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Niang, la déception permanente
Prêté à Watford alors qu’il était titulaire dans le Milan de Vincenzo Montella en début de saison, M'Baye Niang a encore perdu son crédit en l’espace de quelques semaines. Une habitude chez l’attaquant âgé de seulement vingt-deux ans, mais dont la carrière n’arrive pas à véritablement décoller.
On évoquait Marseille, et son Champions Project. On parlait d’Arsenal, dirigé par un Arsène Wenger qui aime bien donner la chance aux jeunes et qui l’avait déjà mis à l’essai il y a quelques années. On entendait West Ham approcher pour compenser le départ de Dimitri Payet. On sous-entendait même que Manchester United était intéressé, via l’œil de José Mourinho. Et puis, M’Baye Niang a finalement signé à… Watford, quatorzième de Premier League, où il est prêté jusqu’à la fin de la saison. Une déception pour ses plus grands admirateurs, un choix logique et raisonnable pour les plus réalistes.
M’Baye Niang joins on loan til the end of the season. #watfordfc have the option on a permanent move in the summer:https://t.co/PTgFJ9ISx6 pic.twitter.com/EHzOuptcBT
— Watford FC (@WatfordFC) 26 janvier 2017
Passer du grand AC Milan au moins médiatisé Watford, cela a en effet tout d’une marche arrière pour celui qui a été transféré chez les Lombards en provenance de Caen en 2012. « Il avait fait un bon début de saison, donc c’est vrai que c’est un peu bizarre de le voir partir maintenant, corrobore Pierre-Alain Frau, qui a joué avec Niang au Stade Malherbe en 2011-2012. Mais découvrir la Premier League, c’est une super expérience à vivre. Ça va le faire évoluer. » Sauf que ce nouveau prêt n’est qu’une répétition de l’histoire pour le gamin de vingt-deux ans seulement. Déjà lâché à Montpellier (en 2014) et au Genoa (en 2015), Niang continue son bonhomme de chemin. Problème : malgré un talent gros comme ça, il ne semble pas progresser. En témoignent les désillusions qui s’enchaînent dans son parcours. Et finalement, la saison 2016-2017 représente pour l’instant très bien la carrière de l’attaquant. Même si elle n’en est qu’à ses débuts, cette dernière pourrait aujourd’hui se diviser en trois périodes distinctes : l’espoir, la révélation, puis la chute.
Un bon feeling avec Montella
Prenons donc l’exemple de cette saison. Quand il débarque cet été sur le banc rossonero, Vincenzo Montella remarque immédiatement les qualités du garçon. « Niang me plaît énormément, et j’ai vraiment hâte de l’entraîner. Je crois qu’il peut faire beaucoup mieux » , dégaine-t-il dès sa présentation officielle. Encouragé par la confiance publique de son nouveau coach, le Franco-Sénégalais se donne lors de la pré-saison. « En toute humilité, je pense être un joueur sur qui le Milan peut s’appuyer pour repartir. Je peux être important dans cette équipe. Je suis prêt à supporter la pression et les responsabilités » , annonce-t-il dans les colonnes de laGazzetta dello sport. Le Milanais commence donc le championnat dans la peau d’un titulaire dont il est plutôt digne, lui qui marque à trois reprises et réalise deux passes décisives en l’espace de sept matchs. Tout va alors pour le mieux dans le meilleur des mondes pour M’Baye, que Montella juge quasiment indispensable début novembre quand il doit se résoudre à son absence lors d’un déplacement à Palerme. ( « Dans l’équipe, nous n’avons pas d’autres joueurs comme lui. » )
Le vide régulier
Et puis badaboum. L’ailier ne travaille plus, ne fait plus la différence durant les matchs et perd tout son crédit. « Je remercie Montella, car il m’a fait grandir et il va continuer à le faire » , s’essaye-t-il face à la presse, tentant de faire bonne figure. Mais sans qu’on sache vraiment pourquoi, une fracture se crée entre les deux hommes, aussi bien sur le plan sportif que sur le plan humain. Depuis le 20 novembre, Niang n’a ainsi démarré que trois parties et est passé du statut de joueur clé à élément inutile dans la tête de son entraîneur. Qui s’est d’ailleurs très bien justifié dernièrement en conférence de presse à propos du départ de son ancien protégé : « Il s’est mis à disposition dès le départ et il a essayé d’évoluer pour mieux gérer son talent. C’est un joueur qui a eu des hauts et des bas et il y a des choses dont il a besoin pour progresser. Nous avons essayé et nous étions arrivés à un point où nous étions ravis des résultats. Le gars l’était aussi.(…)Et puis, il s’est arrêté et je ne prétends pas savoir pourquoi ni pouvoir l’expliquer. Je n’ai pas aimé l’attitude qu’il a montrée quand il est entré contre le Torino et il l’a reconnu. Il a fait plus dans le passé, comme il l’a également admis. »
Éviter un destin à la Zárate
En clair, le monsieur ne travaille pas assez. Comme au début de son parcours professionnel, indique Frau : « On voyait qu’il avait du potentiel, mais était très jeune, donc il était forcément irrégulier. Sur le plan du travail, idem : on le sentait impliqué à l’entraînement par moment, puis totalement absent à d’autres instants. Il manquait de maturité. À Caen, on acceptait ça, on était patient avec les jeunes talents. Après, dans un club comme l’AC Milan, c’est évidemment plus compliqué. » Cette baisse de régime constitue une énième sortie de route pour un joueur capable de se battre pour le maintien avec Montpellier quelques mois après avoir eu la balle de qualification milanaise pour les quarts de finale de Ligue des champions contre Barcelone (une balle qui terminera sur le poteau). Un joueur capable de se mettre en valeur en une quinzaine de rencontres à Gênes (cinq buts et trois passes décisives), puis de tout gâcher l’année d’après en se blessant après avoir provoqué un accident de voiture (le deuxième après celui de Montpellier). Un joueur capable de se faire aimer par les tifosi pour ses aptitudes naturelles sur un terrain, mais également de se faire détester en se filmant en train de plonger dans une piscine à partir d’un toit. Bref, un joueur qui a tout pour réussir sa carrière, mais qui pourrait très bien passer totalement à côté. Et ça, Mauro Zárate, lui aussi transféré à Watford, pourra lui rappeler.
Par Florian Cadu