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Nice, le projet OM plutôt que le projet Dortmund
Alors que l'OM cherche à l'étranger ses différents modèles pour développer son projet, Nice profite comme dans une partie de Risk des territoires locaux abandonnés par les dirigeants olympiens.
Vincent Labrune doit sûrement maudire le jour où il s’est dit que ce serait une bonne idée de parler de « projet Dortmund » pour expliquer sa stratégie à l’Olympique de Marseille. Cela fait plus de deux ans que l’exemple a été rendu public, et depuis, c’est un peu tous les boomerangs de la terre qui lui sont revenus dessus, tant il a été moqué pour cette comparaison. Sur le papier, Labrune a pourtant tenté des paris qui ont fait leurs preuves ailleurs : pour sa deuxième saison, au départ de Deschamps, il a tenté un projet « Milan AC » , en gardant tous les vieux briscards, même s’ils ont de gros salaires, ce qui est plus simple pour finir sur le podium. Ensuite, le « Dortmund » donc, avec des jeunes à fort potentiel que l’on fait jouer ensemble tôt pour espérer créer un collectif inestimable. Échec. Cette année, Vince a tenté un pari façon « Atlético de Madrid » , avec Doyen Sports derrière lui, avec des joueurs libres ou des prêts. Pour l’instant, les résultats ne sont toujours pas au rendez-vous, puisque l’OM est bien calé dans le ventre mou du championnat. Pendant ce temps, il y a une équipe, à deux heures de route, qui lutte pour le podium. Il s’agit de l’OGC Nice et quand on y regarde de plus près, le projet des Aiglons, ce n’est ni plus ni moins que celui de… l’OM il y a quelques années.
Nice a moins d’argent, mais plus d’idées
Attention, cela ne veut pas dire que les Aiglons ont fait construire un stade de 65 000 places ou qu’ils s’appuient sur la passion de leurs supporters pour se définir. Mais en ce qui concerne le recrutement, on retrouve une certaine idée directrice, qui n’est pas sans rappeler les années Pape Diouf à Marseille. Comme le hasard n’existe pas, l’actuel directeur général à Nice n’est autre que Julien Fournier, qui était le second de l’ancien président de l’OM à la Commanderie. Depuis l’arrivée de Claude Puel en 2012, le club n’a vraiment déboursé que pour un joueur, Jérémy Pied, devenu arrière droit après avoir été milieu offensif et être parti en prêt à Guingamp une saison. Pour le reste, on fait confiance à un certain savoir-faire sur le marché des transferts. Lorsqu’il entre à l’OM en 2004, Diouf constate que l’équipe est articulée autour de deux points. Un gardien (Barthez) et un avant-centre de niveau mondial (Drogba), mais rien de bien folichon entre les deux. Un problème, car le premier avec son énorme salaire ne pouvait pas être prolongé, alors que le second allait inévitablement faire l’objet d’une offre d’un plus gros poisson. Du coup, une fois à la tête du club, Diouf s’attelle à recruter des joueurs attachés à Marseille, conscients qu’ils ont tout à gagner à être titulaires dans cette équipe. Nice copie un peu le modèle pour attirer des joueurs libres. Ils savent qu’ils sont soit de passage, soit assurés de devenir titulaires en Ligue 1, ce qui est tout de même pas mal (Bauthéac, Kolodziejczak, Genevois, Bodmer, Ben Arfa, auxquels on peut rajouter Pléa, acheté une bouchée de pain à Lyon). Sur le marché, le club est ouvert à toutes les opportunités, que ce soient des joueurs proposés par des éléments déjà au club (Cvitanich), des prêts émanant d’une filière portugaise (Carlos Eduardo, Wallyson, Ricardo Pereira) ou des paris venus de l’étranger (Hult, Séri). Surtout, en ce qui concerne les départs, on ne s’interdit jamais une vente. Quitte à donner des regrets aux supporters sur le moment, on vend plutôt que de prolonger et augmenter un joueur. Le cycle est prévu lors de la signature du contrat et on fait ses valises quand il faut. L’OGCN a pris ainsi entre 25 et 30 millions d’euros sur les départs de 4 éléments (Ospina, Kolodziejczak, Bauthéac, Amavi).
« On profite du vide laissé par l’OM »
Le petit plus niçois, c’est la formation. Nice profite pleinement de sa situation géographique entre deux gros clubs français, Marseille et Monaco. Avec l’arrivée des Russes à l’ASM, les Aiglons ont pu récupérer sur le discours du temps de jeu et de l’exposition Eysseric, Nampalys Mendy et Germain sans trop bousculer leurs habitudes. Ils vont désormais chercher des cibles bien plus jeunes pour les formerdirectement. Et la formation azuréenne n’a aucun scrupule à chasser sur les terres autrefois réservées à Marseille. « La formation à l’OM, ce n’est clairement pas ça, ce n’est un secret pour personne. Du coup, grâce au vide qu’ils laissent, on peut attirer des joueurs intéressants » , glisse un recruteur niçois qui veut garder l’anonymat. De belles promesses doivent rejoindre Koziello dans la vitrine. En fait, si la formation de Puel, qui compte 5 points d’avance au classement avant la confrontation, finit devant l’OM cette saison, Vincent Labrune, qui ne peut plus compter sur le soutien financier de l’actionnaire principal, finira peut-être par changer son fusil d’épaule en faisant un « projet Nice » à Marseille la saison prochaine…
Par Romain Canuti