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Nice, à la force de l’arrache

Par Florian Cadu
Nice, à la force de l’arrache

Encore victorieux ce week-end à Dijon (0-1), les Aiglons parviennent tant bien que mal à suivre les ogres monégasque et parisien en tête de la Ligue 1. Sans briller, mais en s’armant de détermination et de patience.

L’heure de jeu est dépassée, et les deux équipes se tiennent tête dans une confrontation équilibrée. Moment choisi par Valentin Eysseric pour envoyer une merveille de passe en direction de Wylan Cyprien, qui fait preuve d’une adresse et d’un sang-froid remarquables. « Wylan Cyprien a marqué un beau but, qui résulte d’un bon appel, d’une bonne course et d’une belle frappe, réagira Lucien Favre en conférence de presse. Le timing était bon. » Mais plus que le but en lui-même, c’est la joie collective l’accompagnant qui est à retenir. Une joie totalement compréhensible, puisque cette ouverture du score représente le seul pion de la partie et permet aux Niçois de rester dans la roue de Paris (égalité de points) et Monaco (trois unités de retard). Une joie sincère et assumée aussi, puisque les Aiglons savent pertinemment que les quinze places d’écart qui les séparent de Dijon ne se sont pas vues lors de cette rencontre.

Nice a gagné, c’est ainsi. Difficilement, en serrant les dents, mais il a gagné. Comme contre Montpellier il y a une semaine. Comme à Lorient il y a quinze jours. « Nous prenons trois points, nous en comptons 62… C’est une victoire bonne à prendre, s’est encore réjoui Favre. Il fallait rester calme, patient. Pour nous, cela a souvent été difficile avant ce match et ce sera le cas jusqu’à la fin de la saison. » Le technicien ne croit pas si bien dire. Car contrairement au début de saison, son équipe n’a que très peu de marge de manœuvre. Désormais attendus par chaque adversaire, ses hommes doivent trouver de nouvelles solutions à des situations qu’ils ne connaissent pas encore. Or, l’effectif loin d’être pléthorique ne peut pas compter sur un Edinson Cavani qui enfile les buts, un Julian Draxler arrivé au mercato, un Gonçalo Guedes qui patiente en tribunes ou un trio Valère Germain-Radamel Falcao-Kylian Mbappé qui s’auto-relaie. Il ne peut même plus s’appuyer sur Alassane Pléa, à l’infirmerie pour un bout de temps, ou sur Mario Balotelli qui n’a trouvé le chemin des filets qu’à trois reprises en plus de quatre mois. Il ne peut pas non plus se targuer d’avoir une énorme expérience au regard de sa jeunesse. Alors, les Aiglons font comme ils peuvent pour continuer un combat auquel la logique voudrait qu’ils ne participent pas. Avec des armes qui s’appellent patience, envie et détermination.

Des 1-0 magnifiques

Forcément, cela se traduit dans les chiffres. Les supporters n’ont plus affaire à la teamcapable de rouler sur l’ASM (4-0 en septembre), de malmener le PSG au Parc des Princes (2-2, début décembre) ou de flanquer huit buts en deux journées d’affilée (4-2 et 4-1 contre Metz et Nantes fin octobre). Depuis mi-décembre, Dante et compagnie n’ont d’ailleurs remporté qu’un seul de leur match par plus d’un but d’écart (3-1 face à Guingamp en janvier). La nouvelle marque de fabrique azuréenne, c’est désormais le succès serré, étriqué, arraché par la force d’une petite occasion mise au fond. Pendant que le voisin de la Principauté explose les statistiques (82 buts inscrits) et se balade avec une différence de +57, pendant que le club de la capitale suit son petit bonhomme de chemin (56 buts et une diff’ de +37), Nice résiste en marquant moins (45 buts) et en se contentant du minimum (diff’ de +24, soit l’équivalent de l’Olympique lyonnais, +23 et quinze points de moins). Paris et Monaco – un degré moindre – galèrent également en Ligue 1 actuellement ? Peut-être, mais ils collent trois-quatre timbales au Barça et à Manchester City la semaine, ou s’amusent durant les matchs couperets des coupes nationales.

La question reste de savoir si les Aiglons peuvent continuer de la sorte lors des dix journées restantes et prolonger leur rôle d’emmerdeurs dans les pattes des riches Monégasques et Parisiens. Impossible à dire. Mais ils peuvent en tout cas compter sur une chose dont leurs concurrents ne disposent pas, ou alors en beaucoup plus petite quantité : le bonheur simple d’être là. « Je crois que nous méritons notre classement. Ce sera difficile jusqu’au bout, mais cette fin de saison ne sera que du bonheur » , lâchait spontanément Eysseric après le dur labeur dijonnais. Tant mieux : le plaisir, ça se transmet.

Dans cet article :
National : La chute des gros, la rébellion des mals-classés
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