et dans les espaces » et où les Aiglons n’étaient « pas dans un jour exceptionnel au niveau de la relance » . Favre est comme ça : il n’aime pas les poncifs – merci – et ne pointe que rarement individuellement un membre de son système. Ce qu’il évoque, pourtant, ce sont ces phases de jeu où, « sous pression » , son groupe a manqué de « possibilités de jeu long » . Peut-être le point qui a le plus alerté le week-end dernier à l’Allianz Riviera lors du succès niçois. Pourquoi tant de risques dans la relance et pourquoi ce refus constant de balancer ? Par style, simplement.
L’art de la relance
Face à Guingamp dimanche dernier, Nice s’est presque mis en danger tout seul par moments, même s’il ne faut pas retirer le mérite des joueurs de Kombouaré. La réduction du score de Jimmy Briand à l’heure de jeu n’a fait que le prouver. Mais Favre ne veut pas changer, car il veut que son équipe avance comme il le sent : par le jeu, par l’équilibre et une prise de risques assumée dans un 4-3-3 réinstallé avec le retour de Jean Michaël Seri. Le football de Favre est exigeant, mais surtout basé sur un travail de fond énorme, ce n’est plus à prouver. C’est avant tout comme ça que l’OGC Nice avait saccagé l’AS Monaco en septembre dernier (4-0) avec un 3-5-2, tiré par le haut par des latéraux (Ricardo Pereira et Dalbert) qui avaient fait exploser l’organisation de Jardim. C’était il y a un peu plus de quatre mois, les deux équipes ont progressé, avancé, mais les voilà pourtant aujourd’hui à même hauteur à l’heure de se retrouver samedi à Louis-II. On disait les Niçois émoussés par leur début d’année, c’est vrai, mais ils vont emmerder les Monégasques, et l’effectif de Favre a une grosse marge de manœuvre. Le Suisse aime souvent répéter qu’il y a encore « beaucoup de travail » dans sa quête du « mouvement permanent » qu’il a sans aucun doute tiré de son stage effectué à Barcelone aux côtés de Cruyff au début des années 90.
Pourquoi ce groupe a de la marge ? Car il est jeune, déjà, et qu’il est perfectible dans l’animation, ce que la rencontre contre Guingamp a encore prouvé. Au premier rang : la relance, donc. Comme le Barça, Nice se refuse à balancer, ce qui peut se montrer dangereux, mais ce qui exige aussi une grosse maîtrise technique là où le brillant Malang Sarr, dix-huit ans, peut être parfois un peu léger. Après une explosion rapide, il est logique de prendre une violente porte dans la gueule, ce qui arrive au jeune défenseur niçois. Sarr n’est plus un anonyme, c’est une cible scrutée par des poids lourds européens. Alors, cette semaine, Dante a expliqué avoir pris sous son aile la promesse des Aiglons pour lui filer les clés d’un retour en forme. Dans le 3-5-2 que pourrait réinstaller Favre à Monaco, son rôle sera clé, déterminant, afin que la connexion avec le cœur du jeu – sans lequel rien ne serait possible – soit possible. C’est ce qui a manqué à certains moments contre Guingamp, mais aussi depuis plusieurs semaines, la confiance retombant, la technique se faisant moins juste. Monaco est un bel endroit pour confirmer les bons éléments retrouvés lors des dernières partitions. Pour le style et pour la forme, pour l’équilibre sacré et pour les ambitions. L’art de la relance et de la confirmation.
Par Maxime Brigand
Propos de Marcelo Gallardo tirés du SO FOOT n°143.