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Nice à l’épreuve du Kaya now

Par Alexandre Pauwels
4 minutes
Nice à l’épreuve du Kaya now

L’OGC Nice démarre sa campagne européenne en Belgique, sur la pelouse de Zulte Waregem. Sans nul doute, le principal danger pour les Aiglons portera le numéro 10. Pied délicat, physique Valbuena, carrière alambiquée et franc du collier, on vous présente Onür Kaya.

Le football compte un paquet de joueurs qui n’ont pas eu le parcours que leur talent méritait. À entendre pas mal de monde, Onür Kaya fait partie de ceux-là. À 31 ans bien tassés, le milieu offensif belge d’origine turque n’est jamais allé bien plus loin que sa Jupiler Pro League. Et n’y a pas toujours fait l’unanimité non plus, ne brillant sur la durée qu’à Charleroi et chez l’outsider Zulte, son club actuel. Le point culminant de sa carrière. Étrange quand on mate son pied droit et les délicatesses qu’il fait avec. Excellent passeur doté de la vision périphérique en option, bon frappeur, il a en lui un peu de Mathieu Valbuena, avec qui il partage le nombre de centimètres : 167. Alors comment expliquer ce qui s’apparente à une énième anomalie du ballon rond ? Eh bien plus encore que Petit Vélo, il semblerait que Kaya ait dû faire face à une poisse persistante.

« J’étais trop petit. Comme Dries Mertens. »

Comme l’ancien Olympien, il n’a pas eu sa chance au sein de son club formateur, déjà. Après avoir côtoyé Vincent Kompany ou Anthony Vanden Borre chez les jeunes d’Anderlecht, Kaya est laissé libre à ses 15 ans. Question de… taille. Tiens donc. « J’étais trop petit. Soi-disant. Comme Dries Mertens. Comme Sven Kums. Des bons joueurs, non ? » , lance-t-il dans Sport/Foot Magazine. Sûr. Mais à la différence de ses petits pairs, ce qu’il désigne comme un « manque de respect » s’est répété par la suite dans d’autres mesures. « Baladé par des agents » lors de sa longue expérience aux Pays-Bas à Arnhem, il estime avoir été « ridiculisé » à Lokeren un peu plus tard, où le coach Peter Maes lui a vite signifié qu’il ne comptait pas sur lui. Un coach qui en prend depuis pour son grade dans la presse belge.

C’est un fait, Kaya n’a pas la langue dans sa poche. Le défenseur Mourad Satli, qui l’a fréquenté à Charleroi, se souvient en effet d’un « gros, gros caractère » . Assez gros pour insulter régulièrement ses coéquipiers sur le terrain quand le ballon mettait trop de temps à venir dans ses pieds. Satli refuse cependant d’y voir un trait qui aurait pu lui jouer des tours. « Je pense plutôt qu’il a été freiné de par certaines de ses expériences. Et puis, les clubs recherchent plus des joueurs grands, puissants, rapides. Lui ne rentre pas dans ces critères. Il ne rentre pas vraiment dans les standards du haut niveau, en fait. »

« Le meilleur cadeau du foot ? Draguer des filles »

Comme si le gabarit ne suffisait pas, à sa défaveur encore, Kaya n’a jamais été un intermittent du spectacle ou un monstre statistique non plus. Un tour du monde, un sombrero ? Pour un type qui a pourtant des facilités techniques, « c’est du cirque » . Et comme un bon meneur de jeu qui tiendrait à honorer le numéro 10 floqué dans son dos, « la passe a autant de valeur qu’un but » à ses yeux, comme il le dit à la RTBF. Pour passer, ça oui, il passe. « Roi de l’assist » de l’édition 2015-2016 du Plat Pays avec quinze offrandes, il distribuait encore neuf caviars la saison passée. Devenu maître à jouer de l’Essevee, dans la droite lignée de l’autre talent égaré qu’est Franck Berrier, Kaya s’éclate enfin avec continuité. Peu importe sa position sur la pelouse, sur l’aile gauche, au milieu d’un 4-3-3 ou directement derrière l’attaquant dans un 4-2-3-1, c’est par lui que les ballons transitent, de lui qu’on attend les solutions.

C’est donc cette confiance qui fait aujourd’hui son bonheur. Kaya loue régulièrement l’ambiance familiale à Zulte, la bienveillance du coach Francky Dury et son idée d’un football offensif qui lui va comme un gant. « Il a besoin que le coach le laisse tranquille. Quand il est dans un système où il doit descendre, être au marquage, ça il n’aime pas. Il aime vraiment être libre. C’est quand on le laisse s’exprimer qu’il donne le meilleur de lui » , poursuit Satli. Onür avait donc seulement besoin d’amour. Il en a trop longtemps beaucoup manqué, voilà tout. Heureusement que le foot comporte aussi son lot de récompenses collatérales. « Le meilleur cadeau que m’a offert le foot ? Draguer des filles que je n’aurais pas eues sans ça. Vous dites que vous êtes footballeur et les portes s’ouvrent. C’est malheureux, mais c’est comme ça. Mais c’était quand j’avais 20 ans, maintenant j’en ai 30 et je suis devenu sage » , raconte-t-il à la RTBF. Question de sagesse alors, peut-être.

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